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Mais à quoi ça sert de casser sa raquette ?

Mercredi, le Chypriote Marcos Baghdatis a fait l'évènement en en cassant quatre en moins d'une minute à l'open d'Australie. Quels sont les ressorts profonds de ce geste ? 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Marcos Baghdatis casse une raquette lors de son match face à Stanislas Wawrinka lors de l'open de tennis d'Australie le 18 janvier 2012.  (TOBY MELVILLE / REUTERS)

Mercredi 18 janvier, le Chypriote Marcos Baghdatis a créé l'évènement au 2e tour de l'open de tennis d'Australie en cassant quatre raquettes en moins d'une minute. Comme vous pouvez vous en douter, il a été éliminé par le Suisse Stanislas Wawrinka (7-6, 6-4, 5-7, 6-1). Mais pourquoi tant de haine ?

 

• Ça soulage
C'est l'avis de Serena Williams, qui a déclaré récemment qu'elle n'aimait pas le tennis, rapporte le Nouvel Obs.com. "Quand vous êtes jeune, [casser sa raquette], c'est une manière d'évacuer sa frustration. C'est une façon de vous exprimer. Je ne peux franchement pas aller voir quelqu'un et lui dire : 'Tu ne devrais pas casser ta raquette' alors que je le faisais moi-même beaucoup. Ce n'est pas le meilleur moyen de calmer sa colère. Mais, je pense que plus on vieillit, plus on réalise qu'il y a d'autres moyens d'évacuer ça."  

• Rien de tel pour se faire connaître
Avant d'attaquer cet article, vous ne saviez peut-être pas que Baghdatis a été en finale de l'open d'Australie en 2006. Vous ne saviez peut-être pas qui était Baghdatis tout court. De même, une partie non négligeable de la réputation du Russe Marat Safin a été bâtie sur sa propension à fracasser son outil de travail. C'est le seul joueur pour lequel on possède des statistiques : 1 055 raquettes brisées en 689 matchs, soit 1,5 par rencontre, note sport365.fr.

En plus, c'est très peu sanctionné : l'équipementier est ravi que les vidéos de ses produits se répandent à la vitesse de l'éclair sur la toile et le joueur dispose de raquettes gratuites à volonté pour peu qu'il se maintienne à un classement convenable. Quant aux amendes de l'ATP, elles sont ridicules. 800 dollars (650 euros) pour Baghdatis, c'est de l'argent de poche (il a empoché 25 000 euros pour avoir franchi un tour du tournoi).

• Ça humanise
C'est l'avis du joueur russe Dmitry Tursunov, membre du top 50, et grand briseur devant l'éternel. "Je pense que les meilleurs joueurs devraient être encouragés à casser leurs raquettes, explique Tursunov sur thetennisspace.com. Ils cherchent à montrer combien les joueurs sont concentrés et passionnés sur le court et comment mieux le montrer qu'en brisant une raquette ?" Les quelques fois où le Suisse Roger Federer, la classe incarnée sur le court, en a cassé une, ça a presque fait les gros titres. 

• Ça permet de tester le système
John McEnroe, l'homme qui a donné ses lettres de noblesse au bris de raquette et aux invectives contre les arbitres, a mis longtemps à expliquer pourquoi il cherchait systématiquement à se faire pénaliser. Il livrait cette analyse à L'Express en 2003"En fait, je cherchais à me faire expulser, mais personne n'osait prendre cette décision. J'assurais le spectacle et ma présence remplissait les gradins. On me collait des amendes insignifiantes et, le tournoi suivant, je recommençais, se souvient le joueur américain. Si on me renvoyait chez moi, tout le monde perdait de l'argent. Les arbitres, les juges de ligne, les directeurs de tournoi le savaient. Et moi aussi, je le savais. Le système me laissait déraper de plus en plus, mais moi, au fond, ça me plaisait de moins en moins." Un peu bizarre comme raisonnement, non ?

• C'est tout à fait dans l'esprit du tennis (si, si)
Billie Jean King, championne américaine dans les années 70, disait : "Le tennis est l'alliance parfaite entre l'action violente et une atmosphère de tranquilité totale." Au contraire des footballeurs ou rugbymen, qui shootent dans des bouteilles d'eau ou le poteau de corner dans un brouhaha indescriptible, les tennismen officient dans un silence de cathédrale. Même pour tout casser. 

• Il y a pire : ne pas réussir à casser sa raquette !

Comme le Serbe Novak Djokovic, l'an passé à Wimbledon. La frustration ne doit en être que pire.

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