Mahut fait trembler Federer
Il y avait Paul-Henri Mathieu, Virginie Razzano, et désormais il y a Nicolas Mahut. L'année 2012 est un cru de passion dans le camp tricolore. Des service-volée, des attaques courtes, des coups définitifs, les spectateurs du court Philippe-Chatrier ont assisté à un match original. Loin des marathons de fond de court, des bras de fer interminables à deux mètres de la ligne de fond de court, le match opposant Roger Federer à Nicolas Mahut a accouché d'un beau spectacle. Comme c'est le cas depuis le début du tournoi, le Français ne s'est pas renié. Son jeu d'attaque, il l'a encore mis en place, avec la réussite qui lui avait permis de passer pour la première fois de sa carrière le 2e tour à Roland-Garros.
Une seule occasion
Nettement dominé au cours du premier set (perdu 6-3 en 29 minutes), le Parisien a su garder le cap, garder sa confiance et son plan de jeu. Et à force de se lancer vers le filet à la moindre occasion, il a fini par déstabiliser l'ancien N.1 mondial, qui a semblé perdre son rythme et son fil conducteur. Jouer un attaquant pareil, sur terre-battue qui plus est, cela ne lui arrive pas souvent. C'est même très rare. Et lorsque la première s'est présentée, le 89e mondiale l'a saisie. Une double-faute lui permettant de revenir à 30A, un coup droit dans le couloir, et sur la première balle de break, un retour osé de revers de Mahut pour trouver la ligne et empocher cette manche (6-4). Le central s'enflammait pour ce joueur de 30 ans en train de donner bien des misères à la tête de série N.3, condamné à se recentrer. Il le faisait, avec l'aide du Français, qui avait effacé trois balles de break avant de commettre une double-faute puis de mettre une demi-volée de coup droit dans le filet, pour perdre son service et être mené (2-1). Les commandes en main, l'Helvète s'envolait et s'emparait de la 3e manche (6-2).
Mais Nicolas Mahut ne baissait pas les bras, et il se procurait une deuxième balle de break à 3-2 pour lui. Mais cette fois, son retour de revers ne restait pas dans les limites, Federer conservait son service sur un ace, et faisait le break au septième jeu (4-3) sur un jeu blanc. Mais là encore, malgré la fatigue physique, il sortait une amortie parfaite pour s'offrir une balle de break, la troisième du match. Et son retour de coup droit, suivi au filet, faisait mouche pour égaliser à (4-4). A (5-5), il avait une 12e balle de break à sauver, et pour la 8e fois, il y parvenait, comme sur la 13e, avant que la 14e ne lui soit fatale, sur un retour dans les pieds du Suisse (6-5). Cette fois-ci, Roger Federer ne laissait pas l'occasion passer, finissant, sur sa deuxième balle de match, un travail commencé 2h37 plus tôt. "Je suis très content de m'en être sorti", dit-il en conférence de presse. "C'est le genre de joueurs qui sont difficiles à jouer sur les 2-3 premiers échanges."
Djokovic trop haut pour Devilder
C'était son sixième match en un peu plus d'une semaine. Celui de trop, celui contre trop fort. Issu des qualifications, Nicolas Devilder a beaucoup tenté, avec l'appui du public resté dans les gradins du court Suzanne-Lenglen malgré l'heure tardive. Dans le premier jeu du match, sur le service de Novak Djokovic, il a même eu quatre balles de break. Mais le Serbe les a, une à une, effacées pour prendre les commandes et aligner les jeux. Car lorsqu'on ne fait pas la course devant en étant le 286e mondial face au maître du circuit, c'est encore plus difficile.
Entré sur le terrain à 19h30, le Serbe n'avait aucunement envie d'avoir un jour de repos en moins. Et il a donc forcé l'allure, devant tout de même sortir de beaux coups et serrer le jeu pour ne pas laisser ce petit lutin bleu, décomplexé et décontracté, mettre à mal ses plans. Même dans le dernier jeu du match, alors qu'il avait dû sauver quatre balles de break sur son jeu de service précédant, "Nole" a été contraint de sortir un coup droit extraordinaire en bout de course sur la balle de match, pour s'imposer, en 1h45, 6-1, 6-2, 6-2. Il a eu droit aux acclamations du public, mais Nicolas Devilder également. Et c'était bien normal après un tel parcours.
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