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MMA : Benoît Saint-Denis, la résilience d'un guerrier, des forces spéciales à l'UFC

Levallois accueille samedi sa première soirée MMA, une discipline qui se développe, et que Benoit Saint-Denis a découvert au plus haut niveau.

Article rédigé par franceinfo: sport - Charles Fandre
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
En seulement deux ans et demi, Benoît Saint-Denis s'est hissé jusqu'à l'élite des combattants de MMA. (UFC)

30 octobre, à l'Ethiad Arena d’Abu Dhabi. Benoit Saint-Denis effectue ses début à l'UFC, l'organisation de Mixed Martial Arts (MMA), la plus compétitive au monde. Le Brésilien Dos Santos le domine, l'asphyxie. Le Français est en difficulté. Le visage en sang, il encaisse coup de poings et de genoux à la tête. Une "guerre", comme disent les connaisseurs. Mais la guerre, la vraie, le Français l'a faite. Il n'est pas de ceux qui abandonnent. En un contre, il fait reculer son adversaire avant de l'amener au sol. Une réaction à l'image de l'homme. 

De la guerre en Afrique à la guerre dans l'octogone

Ce coeur, cette résilience, le Nîmois de 25 ans en a fait une vraie philosophie de vie. Depuis tout jeune, il rêve de faire partie de "l’élite des guerriers en France". En 2014, il intègre les forces spéciales. Son objectif : faire du terrain. Après un an et demi de sélection, il rejoint le 1er régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa). Agé de 19 ans, il est envoyé au Mali en tant qu’opérateur. Pendant trois ans, il parcourt l'Afrique au gré des missions antiterroristes.

De cette époque, il conserve plusieurs reliques. D’abord un tatouage sur le torse représentant le symbole des Templiers. Il le fait lorsque le président François Hollande se rend au Mali en 2017, et que le 1er RPIMa est chargé de sa protection. La foi catholique de Saint-Denis a joué dans le choix du symbole : les Templiers étaient les premiers gardes du corps des pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte.  

Durant trois ans et demi, Benoît Saint-Denis a œuvré en Afrique en tant qu'opérateur dans les forces spéciales. (Benoît Saint-Denis)

Il y a aussi un surnom, "God of War" : "Ça vient du fait que je suis parti faire la guerre à 19 ans", explique-t-il. Et enfin, une discipline quotidienne qui l’a accompagné jusqu’à ses débuts à l’UFC. Pour le reste, Benoît Saint-Denis n’aime pas rentrer dans les détails : "Je ne veux pas faire partie des gens qui se créent un personnage par rapport à ça. Je veux qu’on me retienne en tant que combattant plutôt qu’en tant que soldat. C’est une partie de ma vie que j’ai aimée, qui était excitante, mais aujourd’hui "God of War" c’est celui qui fait la guerre dans la cage", poursuit-il.  

Les arts (martiaux) de la guerre

Pour combattre l'ennui, le "dieu de la guerre" reprend les arts martiaux. C’est alors qu’il découvre le jiu-jitsu brésilien avec Christophe Savoca, qui devient un de ses coachs. Et la progression de Saint-Denis impressionne. Il quitte le costume militaire pour celui d'athlète avec le soutien de sa femme Lalou, qui a connu le haut niveau sportif dans le football puis le futsal.

"Mon travail c’est de mettre tous les moyens en œuvre à mon niveau pour qu’il puisse réussir. Que ça soit en l’épaulant ou en lui enlevant un maximum de tâches pour qu’il puisse se concentrer sur sa carrière", dit-elle sobrement.

Benoit et Lalou Saint-Denis partagent leurs entraînements et leurs objectifs. (Mickael El Assad)
 

En 2017, les qualités de Benoît Saint-Denis attirent l’attention de Daniel Woirin. Cet entraîneur français est réputé pour avoir coaché plusieurs très grands noms de l’UFC, comme Anderson Silva, Lyoto Machida ou Dan Henderson. C’est d’ailleurs à "Hendo" que ressemble le plus l’ex-militaire selon Woirin : "C’était quelqu’un qui ne lâchait pas, qui se relevait quand il tombait KO. Benoît c’est de la graine de champion. C’est incroyable d’être à l’UFC en seulement deux ans et demi."

Devenu combattant pro en février 2019, "BSD" accepte tous les affrontements possibles. La défaite, il ne connaît pas : en neuf combats, Saint-Denis en remporte huit avant la limite (7 soumissions et un KO technique), et voit un combat arrêté pour blessure : "Benoît avait la tête ouverte, c’était très impressionnant. Le médecin voulait arrêter le combat mais il le suppliait de continuer", se souvient son coach. 

Un "dieu de la guerre" dans la cage et dans la tête

Hors de l'octogone, c’est la mentalité de l’ancien soldat qui impressionne. Lalou Saint-Denis brosse un portrait de son mari aux antipodes de l’agressivité dont il fait preuve dans la cage : "C’est quelqu’un de très gentil, de très respectueux et de très calme. Il est hyper bienveillant avec son entourage." Même son de cloche chez Woirin : "C’est un gars très sympa et surtout très humble. Dès le début il avait une attitude de professionnel." Professionnel, il l’est à présent. Mais ça ne l’empêche pas de garder les pieds sur terre. "A la salle, il est très disponible et aide beaucoup les combattants de niveau inférieur", raconte son entraîneur.

Une fois dans l’octogone, la sympathie de Benoît Saint-Denis laisse place à une attitude acharnée. Il fait partie de ceux que les Américains qualifient de "dog" ("chien"). Loin d'être péjoratif, le terme désigne les combattants qu’il faut "éteindre" complètement si on veut s’en débarrasser. Lalou Saint-Denis parle de son mari comme d'"un combattant dans l'âme".  

Alors forcément, quand l’UFC lui propose de remplacer l’adversaire de Dos Santos, Saint-Denis signe. Son adversaire a trois fois plus de combats professionnels que lui, le combat se fait dans la catégorie de poids du dessus, et il n’a pas la possibilité de faire un camp d’entraînement complet. Quelle importance ? "Je pars du principe que je suis entraîné, que j’ai deux bras deux jambes comme le mec en face, et donc que je peux battre n’importe qui".   

Pas d'excuses pour Benoit Saint-Denis, à qui la défaite "a fait mal" malgré un courage admirable, qui a encore convaincu son coach de ne pas jeter l'éponge : "J’ai vu qu’il y avait encore la possibilité de combattre, qu’il était encore là, se justifie Daniel Woirin. Je sens qu’il ne m’aurait pas pardonné." Le coach connaît bien son poulain : "Le mec ne m’avait pas fini (sic), hors de question de lui donner une victoire facile. J’en aurais voulu à Daniel, ça c’est sûr".

Ce passage en moins de 77kg n'a été qu'éphémère : "J’ai hâte de montrer qu’à 70kg ça ne va pas être pareil quand je vais toucher et que les mecs ne vont pas se relever quand ils vont tomber." Son objectif à moyen-long terme : enchaîner les victoires chez les poids légers, être classé puis prendre la ceinture. "Je veux prouver que j’ai ma place à l’UFC." Au vu de la concurrence, la ceinture devra sans doute attendre un peu. Mais concernant sa place, Saint-Denis n'a plus rien à prouver.

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