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Mondial féminin : États-Unis - Pays-Bas, une finale entre championnes

Triples championnes du monde et tenantes du titre, les Etats-Unis retrouvent les Pays-Bas championnes d'Europe, ce dimanche, à Lyon, pour une finale inédite. Largement favorites, les Américaines tenteront de devenir la deuxième nation à conserver son titre après l'Allemagne en 2007. Mais les coéquipières de Lieke Martens, tombeuses du Japon et du Canada dans ce Mondial, ont les arguments pour faire déjouer les Stars and Stripes, et réussir là où l'Espagne, la France et l'Angleterre ont échoué avant elles.
Article rédigé par Emilien Diaz
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

• Etats-Unis

Pourquoi elles peuvent gagner ?

Triples championnes du monde et tenantes du titre, les Américaines étaient les favorites à leur propre succession avant même le début du tournoi, et seront logiquement attendues pour un quatrième sacre ce dimanche. Bousculées à chacune de leur sortie depuis les huitièmes de finale, les filles de Jill Ellis ont fait preuve de caractère, et ont su trouver les ressources pour sortir indemnes de leurs trois rencontres face à l’Espagne, la France et l’Angleterre (2-1 à chaque fois).

Souvent dominées, parfois acculées en défense, les championnes olympiques de Londres ont tenu bon quand il le fallait, et leur réalisme insolent s’est chargé du reste. Les coéquipières d’Alex Morgan ont excellé dans un registre où la majorité des équipes du Mondial a pêché, en se montrant terriblement efficaces face au but. C’est bien simple, depuis le début du tournoi, les Américaines ont toujours inscrit au moins deux buts par match, et ont systématiquement ouvert le score avant la 12e minute de jeu. C’est cet argument qui devra faire la différence en finale.

Qu’est ce qui peut les en empêcher ?

Si les Etats-Unis ont remporté tous leurs matches et inscrit 24 buts depuis le début de la Coupe du monde, la réalité du terrain n’est pas aussi éclatante. Machine offensive, la sélection américaine a aussi affiché ses faiblesses défensives, et la charnière Sauerbrunn-Dahlkemper a laissé entrevoir certaines largesses dont pourraient profiter les attaquantes bataves.  

Rarement dans la pleine maîtrise, souvent dans la gestion, les championnes du monde ont systématiquement refusé le jeu quand elles étaient devant au score. Face à l’Espagne, la France et l’Angleterre, Jill Ellis a toujours choisi de terminer le match avec une défense à cinq, alors que son équipe semblait en mesure de jouer vers l’avant, et de se mettre à l’abri bien plus rapidement. Résultat ? Les Stars and Stripes ont vécu trois fins de matches suffocantes, où elles ont subi les assauts de leurs adversaires jusque dans les derniers instants. Ce refus de proposer une adversité face à la peur de subir une égalisation pourrait, à terme, s’avérer fatal.

La joueuse qui peut faire la différence

Absente en demi-finale en raison d’une blessure aux ischio-jambiers, Megan Rapinoe devrait être de retour dans le XI de départ des Etats-Unis face aux Pays-Bas. Meilleure buteuse de sa sélection depuis le début de la phase à élimination directe (4 buts), la joueuse de Reeding a éclaboussé le Mondial de sa classe et de son talent. Et si les Américaines joueront une nouvelle finale mondiale ce dimanche, c’est en partie grâce à elle.

Leader sur le terrain mais aussi en dehors, l’ex joueuse de l’OL a porté les USA dans les moments difficiles, et a su prendre ses responsabilités quand il le fallait, comme sur ses deux penaltys inscrits face à l’Espagne en huitième de finale. A 34 ans, elle s’impose avec Alex Morgan comme l’atout numéro 1 des Stars and Stripes, et entrera dans l’histoire si elle ajoute un nouveau titre à son palmarès (1 CDM, 1 JO, 2 championnats de France).

• Pays-Bas

Pourquoi elles peuvent gagner ?

Alors qu’elles n’avaient jamais dépassé le stade des huitièmes de finale (2015), les Pays-Bas sont la belle surprise de cette Coupe du monde. Portées par une très grande Lieke Martens (FC Barcelone), les Néerlandaises ont bénéficié d’une partie de tableau certes favorable, mais ont réussi l’exploit d’éliminer les Japonaises, finalistes de la précédente édition (2-1), et de battre le Canada – 4e nation mondiale – en phase de poules.

Débordantes d’énergie, généreuses dans l’effort, les filles de Sarina Wiegman n’ont jamais eu peur de faire le jeu, et ont vu leur audace récompensée. Séduisantes sur le plan offensif (11 buts inscrits), les championnes d’Europe ont aussi été très solides défensivement (3 buts encaissés). Elles ont su se montrer les plus fortes dans le money time, comme sur ce penalty inscrit par Martens à la 90e minute contre le Japon, ou ce but salvateur de Jackie Groenen en demi-finale (99e). Autre argument de poids : les Bataves ont parfaitement usé de leur force sur coups de pieds arrêtés. Dekker (1, 82m) face au Canada, Miedema (1,75m) et Van der Gragt (1,78m) face à l’Italie, ont prouvé que leur taille pouvait être un atout non négligeable, qu’il faudra à nouveau savoir exploiter en finale.

Qu’est ce qui peut les en empêcher ?

Si les Pays-Bas ont prouvé sur le terrain qu’elles méritaient largement leur place en finale du Mondial, leur faible expérience à ce niveau de la compétition sera forcément préjudiciable au moment d’affronter les Etats-Unis, triples championnes du monde et 4 fois finalistes. Dans un Groupama Stadium qui affichera complet avec plus de 60 000 spectateurs, dont une grosse majorité de supporters américains, les Néerlandaises pourraient être vite happées par l’événement.

Elles ont néanmoins montré en demi-finale qu’elles pouvaient gérer ce genre de situations, et leur titre européen acquis à domicile il y a deux ans devra leur servir au moment de défier l’armada Etats-Uniennes de Megan Rapinoe and co.  La marée orange qui a envahi Valenciennes en quart puis Lyon en demi-finale devrait aussi les aider dans ce sens.

La joueuse qui peut faire la différence

Elles sont plusieurs à pouvoir faire la différence côté Oranges mais la joueuse du FC Barcelone Lieke Martens est sans doute celle qui pourra faire basculer la rencontre en faveur des Pays-Bas. Double-buteuse face au Japon en huitièmes (2-1), c’est elle qui a permis aux Bataves de créer l’exploit, exactement comme elle l’avait fait en finale du championnat d’Europe 2017. Son acte de naissance au plus haut niveau.

Véritable star de sa sélection, icone du football féminin à l’image d’une Rapinoe ou d’une Marta, Lieke Martens est le maillon fort d’un collectif bien huilé. Techniquement un ton au-dessus de ses coéquipières, celle qui a longtemps rêvé de jouer, avec les garçons, assume pleinement son rôle de leader. Lui manque ce petit grain de folie qui pourrait lui permettre d’être un poil plus efficace. Mais cela ne fait aucun doute, les Pays-Bas auront besoin d’elle en finale.

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