Michael Phelps replonge
"J'ai la chance d'avoir atteint tous mes objectifs, il est temps de passer à autre chose. Je ne veux plus être dans l'eau, j'y ai passé tellement de temps qu'il n'est pas question que je nage, même par pur plaisir". Au soir de sa 22e médaille olympique glanée à Londres en 2012, Michael Phelps avait révélé son ras-le-bol. La coupe était pleine. Pleine d'eau chlorée. Lui, le champion des bassins, le recordman des titres olympiques, le recordman des médailles olympiques a arrêté de nager. Plus de plaisir, plus d'envie. Il voulait goûter à la vie, la vraie. Pas celle qu'il connaît depuis son adolescence : s'entraîner à Baltimore et Bob Bowman, aligner les longueurs, effacer les records et gagner encore.
Pourtant, c'est le même homme qui revient aujourd'hui, plus vieux (28 ans) et qui s'apprête à replonger dans les bassins. Les vingt mois loin des piscines ont pourtant été bien remplis. Le "kid de Baltimore" est devenu la tête d'affiche aux Etats-Unis d'une chaîne de sandwichs, d'une marque de vêtements de sport et de piscines pour particuliers. Il a "vécu", Il a voyagé, donné des conférences, beaucoup joué au golf et au poker. Mais la "petite mort" du champion est parfois difficile à vivre. Comme d'autres avant lui (Michael Jordan, Michael Schumacher, Ian Thorpe...) il est sorti de sa retraite. Et c'est en Arizona, à Mesa, qu'il a décidé de se jauger et de s'exprimer pour la première fois sur ce retour.
Le manque et le sourire
"Je n'ai vraiment rien fait pendant 18 mois-deux ans. Mais il me manquait quelque chose, nager me manquait, c'est aussi simple que cela", a-t-il expliqué. Du coup, la routine est revenue, comme le naturel que l'on chasse et qui revient au galop. Des longueurs, cinq fois par semaine, sous les yeux de Bob Bowman, aux côtés de la star française Yannick Agnel qui n'en revient pas. "C'est assez fou de penser que je m'entraîne avec Michael Phelps ! Quand j'ai contacté Bob Bowman l'an dernier et commencé à travailler avec lui à Baltimore, je n'aurais jamais pensé que ce serait possible", raconte-t-il dans L'Equipe. Agnel le surnomme "le grand-père".
Un grand-père ravit d'être là. "Je m'amuse beaucoup, je souris tout le temps, je suis heureux, je plaisante beaucoup, c'est aussi dû au fait que je suis dans un super groupe, très compétitif, très talentueux, même si j'en suis le grand-père", a souligné Phelps. Il a toutefois avoué qu'il avait dû perdre beaucoup de poids: "Mon poids a grimpé jusqu'à 225 pounds (102 kg) alors que il était à Londres de 187 (84 kg). La semaine dernière, je pesais 194 pounds (87 kg), j'ai perdu assez rapidement du poids", a-t-il expliqué. De son côté, Bowman a plaisanté sur la condition physique de son protégé lors de ses premières longueurs: "Quand il (est) revenu, il était vraiment hors de forme": "On s'est dit que cela allait prendre du temps pour qu'il puisse se montrer à nouveau en public, mais cela a bien évolué".
Si tu vas à Rio...
"Le plus grand compétiteur qui ait jamais existé", selon Mark Spitz, n'est pas revenu uniquement pour le plaisir. Egalement pour gagner et voir s'il n'a pas tout perdu. "Je veux juste courir, retrouver l'état mental qu'on a quand on est en compétition, c'est ce que j'ai le plus aimé dans ma carrière. J'ai une idée du chrono que je veux faire, mais je ne vous le dirai pas", a-t-il indiqué. En tout cas, les longues distances semblent terminées puisqu'il s'alignera ce jeudi sur 100m (18h24, heure française) et sur 100m papillon (20h42, heure française), distance où il a remporté trois titres olympiques, puis 50 m nage libre vendredi.
A en croire Bowman, Phelps qui aura 31 ans lors des JO-2016, un âge canonique en natation, n'a pas de plan à long terme: "Nous sommes dans un processus en évolution". Les JO 2016, là où il aurait l'occasion de battre encore certains records? Il n'y pense pas. "Je ne sais vraiment pas si je serai à Rio. Seul le temps pourra nous le dire, je me réjouis de vivre cette nouvelle aventure quel que soit l'endroit où elle me portera", a assuré Phelps . "Je fais (ce retour à la compétition) pour moi, personne ne me force à revenir", a-t-il conclu.
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