Les Saracens, géant du rugby européen au bord du précipice
Plus on s'élève, plus lourde est la chute. Trois fois champions d'Europe sur les quatre dernières éditions, quatre fois champions d'Angleterre sur les cinq dernières saisons, les Saracens sont devenus une référence de l'ovalie. Et nombre de leurs joueurs (Itoje, les frères Vunipola, Farrell) étaient en finale de la Coupe du monde il y a moins d'une semaine avec le XV d'Angleterre face à l'Afrique du Sud (défaite 32-12).
Ce club référence a été sanctionné mardi par la ligue anglaise avec le retrait de 35 points au classement du championnat assorti d'une amende de plus de 5,3 millions de livres (6,2 millions d'euros).
30 points à rattraper pour éviter la relégation
Cette sanction, inédite, punit la mise en place de circuits financiers qui ont permis au club de payer des joueurs de premier plan, tout en contournant le plafond salarial (salary cap) en vigueur. Mercredi, au lendemain de cette sanction, les Saracens ont refusé d'envoyer des représentants à la présentation de la Coupe d'Europe à Cardiff. Le club a interjeté appel de la sanction et conserve ses points au classement en attendant la décision finale.
Dans l'attente de ce verdict final, sans doute en 2020, les supporters ont fait des petits calculs. De sa quatrième place actuelle après trois journées (9 pts, deux victoires, une défaite), le club basé dans le nord de Londres passerait dernier avec 26 points sous le zéro (-26). Il aurait alors 30 points à rattraper sur Bath et Leicester, actuels 11e et 12e du championnat anglais (4 pts), pour espérer ne pas finir dernier et relégué.
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Le concurrence enfonce les Saracens
Dans le même temps que cette sanction, le président d'Exeter, principal adversaire sur les dernières saisons, a estimé que les Saracens "devraient être relégués automatiquement". "Je vais faire pression pour que ça change", affirme au Times Tony Rowe, président du finaliste battu lors des deux dernières finales du Championnat par les Saracens. "Il n'y a pas de place dans le sport professionnel pour les tricheurs."
Dans l'Hexagone, Jean-Marc Lhermet, ancien troisième ligne de Clermont a salué sur Twitter, "une sanction à la hauteur de la tricherie. Pas de pitié avec les tricheurs dans le sport. En France, il auraient été sanctionnés d’abord d’un avertissement, et en cas de récidive de 10k€ d’amende, dont 5k€ de sursis...".
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Itoje, les Vunipola et Farrell au coeur du système
Pour entrer dans le cadre du plafond salarial, les Saracens, club présidé par le millionnaire Nigel Wray depuis 1995, sont accusés d'avoir mis en place des stratagèmes. Le club avait notamment créé des sociétés communes (joint-ventures) avec ses meilleurs joueurs aux noms évocateurs "VunProp Ltd" (pour les frères Vunipola), Faz Investments Ltd (Owen Farrell) et MN Property Solutions Ltd (Maro Itoje) pour contourner le "salary cap", instauré en 1999 et fixé à 7 millions de livres (8,14 millions d'euros) par saison.
En comparaison, ce mécanisme est fixé à 11,3 millions d'euros dans le Top 14 français, où il existe depuis 2010. En cas de sanction confirmée, et même si le club arrive à se sauver en Premiership, le futur des Saracens pourrait s'écrire sans plusieurs de ses vedettes. Si Itoje et Farrell ont un contrat à long terme, celui de l'arrière Liam Williams arrive par exemple à terme à la fin de saison et le Gallois pourrait quitter le nord-ouest de Londres.
Comme certaines sources proches du club l'indiquent au Times, c'est le club lui-même qui pourrait être en danger, si Nigel Wray décide de le vendre en cas d'appel rejeté.
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