Mondial 2014: Une équipe est née
Vendredi à Kiev, l’équipe de France avait sans doute touché le fond. Justifiée, la pluie de critiques qui s’est abattue sur la maison bleue aura finalement piqué au vif des joueurs qui n’avaient pas encore réalisé l’importance de l’événement. Au lendemain de cette véritable gifle, même Didier Deschamps, celui qui incarne la culture de la gagne, semblait désemparé.
Il aura fallu un choc psychologique. D’abord un discours du sélectionneur, puis celui du président de la Fédération française de football Noël Le Graët, des discussions entre joueurs et aussi et peut-être surtout la diffusion en avant-première du film de Nabil Ben Yadir, avec Jamel Debbouze, l'acteur étant présent parmi les Bleus. Le film intitulé « La Marche », est inspiré de la marche symbolique de plus de 1000 kilomètres pour l’égalité et contre le racisme qui a eu lieu il y a 30 ans d’un groupe de fils et de filles d’immigrés.
"La Marche" en avant des Bleus
Ce film a visiblement touché les joueurs, et c’est ce qu’à révélé Rio Mavuba sur RMC. « Le discours du coach a été très bon, il nous est rentré dedans. Il nous a dit des vérités », a indiqué le joueur de Lille, précisant que le discours de Le Graët avait également servi. Mais Mavuba ajoute surtout un détail qui a son importance. « Dimanche, on a vu le film de Jamel Debbouze qui a rappelé des valeurs qu’on avait oubliées. Le discours de Jamel a été très bon. Il a parlé avec son cœur et nous a rappelé qu’il fallait réaliser la chance qu’on avait. On représente la France et beaucoup de gens sont derrière nous pour nous soutenir. »
Après la diffusion de ce film, deux joueurs dont Mickael Landreau, le troisième gardien de l’équipe de France, auraient pris la parole. Leur discours aurait été aussitôt accueilli par les applaudissements des tous les joueurs et du staff tricolore. Symbolisant toute cette révolte positive, Mamadou Sakho avait bien annoncé qu’il faudrait « avoir le couteau entre les dents et avoir conscience de la situation », au moment d’aborder le match retour. En regardant sa prestation, on a bien compris que ses mots n’étaient pas que des paroles en l’air.
Et au-delà du match parfait réalisé par les Bleus, les premières secondes qui ont suivi le coup de sifflet final scellant la qualification pour le Mondial, ont été le témoin de la naissance d’un groupe. Jamais encore, l’équipe de France n’avait communié à ce point avec le public sur le terrain. C’est bien la première fois que l’on a vu ces joueurs -que l’on accusait de ne pas chanter l’hymne- entonner une Marseillaise avec les 80 000 spectateurs du Stade de France. Même à l’issue de la finale de la Coupe du monde 1998, on n’avait encore jamais vu cela ! Le large sourire d’un Karim Benzema fier d’avoir participer à ce grand moment de sport résume toute la situation. Alors oui, on se plait à croire aujourd’hui qu’une équipe est née, ce mardi 19 novembre 2013.
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