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Reportage Championnats d'Europe de natation 2022 : pour sa première, le plongeon de haut vol a réussi son grand saut

Programmée pour la première fois lors de championnats d'Europe, la discipline a fait frissonner les spectateurs romains, samedi. Côté résultats, les Roumains ont été au final les meilleurs.

Article rédigé par Emmanuel Rupied, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Rome
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le spécialiste de haut vol Gary Hunt (France), le 20 août 2022, lors des Championnats d'Europe de natation à Rome. (ALBERTO PIZZOLI / AFP)

Un premier coup de pistolet fend l'air de Rome, à 18h01, samedi 20 août, synonyme d'entrée dans l'eau du Suisse Jan Wermelinger qui ouvre le concours. Les championnats d'Europe de natation s'apprêtent à fermer leurs portes, dimanche, mais auparavant, des hommes ont décidé de prendre leur envol, pour leurs derniers sauts, dans un concours débuté jeudi.

Les athlètes sautent de 27 mètres, soit l'équivalent d'un bâtiment de huit étages, du haut de l'interminable structure en métal créée de toute pièce au sein du Foro Italico pour décerner la première couronne européenne de l'histoire dans cette discipline. 

Un géant de fer et un saut en velours

"To dive or to die" ("Plonger ou mourir" en français), soufflait Arianna un peu plus tôt dans la semaine quand ce membre de l'organisation italienne contemplait l'immense plongeoir qui faisait presque de l'ombre au Stadio Olimpico, l'enceinte de 80 000 places, situé juste derrière. L'ancienne plongeuse et consultante pour France Télévisions, Julie Vanderchmitt, abonde : "On joue presque sa vie à chaque plongeon, même si ce sont des professionnels."

Alors que débute le quatrième round, samedi, le podium semble déjà joué. Les Roumains Catalin-Petru Preda et Constantin Popovici d'un côté, le Français Gary Hunt de l'autre. Il suffit désormais de savoir dans quel ordre. En tribunes, il reste encore beaucoup de places assises libres mais l'ambiance est déjà chaude. Pendant que les premiers sauts s'exécutent sous les yeux parfois ébahis des spectateurs, les plongeurs sont situés aux différents étages du géant de fer. C'est ici que s'échauffent les athlètes. On se sert des barres pour effectuer quelques tractions et on monte les escaliers petit à petit pour rester chaud sans perdre trop d'influx avant d'arriver au sommet.

Au sommet, Gary Hunt y figure depuis désormais dix ans. Celui qui a été naturalisé français en 2020 a été sacré champion du monde par le passé dans cette discipline quand il évoluait pour le Royaume-Uni. Du haut de ses 38 ans, il a l'expérience nécessaire pour gérer cet événement. Des "Gary, Gary, Gary" sont entonnés par le clan français, composé des sœurs Gillet mais aussi du plongeur Jules Bouyer, de Clémence Monnery, la boss de l'équipe de France de plongeon et de Daniel Azorin, seul juge international tricolore présent à Rome. Quelques secondes plus tard, Hunt signe un saut presque parfait avec un 10 et deux 9,5 (sur 10). De quoi lui permettre de grappiller une place sur la boite. Il est alors virtuellement en argent, juste derrière Preda. 

"Brise l'eau ou l'eau te brisera"

Le soleil vient se cacher derrière la colline romaine quand l'ultime saut des 18 plongeurs de l'extrême commence devant des tribunes enfin pleines. L'ambiance a changé. Les applaudissements avant chaque saut sont plus ténus, presque discrets. La bande sonore sacrément rock du plongeoir a aussi baissé d'un ton. La tension a pris le dessus.

Pas de coefficient limité cette fois comme au saut précédent, chacun peut envoyer tout ce qu'il a. Comme à l'accoutumée, les Italiens, Alessandro De Rose en tête, ont droit à des applaudissements nourris. L'autre Français de la compétition, Robin Georges, se fait plus discret sur le plongeoir. Un nouveau saut et une 16e place finale. Trop juste.

Il est 18h57. Gary Hunt s'élance en avant-dernière position. Trois secondes et une entrée dans l'eau à 85 km/h. Stupeur : le Français se manque. Pour Daniel Azorin, "Gary ne maîtrise pas la fin du saut et il part un peu en arrière". A ce niveau, ça ne pardonne pas. Le Français est éjecté du podium et termine 4e. Le public explose, l'Italien De Rose prend la place de Hunt sur la troisième marche. Inattendu et cruel.

Gary Hunt

"C'était la première fois que j'étais aligné à la fois sur le plongeon et le haut plongeon en même temps. C'était dur. Je n'étais pas serein, ce soir, en haut", explique le Français à l'issue du concours. Dans le final, comme beaucoup de plongeurs avant lui, le pensionnaire de Montreuil a expérimenté le dur credo de ces sauts de l'extrême rappelé par Julie Vanderchmitt : "Brise l'eau ou l'eau te brisera".

Constantin Popovici n'a pas ces mêmes questionnements. Il vient de remporter son premier titre de champion d'Europe et d'offrir un doublé à la Roumanie en compagnie de Catalin-Petru Preda. Abreuvé de sensations vertigineuses, le public, lui, quitte les tribunes après avoir vécu un après-midi hors norme. 

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