Lyon arrache le nul et la qualification
Comme d'habitude, Lyon a couru après le score. Comme c'est le cas depuis le début de la saison, l'équipe a été incapable d'ouvrir le score en premier, et a été obligé de cravacher pour ne pas s'incliner. La victoire (3-1) à l'aller avait pourtant donné à l'équipe un petit matelas. Mais le président Jean-Michel Aulas a certainement pensé au pire durant une vingtaine de minutes, faisant peut-être des calculs pour savoir ce que lui coûterait une non-qualification. Car après avoir longtemps maîtrisé sereinement le match, et faute de s'être montrés réalistes devant le but, les Lyonnais se sont fait peur. Et le matin même, le défenseur brésilien Cris a rechuté de sa blessure musculaire à la cuisse, le contraignant au forfait. La très mauvaise nouvelle de la journée pour l'OL.
Après un début de match dominé par les longs ballons russes et un engagement physique de l'équipe locale, Lyon sortait peu à peu de sa moitié de terrain, et Gonalons était le premier à se montrer dangereux, sont tir des 20m étant détournée en corner par le gardien russe (15e). Sur le corner, Bastos voyait sa reprise passer juste au-dessus. Dans cette première période, après une entrée en matière assez enlevée, le rythme baissait nettement, et si Kazan dominait territorialement, l'équipe ne parvenait pas à entrer dans la surface française. Mais la pause changeait tout.
Au retour des vestiaires, Lloris devait d'abord se saisir d'un ballon sur la tête de Nemov (48e), avant de voir filer juste à côté de son poteau une frappe de Noboa (49e). Mais Lyon avait l'occasion de "tuer" le match. Par deux fois. Lancé par Kallström à la limite du hors-jeu (voire hors-jeu), Gomis sprintait, dribblait le gardien mais son tir du gauche était repoussé d'un tacle par le retour du défenseur Kalechine (57e). Ensuite, le coup franc de Bastos, avec rebond, obligeait le gardien Rijikov, à repousser le ballon en corner (62e). Mais la deuxième énorme chance d'ouvrir le score pour la première fois de la saison survenait à la 68e minute. Sur un contre, Bastos alertait magnifiquement Lisandro, plein axe, seul à l'entrée de la surface de réparation. Mais le buteur argentin perdait son duel avec le portier russe, laissant passer sa chance et obligeant indirectement Lloris, dans la continuité de l'action, à sauver son camp d'un bel arrêt-réflexe sur une tête à bout portant (68e).
Cet avertissement avait le don de donner du coeur aux Russes, qui intensifiaient le siège du but olympien. Lloris sortait une nouvelle parade du pied sur un tir aux 8m de Medvedev (76e), mais ce n'était que repousser l'inéluctable. Une minute après, l'ancien Intériste Martins, bien mobile et gênant dans la surface, remettait en retrait sa tête pour Natcho qui fusillait le portier lyonnais (77e). Il ne restait donc plus qu'un but à marqueraux Russes pour se qualifier et éliminer Lyon. Le siège s'intensifiait un peu plus, l'équipe française se mettant encore plus en danger en redonnant le ballon sans jamais parvenir à le garder, jusqu'au moment où Rémi Garde faisait entrer Pjanic pour mettre le pied sur le ballon. Et le N.8 se mettait en exergue en centrant en retrait pour Bastos dont la reprise lobée du gauche heurtait la barre transversale, sans que Lisandro ne parvienne à reprendre victorieusement le ballon. Puis, sur un corner de Kallström, Koné devançait la sortie du gardien russe pour placer sa tête et égaliser, presque miraculeusement après les 20 minutes précédentes passées. Et si Lloris devait encore intervenir pour détourner du bout des doigts une tentative de Medvedev et que Lisandro ratait de nouveau une offrande de Bastos, plus rien n'était marqué.
Et Lyon gagnait sa qualification pour la phase de poule de la Ligue des Champions. Pour la 12e année consécutive. Mais la maîtrise affichée durant 60 minutes n'a pas encore permis à Jean-Michel Aulas de voir son équipe ouvrir le score. Une habitude à perdre en championnat comme en Ligue des Champions, dont le tirage au sort aura lieu jeudi à Monaco.
Réactions
Rémi Garde (entraîneur de Lyon) : "C'est un soulagement avec la satisfation d'être qualifié pour la Ligue des Champions. J'ai commencé à trembler quand on a manqué les occasions. Quand on a de belles opportunités qui ne sont pas concrétisées, cela renforce la confiance de l'adversaire et c'était un des tournants difficiles du match. Kazan avait deux buts à remonter. Il jouait chez lui et a poussé. Nous avons eu plus de difficultés à maîtriser collectivement le ballon. Leur collectif nous a posé plus de problèmes qu'à Gerland. J'aurais aimé une meilleure utilisation du ballon. Je préfère retenir aussi le premier but de Koné. Il a aussi montré qu'il progressait très rapidement car il fallait avoir beaucoup d'intelligence de jeu dans ce match difficile tactiquement même s'il est impliqué sur le premier but. Nous savions qu'en août nous avions ces deux matches à jouer très importants. Le groupe s'est mobilisé en conséquence depuis le début de saison. Je rends hommage aux joueurs qui ont beaucoup travaillé ce soir et qui ont été très concentrés. Ils ont bien maîtrisé ce que nous avions convenu de réaliser. Pour le recrutement, je n'ai pas la réponse. On attend le retour de quelques jeunes et des blessés. Nous allons faire le point avec les dirigeants. Le club y voit plus clair économiquement avec cette qualification mais ce n'est pas forcément lié à la nécessité de recruter ou non. Sur la double confrontation de ces barrages et le début de championnat, nous avons démontré certaines qualités mais c'est demandeur de beaucoup d'énergie. Pour l'heure nous avons peu de chances sur les blessures. On s'aperçoit que l'effectif est juste et on va voir ce qu'il est possible de faire".
Kurban Berdyev (entraîneur de Rubin Kazan) : "Lyon a joué beaucoup sur la défensive et a su utiliser les situations de contres qu'il s'est procuré. Le match a été difficile. Les joueurs ont livré beaucoup d'efforts pour mener 1-0. Lyon a alors été dangereux sur contre attaque. Nos joueurs ont fait ce qu'ils pouvaient".
Jean-Michel Aulas (président de Lyon) : "C'est plus qu'un soulagement mais une satisfaction d'avoir réussi ce match. Il faut rendre hommage à Rémi Garde qui a décrit à ses joueurs une tactique payante. J'avais l'impression d'être passé de la réflexion aux travaux pratiques entre la causerie et ce match. Lyon entre dans les trois ou quatre clubs qui ont 12 qualifications en Ligue des Champions. Un match à 20 millions d'euros ? C'est un raccourci. Cela dépend de la suite, si l'on est éliminé en phase de poules, ou que l'on aille en finale de la Ligue Europe. Cela peut effectivement monter 20 millions. C'est entre 7 et 20 M EUR. La qualification n'a pas d'influence sur la fin du mercato. Nous savions que quel que soit le résultat, nous prendrions des décisions dans la dernière semaine. A Monaco, au tirage, il y a les présidents qui sont là. On peut procéder à des ajustements de fin de mercato. Nous allons en discuter dans l'avion du retour. On sait ce que nous voulons faire pour renforcer l'équipe. L'enveloppe est déterminée et les joueurs ciblés. Nous attendons le retour de nos jeunes du Mondial 20 ans mais certains seraient blessés tout comme Cris qui a rechuté ce mercredi matin à l'entraînement. Il y a des sujets indépendants de la qualification qui doivent nous amener à réfléchir en fonction non pas des moyens que nous avons mais des besoins sportifs et techniques, des ambitions que nous avons. Nous ne cherchons peut-être pas un défenseur central supplémentaire mais plutôt un milieu de terrain. Gérard Bourgoin entendra peut-être ma complainte (au sujet de Delvin Ndinga). Il est difficile à joindre. Mais à partir du moment que nous sommes entre gens de bonnes volonté, je suis persuadé que nous trouverons un terrain d'entente soit avec lui soit avec un autre président qui a le joueur que souhaite aussi Rémi Garde".
Bafétimbi Gomis (attaquant de Lyon) : "Nous sommes passés par tous les états. Nous terminons ce match très fatigués après avoir fourni beaucoup d'efforts. Nous savions ce qu'il y allait avoir au bout et c'est vraiment mérité. Nous nous attendions à souffrir. Nous avons eu une occasion et c'est un joueur adverse qui la sauve, le même qu'à l'aller d'ailleurs. Il y a des matches comme cela. Nous avons su être récompensés. C'est au bout de l'effort que l'on trouve la réussite. Nous savions qu'elle jouerait à cinq derrière et qu'elle chercherait à bien ressortir. L'adversaire n'a pas été très dangereux jusqu'à l'entrée de Martins qui a su jouer plus haut et qui a su créer des décalages. Il a mis un peu de folie dans le jeu de Rubin Kazan. Nous avons eu aussi des occasions par Lisandro et moi, que nous n'avons pu malheureusement concrétiser. Nous n'avons pas eu peur mais c'est vrai qu'ils pouvaient marquer à tout moment mais nous avons cru en notre force. Nous avons su préserver ce résultat et Bakary est venu marquer ce but. Nous sommes contents pour lui. Revenir à la marque est aussi un point fort. Cela montre le caractère, la force de l'équipe. C'est une bonne chose et c'est de bon augure pour la suite. Samedi, on tentera de créer une belle communion pour le match contre Montpellier pour lequel on tentera de créer une bonne atmosphère".
Michel Bastos (milieu de Lyon): "Nous avons été menés dix minutes. Cela veut dire que nous n'avons pas eu peur. Nous ne sommes pas sortis du match. Cela devient un point fort même si l'on voulait ne pas passer par cela. Nous jouons contre des équipes qui nous posent beaucoup de problèmes. Même nous les attaquants travaillons beaucoup défensivement. Leurs joueurs de couloirs montaient beaucoup et nous posaient beaucoup de problèmes. C'est fatigant. Même les yeux fermés, ils parvenaient à se trouver. Le fait de revenir est une chose extraordinaire. C'est un point fort que nous avons mais que nous ne possédions pas auparavant".
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