Menacé de ne pas monter en N2 suite à une nouvelle règle de la FFF, un club crie au scandale, son cas pourrait faire jurisprudence
C’est un exemple parmi tant d’autres, mais le cas d’Hauts Lyonnais est emblématique de la tension et du flou qui règnent ces jours-ci autour des championnats de football amateur. En tête du groupe M de National 3, le club partage son trône avec GFA Rumilly Vallieres. Après dix-huit journées, les deux équipes comptent le même nombre de points, la même différence de buts et leur seule confrontation directe a viré au 0-0, et ne permet donc pas de les départager. Alors, avec l’arrêt du championnat, comment déterminer le champion ?
Règlement de compte
Pour répondre à cette question, et à toutes les autres posées par l’arrêt des compétitions, le Comex de la FFF réuni jeudi dernier a édité un nouveau règlement, consultable en ligne. Autrement dit, les règles ont changé en pleine saison, pour faire face aux conséquences sportives de la crise sanitaire. Le soucis, c’est que certains critères pour départager les équipes en cas d’égalité ont été modifiés. Dans le cas du groupe M de National 3, l’ancien règlement aurait fait d’Hauts Lyonnais le champion, puisque c’est la meilleure attaque qui aurait départagé les deux clubs, à égalité au niveau des points, de la différence de buts et dans leur confrontation directe. Or, le nouveau règlement pondu par la FFF a remplacé le critère de la meilleure attaque par un quotient du nombre de matches joués à l’extérieur par rapport au nombre de matches joués. Et à ce petit jeu, c’est GFA Rumilly Vallieres qui l’emporte avec 9 matches joués hors de ses bases (sur 18), contre 8 pour Hauts Lyonnais.
"C’est absolument scandaleux. Comment un tel critère, totalement non sportif, peut-il déterminer le champion ?", fulmine Bruno Lacand, président de Hauts Lyonnais. Il poursuit : "Ça résulte d’un hasard du calendrier. C’est une insulte au football, c’est injuste. Et même, à la rigueur, si on voulait prendre en compte les matches à l’extérieur, notre seule rencontre contre GFA Rumilly Vallieres, on l’a jouée chez eux ! Et on n’y a pas perdu, donc on devrait être désignés champions selon cette logique, non ?". Seul cas d’égalité du National 3, ce duel entre les deux clubs vire au casse-tête règlementaire. Pour Manuel De Almeda, manager général de Bourgoin Jallieu, autre club du groupe, il n’y avait qu’une solution : "Il fallait faire monter les deux clubs. Là, on a deux règlements, l’ancien et le nouveau, qui se contredisent. Je n’aimerais pas être à la place des deux clubs".
Entre flou, patience et coups de pression
Deuxième à l’arrêt du championnat pour avoir inscrit trois buts de moins, le GFA Rumilly Vallieres pourrait finalement être sacré champion. Mais son président Luc Chabert calme le jeu : "Depuis le début, je demande la montée des deux équipes. On est à égalité quasi parfaite. Mais on fera en fonction des décisions". Prudent, il préfère rappeler qu’à l’heure actuelle, la FFF n’a entériné aucun classement. En effet, tant que les recours déposés avant même le début du confinement - liés à des affaires courantes dans le foot - ne sont pas traités, impossible de fixer le classement de certains championnats. Mais du côté de Hauts Lyonnais, on s’inquiète déjà.
"J’ai pris une avocate qui va écrire à la FFF. Pour l’instant, rien n’est officiel. Mais leur silence est inquiétant. Quel règlement va être appliqué : celui du début de saison ou le nouveau ?", s’interroge Bruno Lacand. "Pour la première fois de l’Histoire, on change les règles en pleine saison. Certes, la situation l’impose, mais ça ne touche qu’un seul club en N3 : nous, Hauts Lyonnais. Je ne suis pas complotiste, mais j’aimerais comprendre", poursuit-il. Après avoir échangé avec le président de la Ligue Auvergne-Rhône Alpes, Bruno Lacand et son club attendent fébrilement l’officialisation du classement du groupe M.
Au delà des destins d’Hauts Lyonnais et du GFA Rumilly Vallieres, ce cas précis pose donc une question clé : à quel(s) niveau(x) le règlement issu du Comex prévaudra-t-il sur celui du début de saison ? "On a été en tête de la quatrième à la dernière journée. On est juste devant eux de trois buts marqués, certes, mais on est devant. On a joué le même nombre de matches. Où serait la logique s’ils montaient et pas nous ?", interpelle Bruno Lacand. Rares seront certainement les cas de figures aussi compliqués, avec deux équipes à ce point à égalité. Mais maintenant que les championnats sont arrêtés, et que le règlement est publié, la FFF a intérêt à vite statuer sur les différents classements, pour calmer les tensions, et que le foot reparte de l’avant.
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