Les Pays-Bas viennent à bout du Brésil
Un match se joue parfois à unpetit rien, un instant, un geste, une situation qui fait basculer les choses. Jusquàpratiquement lheure de jeu, précisément jusquà la 53e minute, nulnaurait parié sur une défaite du Brésil qui dominait techniquement les débats,se créaient des occasions franches, sappuyantsur une organisation défensive solide, et un milieu de terrain omniprésent dansla récupération. Rapidement les hommes de Dunga se mettaient en action, grâce àun pressing très haut, et allaient vers lavant en quelques touches de balles,en sappliquant à mettre du rythme. Les Oranje faisaient le dos rond, enaccompagnant leurs gestes défensives dautres gestes, souvent plus répréhensiblessur larbitre japonais Nishimura réagissaient avec cohérence, alors quil y avaitbeaucoup de tension et dengagement. Une première action brésilienne prenait decourt les lignes arrière néerlandaises à la 7e minute, quand Robinho coryaitouvrir le score mais but était refus&, son passeur Dani Alves ayant étésignalé hors-jeu.
Ce nétait que partie remise. A la 10e minute, une ouverture plein axe deFelipe Melo traversait un trou béant dans la défense centrale des Oranje ettrouvait Robinho qui glissait le ballon hors de portée de Maarten Stekelenburg.
Les Pays-Bas répliquaient par une frappe de Dirk Kuyt repoussée par Julio Cesar,mais les attaquants néerlandais, au contraire de leurs homologues brésiliens, manquaientde fluidité face à la défense intraitable des joueurs de Dunga. Le Brésildominait sans coup férir les quarante cinq première minutes totalement maîtrisées.Les quintuples champions du monde appuyaient sur laccélérateur, souvent stoppés dans leurs mouvements par desNéerlandais rugueux nhésitant à user dexpédients illicites et danti-jeu. Lesdaccrochages se multipliaient alors que larbitre, au fur et à mesure que lesminutes ségrenaient, semblait pris de vitesse sans parvenir à être au plusprès des fautes. A la 25e minute, une reprise de Juan trop enlevée sur uncentre de Dani Alves passait au-dessus des cages de Stekelenburg, qui détournaitensuite de sa lucarne une frappe enveloppée de Kaka à la conclusion d'un numérode Robinho dans son couloir gauche.
Les Pays-Bas souffraient et un coup franc de Wesley Sneijder à la 35e capté àmi-hauteur sans problème par Julio Cesar ne suffisait pas à les rassurer. Lafin de première mi-temps résumait la difficulté de l'équation: Arjen Robben, impuissantet esseulé face à quatre défenseurs brésiliens, laissait échapper la balle quise retrouve la minute suivante sous le pied de Maicon, dont la frappe échouaitdans le petit filet néerlandais.
Les artistes brésiliens étaient loin de penser en cette fin de première périodeque les occasions manquées par excès de précipitation, maladresse ou manque delucidité devant le but allaient leur couter cher.
La reprise s'annonçait plus favorable aux Oranje, mieux organisés. Mais ils n'imaginaientsans doute pas que tout allait soudain leur sourire sur une erreur de JulioCesar qui allait totalement relancer lapartie à la fameuse 53e minute. Le gardien de l'Inter Milan manquesa sortie sur un long centre côté droit de Sneijder, que Felipe Melo prolongeaitde la tête au fond des cages.(1-1)
Le match s'équilibrait soudain, les espaces se libéraient même si les duels enmilieu de terrain restaient toujours aussi rudes.
Kaka croyaient pourtant bien débloquer la situation à la 65e minute lorsqu'ilhéritait d'un ballon perdu par la défense adverse, mais son tir passait à côtéde la lucarne.
Et dans les minutes qui suivirent, ce furent les Oranje qui sortaient de plusen plus et prenaient limpact sur la partie. Mentalement plus solides, ilsmettaient le doute parmi les joueurs de la Seleçao. Et ilsallaient séchapper peu après.
Un corner de Robben, prolongéepar Kuyt, trouvait la tête de Sneijder devant un mur bleu impuissant. Léquipebrésilienne qui pensait avoir plié son match en première période, perdait son sang-froid,à limage du capitaine, Felipe Melo, expulsé pour avoir marché sur Robben àterre.
Réduite à dix, elle frôlait pourtant l'égalisation sur un ballon mal repoussésur corner par Stekelenburg, mais les Oranje, maîtres pouf faire déjouer, provocateurs et truqueurs à souhait, laissaientdes Brésiliens erratiques se perdre dans des actions désordonnées. Ils seserraient les coudes et tenaient bonsans faiblir.
Absents du dernier carré d'un Mondial depuis 1998 quand ils avaient été sortispar le Brésil , les Pays-Bas tenaient là leur revanche. Et ils peuvent rêvent désormais de faire mieux qu'en 1974 et 1978 quandla génération du "football total"avait atteint la finale à deux reprises. Sans jamais la remporter. Ce sera peut-être avec uneconfiguration moins spectaculaire mais plus réaliste quils y parviendront.
Pour le Brésil, c'est une vraie déception, et un vrai coup d'arrêt pour cette équipe qui avait pourtant été bâtie pour allier la technicité légendaire à une peu plus de rigueur. Cette rigueur a fait défaut sur une action et la nervosité a fait le reste. Autant de lacunes suffisantes pour briser le rêve del a Seleçao où là aussi on va sans doute demander des comptes. Le sélectionneur Dunga a d'ailleurs exprimé son intention de céder sa place après cette élimination.
Déclarations
Dunga (sélectionneur du Brésil ): "On savait que ce serait un match difficile. On a pu développer notre jeu en première mi-temps, mais on n'a pas su le faire en seconde période, on n'a pas réussi à maintenir ce niveau, ni la concentration nécessaire. On sait que dans un match de Coupe du monde, ce sont les détails qui comptent. On n'a pas atteint notre objectif principal d'être champion du monde. On a eu des résultats ces quatre dernières années, et vu les joueurs qu'on avait, on aurait pu faire mieux. J'ai vécu une belle expérience avec ces joueurs, et j'ai apprécié la dignité avec laquelle s'est toujours comportée la sélection brésilienne. L'exclusion de Felipe Melo ? Jouer avec un joueur en moins en Coupe du monde contre des joueurs de qualité, ça rend les choses toujours plus dures. Le jeu était assez dur, il y a eu des fautes, j'ai dû remplacer Bastos après un carton jaune qu'il ne méritait pas, même si ce n'est pas une excuse".
Wesley Sneijder (milieu des Pays-Bas): "Avant de commencer ce match, celui-ci promettait d'être excitant. Il l'a été. Finalement, on a gagné, on est très content bien sûr. Cette distinction d'homme du match, c'est sympa mais la performance est collective. Notre première période a été très difficile, on était mené et Stekelenburg a fait un superbe arrêt sur Kaka. A la pause, on s'est dit qu'on devait s'améliorer et mettre davantage la pression sur la défense du Brésil . Il fallait continuer à croire en nous et on y a toujours cru. C'est un sentiment fantastique d'avoir éliminé l'une des plus grandes, des meilleures équipes. On marque toujours. On a fait du bon boulot. Bien sûr, on a éliminé le Brésil mais avant tout, on est en demi-finale. Il faut prendre un moment pour fêter ça et à partir de demain, on se concentrera sur la demi-finale. C'est ma première tête. C'est une impression sympa mais je pense que ça ne se reproduira pas de si tôt".
CG
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