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Mondial 2019 : VAR et penaltys à retirer, Pierluigi Collina s'explique

"On ne peut pas ignorer le VAR". C'est par ces mots que l'ancien arbitre international Pierluigi Collina a défendu ce mercredi la position de la FIFA dans ce débat houleux, qui émerge depuis le début de la Coupe du monde féminine en France. Utilisation de la vidéo, position des gardiens de but et penaltys à retirer, les nouvelles règles sur l'arbitrage sont loin de faire l'unanimité. L'instance a tenu à s'en expliquer.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (FRANCK FIFE / AFP)

Invité à réagir à la polémique autour de l’arbitrage et de l’utilisation de l’assistance vidéo (VAR) lors de la Coupe du monde féminine, le président de la commission des arbitres de la FIFA Pierluigi Collina a maintenu son cap, mercredi, lors d’une conférence de presse organisée au Parc des Princes.

Très attendue, c’est d’abord la question des penaltys qui a été abordée. Depuis l’entrée en vigueur le 1er juin dernier d’une nouvelle règle n’autorisant les gardiens et gardiennes de but à n’avoir qu’un pied sur la ligne au moment de la frappe, la polémique ne cesse d’enfler. Le Mondial féminin a mis en évidence les failles d'une loi 14 jugée trop sévère par certains, mais essentielle pour d'autres. 

A l’origine de cet imbroglio, le penalty de Wendie Renard qui a offert la victoire à l’Equipe de France face au Nigeria (1-0). Sur la première tentative de la joueuse de l’Olympique Lyonnais, la gardienne de but nigériane n’avait aucun pied sur la ligne, et a stoppé le tir. Après vérification du VAR, l’arbitre de la rencontre a logiquement fait retirer le penalty, transformé cette fois-ci par la défenseuse des Bleues. 

Alors qu'un scénario identique avait déjà profité à l’Italie face à la Jamaïque quelques jours plus tôt, une vague de contestation s’est déclenchée. De la gardienne de but du Nigeria Chiamaka Nnadozie, qui a jugé cette décision "dure et très injuste", à la sélectionneuse de l’Equipe de France Corinne Diacre, en passant par la figure du football suédois Lotta Schelin, toutes ont dénoncé une règle excessive, binaire, conçue pour rompre avec la logique du jeu.

"On ne  peut pas ignorer le VAR"

"Dans les matches avec le VAR, si la technologie nous permet de voir une erreur, on ne peut pas l’ignorer. Si un but est marqué par un joueur en position de hors-jeu, peu importe qu’il le soit de 2 ou de 20cm. Il est hors-jeu, et il n’y a pas de petit ou de grand hors-jeu. Pour les penaltys, c’est la même chose", s’est défendu Pierluigi Collina en conférence de presse.

L’ancien arbitre international a par ailleurs expliqué que toutes les équipes avaient été informées de cette nouvelle règle en amont de la compétition, ce qu’avait confirmé Wendie Renard après son but : "On a eu des réunions pour ça, on nous a expliqué que si la gardienne bougeait, il y aurait carton jaune et penalty à retirer" avait dit la joueuse de 28 ans.

"Il est écrit dans les règles, et ce depuis des années, que les gardiens de but doivent avoir les deux pieds sur la ligne au moment de la frappe. (…) Avec l’arrivée du VAR, nous avons réfléchi à rendre le travail du gardien plus facile en l’autorisant à bouger, à mettre un seul pied sur la ligne afin de pouvoir plonger d’un côté ou de l’autre" a également expliqué Collina, "Nous avons donné quelque chose en plus aux gardiens. Mais si un outil technologique nous permet d’appliquer les règles, nous devons le faire" a-t-il poursuivi.

Une nouvelle règle jugée donc trop sévère, sur laquelle l’instance dirigeante du football mondiale est rapidement revenue. Après la phase de poules du Mondial féminin, la FIFA a demandé la suspension du volet de cette règle qui obligeait les arbitres à distribuer un carton jaune aux gardiennes durant une séance de penaltys. Cela afin d'éviter une expulsion de la gardienne. Une requête approuvée par le Board de l’IFAB (International Football Association Board, instance qui détermine et fait évoluer les règles du football) jusqu’à un nouvel examen de la loi 14. 

L’instance a insisté sur le fait que le VAR était un facteur suffisamment dissuasif pour les gardiennes et que cela ne valait pas nécessairement un avertissement supplémentaire dans une séance de tirs aux but. Les cartons jaunes seront toujours donnés si la règle n'est pas respecté pendant le match. Par ailleurs, les arbitres ont aussi été invités à prévenir les gardiennes et les joueuses juste avant qu’un penalty ne soit tiré, sur l’aspect ferme et rigoureux de cette nouvelle règle.

Le record de penaltys déjà battu

"Nous ne pouvons pas considérer que la Coupe du monde féminine est une expérimentation sur ce point de vue" a insisté Pierluigi Collina, "En Russie, tout le monde a reconnu que le VAR était un succès. Nous avons voulu améliorer cette technologie avec de nouvelles règles qui sont appliquées aussi lors de l’Euro U21, de la Copa América ou de la Coupe d’Afrique des Nations" a-t-il lancé. L’ancien arbitre italien n’a pas hésité à s’appuyer sur des vidéos d’anciens penaltys mal tirés – notamment un penalty lors du match Croatie-Espagne de l’Euro 2016 où le gardien était à deux mètres de sa ligne au moment de la frappe – pour argumenter son propos. 

Si l'avenir de la loi 14 demeure incertain, le VAR a déjà fait ses preuves sur les terrains. Alors que les quarts de finale n'ont pas encore été joués, le Mondial 2019 a déjà battu le record du nombre de penaltys accordés sur l'ensemble de la compétition (23). Le précédent record datait de 2015, avec 21 penaltys tirés. Cette année en France, 12 penaltys ont été accordés sans l'assistance du VAR, 11 avec, et 3 ont été annulés après vérification vidéo. Le bilan est donc plutôt positif. Reste à savoir si cette nouvelle règle sera respecté à la lettre d'ici au 7 juillet. 

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