Championnats d'Europe de natation 2022 : avec sa médaille de bronze, la natation artistique française ouvre enfin un nouveau chapitre de son histoire

Il y a quelques semaines, l'équipe de France de natation artistique technique échouait au pied du podium de Budapest, devancée par la Chine, le Japon et l'Italie. Les Bleues ont de nouveau été battues par l'équipe locale de l'étape, à Rome pour ces championnats d'Europe, jeudi 11 août, mais, cette fois, les filles de Laure Obry et Julie Fabre ont arboré un large sourire

Loin de la médaille en chocolat, c'est une breloque d'un autre type qu'elles ont touché. Le bronze. De quoi exulter avec la cinquantaine de supporters tricolores venus chauffer un Stadio Nicola Pietrangeli qui n'en demandait pas tant au vu des 35°C ressentis sur la calebasse. C'est une première sur le plan international depuis 2007 et le sacre de Virginie Dedieu en solo. Une éternité. L'équipe de France revient de loin. Celle-là particulièrement.

Le chemin tortueux des Bleues

Après l'arrêt en 2000 de nombreuses nageuses puis de Virginie Dedieu en 2007, la France a longtemps attendu cette nouvelle génération qui la remettrait sur le devant de la scène. La route a été en partie semée d'embuches, y compris ces derniers mois. Il a fallu adapter le programme à cause de plusieurs forfaits. Opérée des deux genoux depuis Tokyo, Laura Tremble n'a par exemple pas pu faire partie de la photo finale. Surtout, les jumelles Daria et Nastia Bayandina (25 ans), Russes d'origine et naturalisées il y a trois ans, n'étaient pas non plus présentes. Les doubles championnes du monde 2017 avec leur pays natal ont été suspendues en raison d'un contrôle antidopage positif datant de... 2014. 

Les cas de Covid-19 ont aussi freiné la progression de l'équipe. Eve Planeix (21 ans) et Oriane Jaillardon (16 ans) ont récemment intégré le groupe. La seconde évoluait il y a peu avec les juniors. Ambre Esnault (20 ans), Laura Gonzalez (21 ans), Mayssa Guermoud (19 ans), Maureen Jenkins (22 ans), Romane Lunel (17 ans) et Charlotte Tremble (23 ans) complètent l'équipe retenue pour cette finale, la même qu'à Budapest. C'est donc une équipe très jeune qui est arrivée à Rome.

Du bronze au goût d'or

Deux heures avant le moment fatidique, un ballet incessant se déroule à la surface de l'eau, là où quelques mois plus tôt, les meilleurs tennismen de la planète se renvoyaient la balle sur la terre battue. Le temps pour l'équipe de France d'effectuer les derniers ajustements. La France sait qu'elle peut croire en ses chances. L'absence de la Russie, toujours privée de compétition, ouvre la voie à des espoirs qui n'avaient plus été aussi concrets depuis plus de quinze ans dans l'épreuve par équipes.

Laure Obry l'affirmait au micro de la Fédération française de natation après la quatrième place aux mondiaux de Budapest, il y a quelques semaines : "C'est le podium au minimum ! Quand tu peux aller le chercher, il ne faut pas s'en priver." Un constat partagé par Virginie Dedieu. Vêtues d'une tenue multicolore aux teintes de rose, violet, bleu, complétées de dorures évoquant les parures romaines, les Françaises avaient bien reçu le message.

Après 3 minutes et 20 secondes d'un programme sans fausse note, les Bleues sortent de l'eau avec le sourire des choses bien faites. Mais c'est la surprise, voire l'incrédulité qui a pris le dessus. En voyant que la troisième place leur tend les bras, la benjamine Oriane Jaillardon se met à sauter de joie et peine à contenir ses larmes. La première médaille par équipe depuis 2000 est dans la poche, derrière l'Ukraine et l'Italie, intouchables. C'est un bronze qui a tout de l'or.

"C'est le résultat d'un gros travail de notre part. On est très fières", souffle Eve Planeix après avoir remporté sa première breloque, à seulement 21 ans. De bon augure à deux ans des Jeux olympiques de Paris pour cette équipe essentiellement composée d'étudiantes (la moyenne d'âge des huit médaillées est inférieure à 20 ans) et qui a toute la vie devant elle. Une nouvelle page est écrite et l'élan est pris à deux ans de Paris 2024.