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Mondiaux de natation 2017 : Camille Lacourt, les doutes d'un capitaine

Capitaine d’une équipe de France à effectif réduit aux Mondiaux de Budapest (seulement neuf nageurs), Camille Lacourt avait confié son inquiétude sur le niveau de l’équipe de France de natation quelques jours avant les débuts des Championnats du monde. Une crainte symbolique du déclin que subit actuellement la natation française alors que le dernier rescapé de la génération dorée se retirera des bassins à l’issue de ces Mondiaux.
Article rédigé par Mathieu Aellen
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
 

"Ce n'est pas l'équipe de France qui me fait rêver." Les mots sont forts, d’autant plus lorsqu’ils sortent de la bouche de Camille Lacourt, capitaine de l’équipe de France de natation engagée aux Mondiaux de Budapest. "Pour moi, une équipe de France qui fait rêver, c'est (une équipe) avec des ambitions d'au moins cinq ou six médailles. Aujourd'hui, on n'est clairement pas à ce standing. C'est compliqué, c'est très différent de ce qu'on a vécu ces dernières années", confiait le quadruple champion du monde fin juin, à la veille de l'Open de France à Chartres. Une sortie qui pose le constat du déclin brutal d’une natation tricolore stagnant dans un état léthargique assez inquiétant depuis plusieurs mois.

"Manque de locomotives"

Car au sortir d’une Olympiade au bilan plus que décevant (seulement deux médailles d’argent), Florent Manaudou, Fabien Gilot, Coralie Balmy ou encore Yannick Agnel ont préféré dire stop et s’éloigner des bassins. Et hormis Mehdy Metella (25 ans), qui arrive à Budapest dans la forme de sa vie, et Charlotte Bonnet (22 ans), une partie de la nouvelle génération amenée à prendre la relève tarde à s’affirmer. C’est le cas notamment de Jordan Pothain, Clément Mignon et Damien Joly, qui ont vécu une saison post-olympique compliquée et ont fini par rater le coche aux Championnats de France qualificatifs pour les Mondiaux fin mai à Strasbourg. "Il n'y a jamais eu autant de départs de cadres" que l'année dernière, soulignait alors le directeur technique national par intérim, Laurent Guivarc'h, pour expliquer cette phase de creux. "Il nous manque des locomotives" ajoutait-il.

Résultat ? C’est une délégation XS qui a débarqué à Budapest avec seulement neuf nageurs engagés, soit le plus petit effectif depuis les Mondiaux de 2001 à Fukuoka au Japon (cinq nageurs). A titre de comparaison, ils étaient 29 à avoir obtenu leur ticket pour les Mondiaux de Kazan, pour un total de six médailles dont quatre titres. L’absence du relais français sur 4x100m, symbole de la réussite française (vice-champion olympique et double tenant du titre mondial), expose un peu plus les faiblesses actuelles de la natation française.

Débuts de Mondiaux ratés

Les débuts des Français à Budapest ne sont malheureusement pas là pour contredire les propos du capitaine Lacourt. Si Geoffroy Mathieu, 33e des séries du 100 m dos, est surtout attendu sur 200 m dos pour ses premiers Mondiaux, la déception est plus grande du côté de Béryl Gastaldello et de Jérémy Stravius. Tous deux sortis dès les séries du 100 m dos pour la Marseillaise ou du 200 m pour l’Amiénois, les accrocs sont pour le moment sévères. Seules Mathilde Cini, qui a battu son record personnel sur 100 m dos sans réussir à gagner sa place pour la finale, et Charlotte Bonnet, qualifiée pour la finale du 200 m, ont apporté un peu de soleil à une délégation plantée sous les nuages gris depuis plusieurs mois.

La retraite de Camille Lacourt à l’issue de ces Mondiaux tournera définitivement la page d’une décennie de folie symbolisée par les sacres olympiques et mondiaux des Manaudou, d’Alain Bernard, ou encore de Yannick Agnel. L’heure sera à la reconstruction autour des nouveaux chefs de file de la natation française que sont Mehdy Metella et Charlotte Bonnet. Une équipe de France que Camille Lacourt s'apprête à quitter sans regret. "Quand je vois cette équipe de France, je me dis qu’il est temps de tourner la page. Place à la nouvelle vague, à la nouvelle génération. Je suis heureux de passer le flambeau." A Metella et Bonnet de s’en saisir pour transformer les promesses en podium mondial.

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