Miracle à la française
A l'image de la couleur du maillot français, la défaite était cousue de fil blanc. Que pouvaient espérer les hommes de Didier Deschamps face à la supposée "meilleure équipe du monde", qui restait sur 24 victoires de rang en matchs de qualification ? Un miracle. Et bien celui-ci s'est produit. Mais c'est surtout une logique sportive qui a permis aux Tricolores d'arracher un point face aux Espagnols, à l'issue d'une rencontre où les partenaires de Lloris ont d'abord bien défendu avant de marquer. Certes, ce fut à la dernière seconde, mais le plaisir n'en est que décuplé. Au fil de ce match à multiples rebondissement, il est apparu que la Roja était prenable dans son Stade de Vicente Calderon de Madrid, le mérite des Français aura été de s'en persuader jusqu'au bout. Car les éléments ont longtemps été contre eux.
Quatre mois après la défaite en quart de finale de l'Euro (2-0), les Français ne tardaient pas à s'apercevoir que les données du problème n'avaient pas changé d'un iota. En dépit d'un nouvel entraîneur, d'une composition d'équipe avec Evra préféré à Clichy, un Gonalons titulaire dans l'entrejeu et un trio d'attaque composé de Menez, Ribéry et Benzema en pointe, l'Espagne confisquait d'entrée le ballon. Certes, son utilisation quasi sans partage ne débouchait pas sur des occasions franches, il n'empêche que les Français étaient d'emblée placés sur le reculoir. Regroupés en bloc derrière, les Tricolores défendaient remarquablement bien face aux combinaisons ibériques. Mais une telle débauche d'énergie peut se révéler coûteuse et la moindre faute de concentration se paye immédiatement. A la 25e minute, Sergio Ramos, le meilleur joueur espagnol de la tête, était inexplicablement seul pour reprendre de la tête un corner : le ballon heurtait le poteau mais revenait sur Pedro qui recentrait aussitôt pour le défenseur du Real qui, cette fois, ne manquait pas la cible (1-0, 25e). Cruel mais logique.
Bien que dominée, notamment sur son flanc gauche où Alba et Iniesta s'en donnaient à cur joie, l'équipe de France parvenait à sortir la tête de l'eau à une reprise, sur une frappe croisée superbe de Benzema, mais Casillas veillait au grain (34e). Puis Menez pensait bien avoir donné l'égalisation aux siens mais son but était annulé pour un hors-jeu limite (39e). Tout heureux de cette décision, l'Espagne bénéficiait dans la foulée d'un penalty qui, lui, ne souffrait d'aucune discussion, après une faute aussi grossière qu'inutile de Koscielny. Mais Lloris, inspiré, détournait le penalty de Fabregas (42e) avant de parer une double tentative de Pedro et du même Fabregas (45e).
Giroud le sauveur
La France avait frôlé le K.O en fin de première période, elle retrouvait son souffle dès la reprise. Plus présents dans les duels, les partenaires d'un excellent Matuidi prenaient peu à peu le meilleur physiquement sur des Espagnols soudain démunis. Ribéry sur une frappe sans angle puis Benzema seul face à Casillas, passaient tout près de l'égalisation. Et les problèmes récurrents de la France devant le but de ressurgir... Car c'est bien là que les hommes de Deschamps ont semblé perdre ce match, et la première place du groupe de qualification : dans le réalisme offensif. "Semblé" seulement.
A quoi tient le sort d'un match quand il est aussi serré que celui-là ? Une blessure, celle de Benzema, qui sortait à deux minutes de la fin et se faisait remplacer par Olivier Giroud ? Malheureux depuis ses débuts sous le maillot bleu, l'attaquant d'Arsenal endossait le costume du héros dans les ultimes secondes en se démarquant parfaitement sur un centre de Ribéry et en catapultant le ballon d'un coup de tête rageur dans la cage espagnole (1-1, 93e). Grâce à ce match nul arraché au forceps, l'équipe de France continue de partager avec l'Espagne la première place de ce Groupe I et, avec la défaite de la Géorgie en Biélorussie (2-0), il semble acquis que la qualification se jouera entre ces deux nations. Et la France aura l'avantage de recevoir la sélection de Del Bosque pour le match retour Le Brésil n'est peut-être pas si loin finalement.
Déclarations :
Olivier Giroud (attaquant de la France et buteur): "C'est une grande satisfaction. On y a cru jusqu'au bout. Le but égalisateur est une récompense pour tout le groupe. On est allé le chercher tous ensemble. A titre personnel, c'est aussi une manière pour moi de faire taire les critiques que j'avais entendues dernièrement. Maintenant, l'Espagne dans ce groupe reste la favorite, mais pourquoi pas aller les titiller, comme on l'a fait ce soir".
Jérémy Ménez (ailier de la France): "On n'a pas volé ce match nul. On s'est battus jusqu'au bout et le résultat est donc amplement mérité. En première période, on était un peu timides, même s'il y a ce but qui nous est annulé pour un hors-jeu contestable. Ensuite, le penalty arrêté par Hugo (Lloris) est un petit tournant. En deuxième période, on a joué plus relâchés, on s'est procuré de nombreuses occasions. On s'est beaucoup donné, mais on a aussi montré qu'on savait jouer au ballon. Maintenant, il ne faut pas s'enflammer. C'est un bon match nul, il faut continuer. Si on garde les pieds sur terre, on peut faire quelque chose de bien. Notre objectif a toujours été de nous qualifier pour la Coupe du Monde, il n'a pas changé".
Mamadou Sakho (défenseur de l'équipe de France): "On est content après un tel résultat contre l'équipe d'Espagne, chez elle. On peut être fier de nous. Le discours du coach y a été pour beaucoup, il nous a remobilisés à la mi-temps. Cela reflète l'état d'esprit du collectif. Personne ne misait une pièce sur nous mais on voulait frapper fort ce soir."
Blaise Matuidi (milieu de terrain de l'équipe de France): "On est très satisfait du match qu'on a réalisé. Ce n'était pas facile contre la meilleure équipe du monde. Ce soir, c'est comme une victoire. Tout le monde nous voyait perdant et on a montré qu'on pouvait compter sur nous. Il y a de la qualité dans cette équipe. Le chemin est long, les Espagnols seront là jusqu'au bout mais c'est le plus beau match de ma carrière."
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