Championnats d'Europe de natation 2022 : Quentin Rakotomalala, pionnier de la natation artistique masculine française
Le Tricolore participe dimanche au solo masculin, une première pour cette épreuve lors d'une compétition internationale.
Quand l'équipe de France de natation artistique débarque, jeudi 11 août, pour son dernier entraînement au stade Nicola-Pietrangeli de Rome avant de décrocher sa première médaille internationale depuis 2007, un garçon les accompagne. Du haut de ses 19 ans, Quentin Rakotomalala détonnerait presque au milieu des nageuses. Il sera pourtant l'une des attractions de ces championnats d'Europe en Italie.
Pour la première fois en compétition internationale, la natation artistique propose des solos masculins. Seul garçon du contingent français, en lice sur le libre, dimanche, le natif de Marseille fait figure de pionnier.
"J'ai eu parfois honte"
Il s'agit d'un aboutissement pour celui qui a débuté à l'âge de 9 ans dans les bassins. "Ma sœur en faisait. Un jour, je l'ai accompagnée, elle m'a fait essayer et j'ai adoré ça", explique, la voix posée, le nageur au format de poche (1m65), tout en gardant un œil sur ses copines qui peaufinent les détails de leur programme. Tout n'a pas été facile pour celui qui évolue désormais depuis quatre ans à Aix-en-Provence au sein du club de Virginie Dedieu avec une bonne partie de la délégation tricolore. "Je voyais l'interrogation dans le regard des gens. J'étais mal à l'aise quand j'étais petit, j'ai même eu parfois honte. On m'a souvent dit que c'était un sport de filles", continue-t-il avec émotion.
La natation artistique s'est ouverte une première fois en 2015. Les épreuves en duo mixte (technique et libre) ont alors fait leur entrée aux mondiaux de Kazan (Russie). Pour l'occasion, Virginie Dedieu sort une nouvelle fois de sa retraite, accompagnée de Benoît Beaufils. Le duo échoue au pied du podium (4e) dans l'épreuve libre. Une inspiration pour Quentin Rakotomalala, alors âgé de 12 ans. Cependant, son idole se trouve du côté des Etats-Unis : la légende Bill May. Champion du monde en 2015 (technique) avec Christina Jones à Kazan, il est l'un des fers de lance de cette révolution dans un sport historiquement disputé par des femmes.
"On a presque toujours eu des garçons au club, donc ça ne nous choque pas qu'il soit là. Après, ils commencent et ils arrêtent, c'est souvent le cas. Et là, ça leur donne un objectif. Il n'y a pas raison que ça n'existe pas."
Virginie Dedieu, triple championne du monde de natation artistiqueà franceinfo: sport
Ainsi, ces dernières années, les jeunes nageurs ont pu enfin commencer à rêver. "Pendant un certain moment, j'étais le seul garçon. Désormais, il y a plein de petits qui commencent à s'y mettre. C'est en train d'évoluer, c'est positif. Ce n'est plus qu'un sport féminin", apprécie Quentin Rakotomalala. Il espère aussi faire évoluer encore la natation artistique grâce à cette mixité.
Les Jeux olympiques, le rêve ultime
En attendant, l'étudiant en BTS communication vise le podium à Rome. Face à lui, l'Espagnol Fernando Díaz del Río Soto, 18 ans, qui a remporté les finales des Worlds Series, la compétition annuelle de natation, et le local de l'étape italien Giorgio Minisini, semblent encore un ton au-dessus. Mais le bronze est bel et bien accessible lors de cette première finale de l'histoire.
Une médaille serait un bel élan pour la natation artistique masculine française alors que la discipline n'est pas au programme des Jeux olympiques de Paris en 2024. Mais Quentin Rakotomalala voit déjà plus loin. "J'espère qu'en 2028, je pourrai participer aux Jeux." Chaque chose en son temps, l'aventure ne fait que commencer.
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