Les footballeuses plus fair-play que les footballeurs ?
D'abord les faits. Oui, il y a eu moins de fautes commises au premier tour du Mondial féminin en France - 19,8 par match en moyenne - qu'au premier tour du Mondial masculin en Russie, 27 fautes par match en moyenne. Mais, surprise, sur la même période étudiée, les Amandine Henry, Lucy Bronze et autres Marta ont plus taclé qu'Antoine Griezmann, Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo: 27,8 par match contre 21 par match.
L'engagement est là et se ferait donc dans le respect des règles ? Patrice Lair, qui a entraîné dans un passé récent les sections féminines de Lyon et du PSG, voit les choses changer au foot féminin: "On laisse traîner un peu plus les pieds ou quand on va au contact on met un peu plus d'impact, on a tendance à caresser un peu plus les tibias et les chevilles de certaines joueuses. Pour l'instant ça reste encore dans le raisonnable et dans le correct". Et pour l'attitude ? Les yeux rivés sur l'écran dans un bar du centre de Rio de Janeiro, Wellington Dias, qui travaille à son propre compte, ne perd pas une miette d'un match du Mondial féminin, lâchant à l'AFP: "j'adore les voir à la télé, elles ne plongent pas comme Neymar".
"L'arbitre a continué à faire son sale boulot"
Les femmes en rajoutent-elles vraiment moins au moindre coup reçu sur le terrain ? Là aussi, les spécialistes sont mesurés. "Ca commence à venir car avec la qualité technique de haut niveau, la qualité physique qui a augmenté... Donc, après est-ce que c'est du vice, de la tactique...", décryptait ainsi avant le début du tournoi Stéphanie Frappart, arbitre qui officie au Mondial féminin. Patrice Lair se réjouit lui d'une contestation qui n'est pas systématique: "La faute est sifflée, elles ne sont pas en train de pleurer tout le temps, de se plaindre de l'arbitrage".
Évidemment, il y a une exception à toute règle. Les Camerounaises, écoeurées par des décisions arbitrales - après usage de l'assistance vidéo à l'arbitrage - ont menacé, furieuses et en larmes, de ne pas reprendre le match (perdu face à l'Angleterre dimanche, 3-0) avant de s'y résigner. "A un moment donné la plupart d'entre nous ne voulaient même plus jouer, on voulait laisser le match aux Anglaises. Mais comme on jouait pour notre pays, on s'est dit qu'on allait défendre nos couleurs jusqu'à la fin bien que l'arbitre ait continué à faire son sale boulot", a fulminé la Camerounaise Raissa Feudjio. "Qu'on soit un garçon ou une fille, on contestera dans tous les cas parce que la première chose, c'est qu'ils sont compétiteurs", restitue Stéphanie Frappart, qui arbitrera en L1 la saison prochaine.
Reste que pour Jean-Luc Vasseur, nouvel entraîneur de l'OL féminin, "les temps de jeu sont de plus en plus importants chez les filles, supérieurs à ceux des garçons". "Il y a un marché pour ceux (les spectateurs) qui sont parfois déçus des garçons. Le jeu des filles est plus basé sur le jeu que sur les enjeux", ajoute le technicien. "Il y a un temps de jeu effectif très supérieur au temps de jeu effectif des garçons de l'ordre de 10% à 20% de plus", renchérit Jean-Michel Aulas, président du club de Lyon (sections hommes et femmes).
Mais parfois, l'enjeu pèse et les fautes hachent le match comme lors d'un France-Brésil intense en 8e de finale. Le développement du foot féminin peut-il le rapprocher de son pendant masculin au niveau de l'agressivité sur le terrain? "C'est un risque, admet Patrice Lair. Ce qui serait bien, c'est de garder un peu ce côté plus joueur que... bon on ne va pas dire tricheur, mais (parler) de coups qu'on met avec l'expérience. J'espère que les filles vont garder ce jeu tourné plus vers la régularité que vers l'antijeu".
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