Mondiaux de natation 2022 : "J’avais besoin d’un nouveau défi", affirme Charlotte Bonnet, qui s’offre une seconde carrière en brasse
S'offrir de nouvelles perspectives et sortir de la routine. Tel est le défi que la nageuse tricolore Charlotte Bonnet a décidé de se lancer pour cette nouvelle saison. De crawleuse, la Niçoise se dévoile brasseuse et s'ouvre aux épreuves de quatre nages. Une mue née d'un pari tenté en août par la direction de l'équipe de France aux Championnats européens : l'aligner en brasse sur le relais 4x100 mètres quatre nages.
A Rome, la protégée de Philippe Lucas remplace en finale au pied levé la spécialiste française Adèle Blanchetière, auteur d'un chrono très moyen en série, et claque le troisième meilleur temps de la course. Emerge alors l'envie d'une nouvelle aventure dans une nage que Charlotte Bonnet avait abandonnée depuis près d'une décennie.
Du crawl à la brasse, à un niveau mondial, la bascule est inédite. Avant de s’envoler pour Melbourne, où se dérouleront les Mondiaux de natation en petit bassin du 13 au 18 décembre (diffusés sur france.tv et France 3 les 17 et 18 décembre), la nageuse de 27 ans s’est confiée à franceinfo: sport sur ce contre-pied inattendu, à moins de deux ans des Jeux olympiques de Paris 2024.
Franceinfo: sport : Aux Mondiaux, vous serez alignée en brasse (50, 100, 200 mètres) et en quatre nages (200 mètres), mais pas en crawl, votre spécialité. Pourquoi ?
Charlotte Bonnet : Lors des championnats d’Europe à Rome cet été, où j’ai nagé la partie en brasse du relais 4x100 mètres, je me suis surprise moi-même. Après cette finale, je me suis dit que j’avais l’opportunité de tester d'autres choses. J’avais besoin de renouveau et d’un nouveau challenge. Depuis treize ans, je ne faisais que du crawl...
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J’ai envie de voir ce que je peux faire en brasse et en quatre nages. Mentalement, cela me fait du bien. Je suis plus heureuse et épanouie. Et en compétition, ça répond bien, donc je suis contente.
Comment s’est opéré le changement à l’entraînement ?
J’ai ajouté la brasse à mes entraînements en septembre. Ce n'était plus le cas depuis 2014. Philippe Lucas [son entraîneur depuis septembre 2021], était d’accord car j’avais bien nagé en crawl à Rome, sauf sur le 200 mètres où je suis passée à travers.
Je garde le même volume kilométrique qu’avant, mais avec une répartition différente. Je m’entraîne avec parcimonie en brasse car je n’ai pas encore le physique pour. Je fais beaucoup plus de quatre nages. Enfin, je conserve un peu de volume en crawl pour maintenir l’aérobie et le cardio, mais je ne fais plus de séries comme avant.
Je continue de m’entraîner avec le même groupe, mais le samedi, je nage à l’écart pour une séance plus courte et technique sur la brasse. J’ai encore beaucoup de choses à améliorer. Pour Philippe aussi, c’est un challenge. C’est excitant pour tous les deux.
Comptez-vous poursuivre l’expérience en grand bassin ?
Oui, car je ne souhaite pas me fermer de portes. Aux championnats de France en petit bassin de Chartres, début novembre, j’ai vu que ça répondait bien [titres et records de France aux 100 et 200 mètres brasse, titres sur 50 mètres brasse et 200 mètres quatre nages]. Je veux continuer l’expérience en grand bassin pour voir jusqu’où elle peut me mener. Les résultats à Melbourne ne seront pas déterminants pour la suite car la nage diffère beaucoup du petit au grand bassin.
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Peut-on alors vous imaginer en tant que brasseuse à Paris 2024 ?
Complètement. Sur le relais quatre nages, je suis déjà sûre à 99% de m’aligner en brasse. Si je m’améliore et que l’équipe monte son niveau en dos et en crawl, alors on pourra viser quelque chose.
Comment abordez-vous ces Mondiaux ? Quels sont vos objectifs ?
J’y vais avec plus de plaisir et de détachement par rapport à l’enjeu. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas d’ambitions fortes. Mais je serai moins déçue que si je m’alignais en crawl et que j’échouais.
L’objectif sera de rentrer dans au moins une finale sur une course individuelle et de remporter une médaille en relais. Après, on peut toujours rêver d’une médaille aussi en individuel. Moi-même, je ne sais pas vraiment de quoi je suis capable.
Avez-vous déjà une idée du moment où vous allez reprendre le crawl en compétition ?
Je ne sais pas. J’ai besoin de créer le manque pour y revenir. Et pour l’instant, ça ne me manque pas. Je me donne jusqu’à la fin de l’été pour refaire un point. Je verrai aussi en fonction de mon ressenti au cours de l’année 2023.
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