Berlin : Charlotte Bonnet doit désormais assumer
Avant, les choses étaient simples pour Charlotte Bonnet. Elle n’était que la lieutenante de Camille Muffat. Mais en prenant sa retraite, la Niçoise a laissé sa camarade d’entraînement un peu plus seule. Et c’est dur. Dans et en dehors du bassin. Lors de son entrée en lice lors de la finale du 4x100m, elle a souffert dans une course qui n’était pas son objectif prioritaire, ni celui des Bleues. "C’était un peu dur, en plus j’ai "foiré" mon virage, racontait-elle lundi soir. C’est bizarre de commencer par une finale, d’autant que je n’ai pas l’habitude de participer à ce relais". Une course en plus pour la Niçoise qui a du se mouiller beaucoup plus depuis la retraite de qui vous savez… En claquant la porte, Camille Muffat a privé l’équipe de France d’un leader, d’un moteur et d’un aspirateur à médailles aussi.
La championne olympique du 400m nage libre faisait peut-être de l’ombre aux autres filles, mais elle les faisait gagner notamment aux JO où elles ramènent le bronze en relais 4x200m nage libre. "C’est compliqué avec l’arrêt de Camille, assure-t-elle. Pour le 4x200m, je sais que je ne nagerai pas le matin. On s’était qualifié avec le 7e temps à Londres, le 6e à Barcelone et on avait remporté une médaille au bout. Là on perd un élément fort, des secondes et de l’expérience aussi". Le relais, dont les séries ont lieu ce jeudi en fin de matinée à Berlin, signifient le début des choses sérieuses pour Bonnet qui va enchaîner l’épreuve collective et sa distance favorite lors des trois jours qui viennent.
Vidéo : la finale du relais 4x100m nage libre féminin
En garder
Depuis lundi, donc, Charlotte Bonnet n’arrête pas : finale 4x100 le premier jour, séries et demi-finales du 100m mardi et enfin finale ce mercredi. Elle a déjà enchaîné quatre courses et à la fin, le même résultat. Des places d’honneur et une impression mitigée. Les jambes ont du mal à suivre même si elle "est entraînée pour ça". L’enchaînement ne lui "fait pas peur". La volonté de bien faire est là, mais les résultats ne suivent pas : 5e avec le relais, 7e en finale du 100m en 54’96, elle qui ambitionnait de faire mieux que 54’50.
Vidéo : la finale du 100m nage libre féminin
Mais elle l’avait annoncée depuis le début, ses objectifs étaient situés en fin de semaine et non au début. On y est désormais. Mais après trois jours à s’élancer dans le bassin, a-t-elle encore assez d’énergie pour être performante, elle qui reconnaissait avant le début de l’Euro que la saison avait été longue pour elle aussi. "C’est mon inquiétude, s’interroge Roxana Maracineanu, j’ai peur qu’elle soit fatiguée par les quatre x 100 mètres qu’elle a effectués".
Tuer la sœur
Depuis quatre ans et son éclosion au haut-niveau, Charlotte Bonnet avait l’habitude d’évoluer dans l’ombre de Camille Muffat. La retraite de cette dernière l’a mise brusquement dans la lumière." Camille prenait de la place c’est vrai, reconnaissait-elle, maintenant il y en a plus pour moi et on me montre plus d’intérêt. J’ai plus de responsabilités aussi, donc plus de pression". Moins de repères également puisqu’elle partageait sa chambre avec elle. "Le quotidien avec elle me manque, on partageait autres choses que la compétition, on abordait d’autres sujets comme la vie privée. Maintenant, je suis dans la chambre avec Justine (Ress, ndlr), ça me permet de bosser mon anglais".
Du haut de ses 19 ans seulement, un jeune âge qu’on oublie assez vite maintenant qu’on est habitué à la voir au bord des bassins, elle supporte désormais une bonne partie - avec Coralie Balmy - du poids des ambitions féminines françaises. "C’est une fille qui apprend vite, je la trouve très bien, assure Maracineanu, je ne serai pas surprise qu’elle fasse un bon truc". Pour l’ancienne championne du monde du 200m dos à Perth (1998), l’absence de Muffat n’est pas forcément un accélérateur de carrière : "elle a déjà fait son parcours toute seule, je la sens assez forte pour se débrouiller. Elle n’avait pas d’états d’âme pour se bagarrer avec Camille lors des championnats de France ou en finale". Non, pour la consultante, le problème vient plutôt de l’absence d’alternative. "On n’a pas beaucoup de choix en équipe de France féminine, elle est déjà la tête d’affiche. Je ne vois pas trop qui d’autre…". Ce jeudi, elle va pouvoir répondre aux deux problématiques : faire gagner les Bleus et montrer qu’elle a les épaules assez larges pour assumer le leadership…
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