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Maradona vers la porte de sortie ?

Rentré en Argentine dimanche soir, Diego Maradona a annoncé sur une chaîne de télévision que son "cycle (à la tête de la sélection argentine) "est terminé". L'ancienne gloire de l'Albiceleste souhaiterait apparemment tourner une page pour pouvoir "profiter de sa famille". Sauf que ses velléités de départ n'ont pas encore été officialisées. Maradona aurait-il alors pris les devants pour ne pas devoir subir le même sort que le sélectionneur brésilien Dunga, limogé ?
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
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Partira, partira pas ? C'est aujourd'hui la question que se posent des milliers d'Argentins à propos de Maradona. De retour au pays après sa lourde défaite (4-0) en quart de finale de Coupe du Monde face à l'Allemagne, la sélection a été accueillie par des supporters chaleureux qui ont mis de côté leur critique et acclamé les joueurs. Diego Maradona a lui aussi eu droit à ses applaudissements. Malgré cette rencontre face à la Mannschaft qui a viré à la correction, Messi et consorts sont rentrés sur leur terre natale dans un climat de paix et de bonne ambiance. Pourtant, "El Diez" (comme à son habitude) n'a pas tardé à faire parler de lui. Dans la soirée de dimanche, alors qu'il regagnait son domicile, le sélectionneur argentin a dévoilé sur Cronica, une chaîne de télévision nationale, ses envies de quitter le banc de la Selección: " Ça y est, mon cycle ( à la tête de l'équipe nationale) est terminé, j'ai donné tout ce que j'avais. Maintenant, je veux profiter de ma famille".  Mais pourquoi Maradona souhaite-t-il quitter son poste de sélectionneur, lui qui pendant des années l'avait tant convoité ?

Un homme "volage"

La stabilité n'est pas la première qualité de l'ancien joueur. Certains diront donc qu'à l'image d'un enfant capricieux,  l'homme à la barbe blanchissante se serait lassé de son métier de sélectionneur. D'autres diront qu'en fin stratège, il prépare sa sortie avant que les membres de la Fédération ne le lui indique, à l'instar du sélectionneur brésilien Dunga, limogé après la défaite de la Seleçao en quart de finale du Mondial face aux Pays-Bas (2-1). Dans les deux cas, les deux hypothèses sont potentiellement valables. Nommé en octobre 2008 à la tête de l'Albiceleste, Maradona, malgré un CV d'entraîneur qui ne pèse pas lourd -il entraîna le Racing Club entre 1994 et 1995, sans succès- avait su apporter un nouvel élan  à une équipe d'Argentine qui manquait totalement de cohésion dans le jeu. Sûrement l'attrait de la nouveauté. Car la sélection n'a pas tardé à retomber dans ses travers. Les mauvais résultats se sont enchaînés et l'Argentine, à l'image de l'équipe de France, à dû lutter jusqu'au bout des éliminatoires afin de décrocher son ticket pour le Mondial. Elle n'aurait d'ailleurs jamais pris l'avion vers l'Afrique du Sud sans ce but salvateur de Martin Palermo face au Pérou lors d'un match décisif pour la qualification en Coupe du Monde. A qui la faute ? Sans évoquer le cas des joueurs, l'exubérant Maradona a parfois fait des choix curieux. En deux ans, il convoqua plus de cent trois joueurs, puis, au moment de dévoiler sa liste des vingt-trois sélectionnés pour le Mondial, on apprend avec surprise qu'il a fait le choix de laisser sur le carreau des joueurs d'envergures à l'image d'Estaban Cambiasso, mais plus encore, de Javier Zanetti, incontournable depuis quatorze ans avec l'Inter Milan, club champion d'Europe en titre... Mais ses choix contestables ne s'arrêtent pas à ces absences. Durant le Mondial, Maradona commença à accorder une confiance aveugle à Juan Sebatian Veron et à Walter Samuel, leur confiant respectivement les clés du milieu de terrain et de la défense, avant de les aligner... sur le banc de touche. Trop instable pour conserver un poste plus de deux ans ? Envie de voir autre chose après avoir obtenu satisfaction ? Des questions qui donneraient peut-être des réponses aux envies de départ de Maradona.

Le même sort que pour Dunga ?

Ces suppositions sont à prendre en compte dans le choix qu'a semblé faire  "El Pibe de Oro". D'autres sont tout autant à prendre en considération, car nul n'est sans savoir que Maradona, peut-être plus que toute autre gloire du football, a une fierté à rendre jaloux le paon et par dessus tout, n'aime pas l'échec. Mais sans doute que le mal a déjà été fait. Le 3 juillet, au stade Green Point, où les hommes de Maradona et Maradona lui-même ont été mis K.O par des Allemands qui ont frappé à quatre reprises. Ce n'est donc pas cette année que l'Argentine viendra mettre fin à la disette. Il faut remonter en 1993 pour voir l'Albiceleste gagner la Copa America. Et il faut activer la machine à remonter le temps encore plus dans le passé pour se souvenir d'une Argentine championne du monde en 1986, du temps où Diego était encore joueur. Le constant est parlant: ces dernières années, le bilan est maigre en terme de trophée. Ajouter à cela un sélectionneur qui n'a convaincu qu'à moitié. Maradona, qui a soulevé les critiques des médias argentins, sentirait peut-être que le vent tourne en sa défaveur. Supposons alors qu'il souhaiterait prendre les devants et prendre la porte de sortie avant que la Fédération ne l'y pousse.

L'histoire entre la Seleçao et Dunga a pris fin sur un limogeage. Comme Maradona, Dunga était un joueur qui a fait les belles années du Brésil. Comme Maradona, Dunga n'a que très peu d'expérience en tant qu'entraîneur. Comme Maradona toujours, Dunga a été décrié par les médias nationaux. Enfin, comme Maradona, le Brésilien s'est fait sortir de la Coupe du monde en quart de finale. Il se peut alors que le technicien argentin cogite tant les ressemblances entre son parcours et celles de l'ancien capitaine de la sélection brésilienne sont criantes... et se dit que, lui aussi, se verra remercié d'ici peu comme son "alter-égo" auriverde. D'autant plus que depuis qu'il a jeté le doute sur son avenir, certains noms reviennent avec insistance du côté de l'Argentine. Carlos Bianchi, Miguel Angel Russo ou encore Sergio Batista sont de possibles successeurs au "Pibe de Oro". Mais il semble que c'est l'ancien international argentin Diego Simeone (ex entraîneur de San Lorenzo aujourd'hui libre) qui tient la corde, lui qui jouit d'un passé d'entraîneur plus crédible que l'ancien numéro 10. Sauf que pour l'heure, Julio Grondona, le président de la Fédération argentine (AFA), n'a pas réagi quant au départ annoncé par "El Diez". Quoi qu'il en soit, Diego Maradona, dont le contrat de sélectionneur de l'Albiceleste court jusqu'à l'été 2011, souhaite se retirer de ses fonctions. Pour mieux ressurgir sur le devant de la scène ? Cela n'étonnerait pas.

Par Rayan Ouamara

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