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Jérémy Stravius, le leader qui refuse d’en être un

En l’absence de Camille Lacourt, Jérémy Stravius est le leader du dos français. Mais à Berlin, il refuse cette étiquette sans pour autant se débiner. S’il est ici, c’est pour les titres sur 50 et 100m.
Article rédigé par franceinfo
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Dimanche matin, Jérémy Stravius n’a pas nagé. Le dernier jour avant la compétition, le nageur d’Amiens n’a pas eu besoin de se rassurer une ultime fois. Il l’était déjà après une dernière séance samedi où les impressions ont été bonnes, "les sensations aussi". "J’ai été surpris, avoue-t-il. C’est un signe que je suis affûté et que la préparation a été réussie. Je me sens bien ». Le nageur d’Amiens sortait pourtant d’une saison "longue" de son propre aveu commencée il y a un maintenant en août où il a nagé "non-stop avec une petite pause durant l’hiver". Beaucoup donc. En se dispersant en plus. Mais la vérité du chrono a fini par le rattraper et l’aventure du papillon est retournée dans sa chrysalide. "Ce n’était pas forcément voulu. Au départ, je voulais me disperser un peu, mais comme la saison a été longue et que je n’avais pas forcément de temps de référence, j’ai décidé de me recentrer sur le dos et faire l’impasse sur le papillon", explique-t-il. Ca tombe bien, c’est là où il réussit le mieux, lui qui a partagé l’or mondial en 2011 avec Camille Lacourt à Shanghai sur 100m dos et qui a pris l’argent à Budapest il y a quatre ans.

Sans Camille, pas sans repère

Camille Lacourt justement. Depuis son forfait, l’ombre du dossiste de Marseille plane au-dessus de l’équipe de France et particulièrement au-dessus de celle du l’élève de Michel Chrétien. Il faut dire que les deux hommes ne se sont jamais quittés depuis 2010. A Budapest, Camille se pare d’or pendant que Stravius prend l’argent. A Shanghai, ils sont tous les deux au sommet du monde. A Barcelone l’an dernier, Camille devient champion du monde sur 50m, Jérémy récupère l’argent. Et aux France, ils se sont partagés les titres les deux dernières années.

"J’avais l’habitude de nager avec lui, il me laisse un petit seul quand même, souffle-t-il, mais je vais devoir faire avec. C’est dommage qu’il soit forfait". Collectif, mais désolé Stravius. Puis le compétiteur se réveille, alléché par l’odeur de la médaille. "On fait un sport individuel. Je vais être égoïste et penser un peu à moi. Ca libère une place pour le podium ? Oui c’est sûr, surtout sur le 50 mètres où il était ultra-favori", acquiesce-t-il. Ce forfait fait peser sur lui plus de pression également. Il l’avoue, mais ne se défausse pas. "Plus de pression ? Oui, c’est sûr, mais je vais essayer de gagner ces deux courses (le 50 et le 100m) individuelles et mon expérience sera une vraie force".

"Ni leader, ni favori, ni outsider, rien"

Toutefois l’absence de son compère de toujours ne fait pas de l’Amiénois un champion d’Europe à coups sûrs. Déjà car le Français refuse tout statut. "Je ne suis ni leader, ni favori, ni outsider. Je ne suis rien du tout, précise-t-il. C’est mieux pour moi, j’adore cette position où il faut aller chercher les meilleurs". De plus, ces résultats cette saison ne plaident pas en sa faveur. Au 50m, il n’a que le 4e chrono européen et le 5e sur le 100m. De plus, sur 100m , l’Anglais Christophe Walker-Hebborn, meilleur performeur mondial de l’année, a confirmé son rang ce lundi (meilleur temps des séries et des demi-finales) et sur 50m, "tout est ouvert" ajoute Stravius. Puis enfin parce qu’il a fallu se remotiver après des superbes médailles remportées à Barcelone notamment en relais. "Ce sont des championnats d’Europe, ce n’est pas moins élevé, mais après Barcelone, ce n’est pas forcément simple de repartir pour un Euro", déclare Stravius. Il l’a pourtant fait et avec une finale du 100m dos et un titre avec le relais dès le premier jour, il l’a plutôt bien fait. 

Vidéo : la qualification de Stravius pour la finale du 100m dos

Stasiulis se qualifie pour la finale du 100m dos

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