Les plus grands retournements de situation de l'histoire du sport (2/2)
Metz contre Barcelone ou David contre Goliath
1984. Quelques mois après avoir remporté sa première Coupe de France (2-0 ap contre Monaco), le FC Metz défend les couleurs de la France dans la défunte Coupe des vainqueurs de Coupes. Le tirage au sort lui a réservé le FC Barcelone pour un 16e de finale de tous les dangers. Le score du match aller ne laisse aucun doute sur l'issue de la qualification: le Barça l'emporte 4-2 en Lorraine en donnant l'impression d'en avoir gardé sous la semelle. Erreur. Mené 1-0 quasiment d'entrée, les hommes de Marcel Husson réagissent devant des tribunes clairsemées pour marquer quatre buts dont trois du seul Toni Kurbos, héros de la soirée. Les spectateurs du Camp Nou sont médusés. Les Messins aux anges. Ils viennent de réaliser l'exploit le plus improbable de l'histoire des clubs français en Coupe d'Europe. Ils s'inclineront néanmoins dès le tour suivant contre le Dynamo Dresde.
Lendl prive McEnroe de la consécration
1984. John McEnroe est au sommet de son art. Après un parcours sans tâche, il retrouve face à lui son ennemi Ivan Lendl pour la finale de Roland-Garros. Une opposition de style totale (le service-volée contre le jeu de fond de court puissant), des caractères antagonistes (le colérique face au déterminé) et une antipathie prononcée entre les deux meilleurs joueurs du monde. Si l'Américain, numéro 1 mondial depuis la retraite de Bjorn Borg, quintuple vainqueur en Grand Chelem, domine la scène tennistique, son dauphin tchécoslovaque est raillé pour sa faiblesse mentale car il n’a encore gagné aucun Grand Chelem. Au début, McEnroe distille volée longues ou amorties avec une facilité déconcertante. Lendl est médusé. L'enfant terrible mène un set zéro puis rapidement deux manches à rien, 6-3 6-2. McEnroe se procure des balles de break dans le troisième set. Mais Lendl se rebiffe, frappe de plus en plus fort, commet moins de fautes directes. Il refait son handicap et prend l'engagement adverse pour conclure 6-4. Le moral de McEnroe se lézarde. Le Tchèque sait que le temps joue en sa faveur, que la terre battue va de plus en plus se dérober sous les pieds de l'irascible Yankee. Après avoir égalisé à 2 sets partout (7-5), Lendl accentue la pression sur Big Mac qui semble désemparé. Le bourreau est devenu victime. A 6-5, après plus de trois heures d'une bataille aussi belle que féroce, une dernière volée de McEnroe s'écrase dans le couloir pour quelques centimètres. Lendl tient sa revanche. Le public est debout, heureux de voir le vilain garnement mordre enfin la poussière.
Raïkkonen, quand on ne l’attendait plus
2007. Pilote redoutable doté notamment d’une capacité à exploiter le meilleur de sa monoplace, Kimi Raikkonen est souvent passé près de la couronne mondiale. Dès 2003, à seulement 24 ans, le Finlandais de l’écurie McLaren pousse Michael Schumacher dans ses derniers retranchements, terminant 2e du championnat du monde (comme en 2005 derrière Fernando Alonso). En 2007 cependant, le Scandinave va devenir champion du monde après une fin de saison rocambolesque. A deux courses de la fin, Raikkonen pointe en troisième position au classement des pilotes, à 17 longueurs du leader, Lewis Hamilton (qui devance son coéquipier Alonso). Iceman réduit alors l’écart à 7 points en s’adjugeant le Grand Prix de Chine à Shanghaï tandis que l’Anglais abandonne (Alonso est intercalé). Lors de l’ultime Grand Prix, disputé à Interlagos au Brésil, il bénéficie d’un incroyable concours de circonstances pour ravir la couronne. Il s’impose sans coup férir et profite de la magnifique course de son coéquipier Felipe Massa (2e) pour terminer avec un point d’avance sur les deux McLaren de Hamilton (7e de la course) et Alonso (3e), vaincus par leur animosité l’un envers l’autre autant que par le talent du Finlandais.
Buffalo Bills, le comeback du siècle
1993. Les Buffalo Bills réussissent la plus invraisemblable remontée victorieuse de l’histoire de la NFL. Cette rencontre de football américain jouée le 3 janvier 1993 entre la franchise de Buffalo et Houston porte un nom : "The Comeback". Guidés par le quarterback Frank Reich, les Bills débutent pourtant très mal la partie. A la fin du 2e quart-temps, les Bills perdent 28-3 sur leur terrain fétiche. Deux minutes après la reprise, les Oilers interceptent la balle. McDowell en profite et réussit un touchdown de 58 yards. Le score passe à 35-3. Un gouffre à ce niveau. Buffalo se réveille alors et Frank Reich réussit quatre passes décisives consécutives, dont trois en direction d'Andre Reed. Grâce aux conversions de Steve Christie, les Bills prennent la tête du match (38-35). A 12 secondes de la fin, un joueur de Houston réussit un field-goal. Les équipes sont alors à égalité 38 partout. Dans les prolongations, la guerre des nerfs tourne à l'avantage des Buffalo Bills, Steve Christie inscrivant par le field-goal décisif de 32 yards. Malheureusement pour eux, les Bills s’inclineront au Super Bowl (contre les Dallas Cowboys) pour la quatrième saison consécutive…
Et aussi
Octobre 1999 : les All Blacks, archi favoris de la demi-finale de la Coupe du monde, s’inclinent contre le XV de France (43-31) à l’issue d’une rencontre de toute beauté. Menés 24-10 en début de seconde période, les Bleus inscrivent alors 33 points en 20 minutes. Enorme ! Ils perdront la finale contre l’Australie
Août 1998 : mené 4-0 par Montpellier au Vélodrome, l’OM remporte le match 5-4. Le club phocéen sera vice-champion de France en fin de saison (juste derrière Bordeaux).
Juin 1997 : mené 6-1, 6-1, 4-1 par le Suédois Michael Pernfors en 8e de finale à Wimbledon, Jimmy Connors (34 ans) s’impose finalement 1-6, 1-6, 7-5, 6-4, 6-2. L’Américain perdra en demi-finales contre le futur vainqueur, l’Australien Pat Cash
Juillet 2000 : mené 1-0 par l’Italie à la 93e minute, l’équipe de France égalise grâce à Wiltord et s’impose (2-1) en prolongation sur un but somptueux signé Trézeguet. Les Bleus sont champions d’Europe
Août 2008 : lors de la finale du 100 m papillon des JO de Pékin, Michael Phelps, seulement 3e après la mi-course, revient du diable vauvert pour toucher le premier, avec seulement un millième de seconde d’avance sur le Serbe Milorad Cavic. L’Américain enlève sa 7e médaille d’or dans le Cube d’eau.
Mai 2011 : Mené 22-6 par Northampton en finale de la H Cup, le Leinster renverse totalement la situation en seconde période pour s’imposer 33-22 avec un Jonathan Sexton éblouissant (28 points dont deux essais).
Mai 1999 : mené 1-0 depuis la 6e minute sur un but de Mario Basler, Manchester United inscrit deux buts dans les arrêts de jeu pour arracher la victoire (2-1) face au Bayern Munich en finale de la Ligue des champions.
Juillet 1989 : après un duel légendaire durant trois semaines de course, Laurent Fignon se présente avec 50 secondes d’avance sur son dauphin Greg LeMond au départ de l’ultime étape du Tour de France, un contre-la-montre de 24,5 km entre Versailles et Paris. Le Français, maillot jaune, doit normalement conclure. Mais il est victime d’une induration à la selle. L’Américain, aidé par son guidon de triathlète (autorisé), en profite pour lui reprendre 58 secondes. Il gagne le Tour avec 8 petites secondes d’avance sur les Champs-Elysées. Peu et beaucoup à la fois.
Sans oublier
PSG-Real 1993 (1-3, 4-1) en quarts de finale de la Coupe de l’UEFA… les finales de Roland-Garros 1999 (Agassi remonte deux sets de handicap face à Medvedev) ou 2004 (Gaudio revient de deux à rien contre Coria)… le XV de France vainqueur 23-20 des All Blacks en 1994 à Auckland alors qu’il largement était mené (avec le fameux essai du bout du monde)… Monaco-Real 2004 (2-4, 3-1) en quarts de finale de la Ligue des champions… Bordeaux-AC Milan (0-2, 3-0) en quarts de finale de la Coupe de l’UEFA 1996… France-Italie (2-1) en finale de l’Euro 2000 avec l’égalisation in extremis de Wiltord puis la reprise de volée de Trézeguet en prolongation… les Boston Red Sox (menés trois victoires à zéro) qui dominent les New York Yankees (4-3) en finale de la Ligue américaine de baseball en 2004 (un exploit jamais réalisé auparavant)…
Les Toronto Mapple Leafs (menés trois succès à rien) qui disposent des Detroit Red Wings (4-3) en finale de la Stabley Cup 1942… la RFA (menée 2-0) qui élimine l’Angleterre en quarts de finale du Mondial 1970… Mohamed Ali qui se joue de George Foreman (en refusant d’attaquer) avant de le mettre KO à la 8e reprise pour le titre unifié des poids lourds en 1974 à Kinshasa… Alain Prost (parti en 13e position sur la grille) qui remonte tout le monde pour enlever le Grand Prix du Mexique 1990… Henri Cochet qui réalise l’exploit de remporter Wimbledon en 1927 après avoir remonté un handicap de deux sets en quarts, en demi-finales et en finale… Saint-Etienne qui renverse Split (0-3, 5-1) en 1974 et Kiev (0-2, 3-0) en 1976… Gary Player (10e avant le dernier jour) qui remonte 7 coups de handicap (avec deux eagles et six birdies) pour ravir à Tom Watson le Masters 1978…
Et la liste n’est pas exhaustive !
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