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Mondiaux de Kazan: Le prédateur Manaudou attiré par l'odeur du cent ?

A 24 ans, Florent Manaudou a déjà tout gagné sur 50 mètres. Il est déjà le plus grand sprinteur de l'histoire de la natation française mais de nombreux observateurs rêveraient de le voir plus souvent sur le 100m, la course reine. Il en a certainement les moyens physiques et techniques. Mais en a-t-il vraiment l'envie ?
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Florent Manaudou (MARTIN BUREAU / AFP)

L'image lui colle à la peau. Florent Manaudou serait l'un des ces garçons terriblement doués mais lymphatiques. De ceux qui rechignent à s'entraîner, à accepter la souffrance. Alors, lui proposer de doubler sa distance de prédilection, pour le faire passer du 50 au 100m, ce serait tout simplement impensable. Le raisonnement est évidemment simpliste mais le fait est que le Français n'a jamais caché son attirance pour les efforts les plus courts, les plus explosifs. Pour lui, seul ou presque compte l'aller simple pour le paradis, le retour, au contraire, c'est l'enfer. Et il en va ainsi pour le crawl comme pour le papillon.

Personne ne peut nier que les 50 mètres de pure bestialité sont taillés à la mesure de la technique et du physique du colosse de Marseille. Sur cette distance, sa puissance au départ, ses ondulations reptiliennes sous l'eau et sa reprise de nage lui confèrent un avantage déjà quasi-définitif sur la concurrence dès les 15 premiers mètres. Bref Manaudou paraît imbattable. Mais, pour celui qui a remporté tous les titres possibles et imaginables dans cette discipline, n'existe-t-il pas un vrai risque de lassitude ?

Popov veut le voir sur 100m

Le frère de Laure est, comme sa soeur avant lui, parfois capricieux et il pourrait bien jeter le jouet avec lequel il s'est tant amusé pour expérimenter d'autres sensations, relever d'autres défis. C'est en tout cas ce qu'espèrent ses fans, parmi lesquels un certain Alexander Popov. Le plus grand sprinteur de l'histoire ne comprend pas pourquoi Florent Manaudou ne s'est pas encore totalement investi dans la course reine. "Avec sa puissance et ses qualités aquatiques il serait intouchable" fait remarquer le Tsar.

A bien y réfléchir, Manadou a aussi les armes pour étendre son empire sur 100 mètres. A ses dons intrinsèques, il possède également ceux des rois de l'aller-retour, et notamment une science des virages où ses coulées font merveille, comme l'ont révélé ses performances sur 50m en petit bassin. Sa nage, elle aussi, lui permet de voir plus grand. En progrès constant depuis qu'il a adopté la technique des bras tendus au détriment de celle, plus classique, et plus esthétique il faut bien le dire, du coude plié, Manaudou a trouvé un style qui correspond à sa corpulence de tank survitaminé. 

Le message de Doha

Les seules questions qui vaillent, finalement, c'est de savoir si Manaudou aurait la "caisse" nécessaire pour tenir pendant 100 mètres et s'il en a vraiment la volonté. Le champion olympique du 50 à Londres n'est pas un débutant sur la distance reine et ses quelques apparitions laissent entrevoir des promesses dorées. Pour quelqu'un qui dit "ne pas maîtriser tous les paramètres de cette discipline", il possède tout le deuxième meilleur temps de l'histoire en France (47''98). Seul Yannick Agnel a fait mieux (47''84)...

Pourtant, sauf revirement de situation, Florent Manaudou ne devrait pas s'aligner sur 100m à Rio. Romain Barnier aimerait bien convaincre son poulain de s'y tester mais il ne sait que trop bien que la décision reviendra, au final, à ce dernier. "J'ai complètement fait le deuil du 100m l'an dernier lors de la finale des Mondiaux petit bassin à Doha", se souvient le coach. "Pour moi, c'était presque une défaite volontaire, pour lancer un signal. Il était plus fort que Cielo et il n'est pas allé chercher la gagne. Ce jour-là, j'ai compris que c'était moi qui portais le projet et que ça ne marchait pas". Manaudou, qui connaît bien son sport, sait pourtant qu'un titre sur la course-reine le ferait entrer encore plus dans la légende. L'orgueil du champion pourrait donc le pousser à relever ce défi. Avec la certitude que s'il plonge, ce sera pour régner. Car ce qu'un Manaudou veut, en général, un Manaudou l'obtient. 

Dans la vague du phénomène Manaudou : 

Dans la vague du phénomène Manaudou

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