MMA : Cédric Doumbè, nouvelle star de la cage et roi de la provocation
Le punch et la punchline. Cédric Doumbè, 31 ans, peut aussi bien blesser avec ses poings ou ses pieds qu'avec ses mots. Passé maître dans l'art de chambrer sur les réseaux sociaux, le Français a donné un aperçu de son talent de communicant avant son combat, jeudi 7 mars, contre Baki Chamsoudinov. Surnommé "The Best", Cédric Doumbè compte bien être aussi percutant dans la cage que derrière un écran.
Chez lui, il n'y a bien que le poids correspondant à sa catégorie (77 kg) qui soit moyen. Le reste n'est que démesure ou presque. Ancien kickboxeur redouté, sept fois champion du Glory (la principale organisation mondiale de cette discipline) et 75 victoires en 83 combats, le natif de Douala (Cameroun) a ensuite opté à l'orée des années 2020 pour le MMA, plus médiatique et lucratif. Avec la même réussite, la même férocité.
Son parcours dans la cage est immaculé jusqu'ici. Cinq combats, cinq victoires, dont la dernière en date avait fait couler beaucoup d'encre. Et de sang sur le visage de son adversaire, son compatriote Jordan Zébo. En à peine neuf secondes, celui à qui Doumbè avait offert un matelas sur lequel était écrit "Bonne nuit Jordan" était couché, K.O., le visage tuméfié, sous les yeux d'une foule conquise. Parmi les spectateurs ébahis, le rappeur Gims et le footballeur Kylian Mbappé. La star du PSG n'est pas la seule à suivre de près les exploits de Doumbè. Car l'homme, on l'a dit, sait faire parler de lui autrement que par ses qualités pugilistiques.
Par son sens de la communication et son humour extrêmement provocateur, il a su s'attirer les bonnes grâces des fans et des médias. Signe de l'impact du phénomène, l'Accor Arena a affiché guichets fermés vingt minutes après la mise en vente des billets pour son duel face à Chamsoudinov. Digne d'une rock star. "La hype, c'est moi qui la ramène", jugeait-il dans les colonnes du Magazine L'Equipe. Pas forcément modeste, mais lucide.
Si les puristes du MMA préfèrent s'attarder sur son explosivité, sa puissance et sa vitesse d'exécution, les médias, eux, raffolent de cette grande gueule. S'il s'est bien gardé d'écumer tous les plateaux télé avant son combat, Cédric Doumbè a tout de même fait des apparitions remarquées dans des émissions comme "Quotidien" ou "Clique". Là encore, son naturel a fait mouche. Mais l'homme n'est pas qu'une machine en recherche constante du buzz. Quand il tombe les gants, il s'avère aussi être un personnage attachant, complexe.
Une sensibilité exacerbée derrière la carapace
En 2020, l'athlète avait ainsi participé à un clip de sensibilisation en faveur de la Maison des Femmes, un établissement dédié à l'accompagnement des femmes qui ont été victimes de violences. Puis, à la suite de sa victoire contre Jordan Zébo, il avait pris la parole en public pour accuser son ancien entraîneur, Fernand Lopez, d'avoir commis des actes de violence conjugale. Ce dernier, dans une interview au Parisien [article payant], avait reconnu les faits pour lesquels il avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis en 2019.
Dans l'entretien accordé à L'Equipe, Doumbé, ancien surveillant scolaire, revient aussi sur son parcours de kickboxeur passé dans l'ombre malgré tous ses succès, qui explique aujourd'hui sa soif de reconnaissance. "Il y a la balance qui fait que tout arrive aujourd'hui", reconnaît-il. Et de se pencher avec nostalgie sur ce passé désormais très loin : "C'était les belles années, la jeunesse folle (...). J'allais m'entraîner à Amsterdam avec mon sac sur le dos, je dormais sur un canapé, je visitais la ville parfois entre deux entraînements (...) Je suis allé combattre en Chine, avec pas grand-chose pour vivre. Mais j'étais content, parce que c'était nouveau pour moi, que je partais à l'aventure et que je vivais mon rêve et surtout, je traçais ma voie. C'est cela qui m'a forgé aujourd'hui, c'est ça qui fait ce que je suis".
Posé, Cédric Doumbè n'en oublie pas moins de reprendre son costume de showman quand le business l'impose. Ça tombe bien, il a toute une salle qui l'attend jeudi soir. Alors, pour ne pas décevoir son public, la star a frappé fort, très fort. Dans une vidéo de 14 minutes postée sur les réseaux, il pousse le trash talk jusqu'à se mettre en scène en infirmier, prêt à donner les premiers soins à "Baki". "On va aller préparer ta chambre. Chouchouté, nourri, blanchi, logé. Bon, tu ne pourras pas trop te nourrir parce que tu seras quand même dans un état critique", promet-il à son adversaire, entre autres amabilités.
"Le trash talk, ce n'est pas vraiment une chose sur laquelle je compte", tempère cependant Doumbè. "C'est juste naturel. Ce n'est pas tant stratégique que ça chez moi. C'est surtout une soupape qui me permet d'évacuer le stress. C'est un exutoire". Ils seront pourtant des milliers, jeudi soir, à attendre que les gestes joignent la parole.
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