Natation : "C'est choquant de rentrer en France, j'ai l'impression que tout est petit", sourit Léon Marchand, de retour pour les France
C'est l'athlète français le plus attendu des Jeux olympiques de Paris. Léon Marchand, revenu en France il y a une semaine seulement après une nouvelle saison universitaire américaine exceptionnelle, disputera à Chartres (du 16 au 21 juin) les championnats de France élite pour valider sa qualification aux JO.
Le jeune Toulousain (22 ans) s'est ainsi prêté, en conférence de presse, samedi 15 juin, à son premier exercice médiatique. Souriant comme à son habitude, il a évoqué, entre autres, sa préparation agitée en vue de Paris 2024 après son passage chez les professionnels et "son déménagement express" à Austin, au Texas, pour suivre Bob Bowman, son entraîneur et ex-mentor de la légende Michael Phelps.
Léon Marchand, depuis Indianapolis [fin mars 2024] et les changements majeurs dans votre quotidien, comment avez-vous vécu cette période ?
Léon Marchand : Il y a eu la nouvelle qui est tombée juste après [le 1er avril] les NCAA [les finales universitaires américaines], comme quoi j'allais devoir changer d'université. Il a fallu s'adapter rapidement en sachant qu'on était à deux mois des Jeux. On a essayé de faire les choses rapidement et simplement. Je suis passé professionnel directement pour pouvoir communiquer avec lui [Bob Bowman]. Après, j'ai fait mon chemin avec les Pro Swim Series de San Antonio, où j'ai plutôt bien nagé, d'ailleurs. Enfin, je suis allé directement à Austin, donc ça a été un déménagement express.
A quel point cela vous a-t-il perturbé ?
Surtout au tout début. On se dit "qu'est-ce qu'on va faire ?". Puis, après, il y a eu le moment où j'ai pensé aux Jeux, et le focus sur ce que j'avais vraiment envie de faire à Paris. C'est vrai que je n'avais pas envie de mettre en péril ma préparation. Mais finalement, une solution a été trouvée très rapidement, à savoir d'aller tout de suite à Austin. Donc mentalement, ça allait. Ce qui était vraiment dur, c'était de quitter tous mes potes. Quitter tout le monde en une semaine, ce n'était pas facile, surtout après notre titre [Arizona State, son université, a été champion NCAA pour la première fois de son histoire].
Qu'est-ce que ça change de passer professionnel ?
Pas grand-chose à part que je ne suis plus dans l'équipe universitaire. Je suis davantage indépendant. Au final, je fais un peu ce que je veux dans l'année. J'ai le droit de rentrer en France plus tôt, de partir plus tôt ou de faire des compétitions comme la Coupe du monde, des championnats du monde en petit bassin et plein d'autres choses un peu différentes. Je ne suis plus obligé d'être dans l'équipe toute l'année. Donc c'est un peu plus de liberté pour moi au final. [Aux Etats-Unis] Je pourrai participer à toutes les compétitions professionnelles comme les Pro Swim Series ou l'US Open.
Comment vivez-vous votre retour en France ?
Déjà, c'est un peu choquant, j'ai envie de dire, puisque là je ne suis pas rentré depuis longtemps. J'ai l'impression que j'étais vraiment imprégné de la vie américaine. Donc quand je suis rentré, ça m'a vraiment fait bizarre... [Il se met à rire en parlant] J'avais l'impression que tout était tout petit... Les petites rues, les petites voitures, même au supermarché tout est petit ! Enfin, bref, au Texas en plus, c'est un peu abusé, donc c'était vraiment choquant. En une semaine, j'ai découvert pas mal de trucs là-bas déjà.
Qu'est-ce qui vous manque le plus de la France lorsque vous êtes dans votre quotidien aux Etats-Unis ?
La nourriture ! [Il répond très vite avec un grand sourire] C'est la nourriture : le fromage, la baguette de pain, ce genre de choses. Et la famille bien sûr ! [Il se reprend d'un seul coup dans une explosion de rires générale]. Non mais c'est la famille d'abord qui me manque, évidemment ! En termes de culture et de vie de tous les jours, c'est vraiment ça.
Chartres sera "déterminant" pour son programme olympique
Ces championnats de France représentent une étape importante pour vous, et surtout un passage obligatoire avant les Jeux de Paris...
C'est vrai que pour moi c'est une étape. Ce n'est pas comme il y a trois ans où c'était vraiment une finalité. Déjà de participer aux Jeux, c'était un rêve pour moi. Alors que là, je pense que j'ai changé d'objectifs. En même temps, je respecte aussi le fait que, pour tous les autres, ce soit très important. Qu'il faut faire des temps et que c'est effectivement plus stressant que d'autres compétitions. Donc il y a quand même un enjeu, et ça, j'adore ! Dès qu'il y a de l'enjeu, ça me permet de nager plus vite et d'avoir vraiment un petit challenge pour moi. Je suis content d'être ici.
Ces championnats de France seront-ils déterminants pour votre programme olympique, notamment sur le choix à venir de s'engager ou pas sur le 200 m papillon et le 200 m brasse [qui auront lieu à Chartres le même jour, comme lors des Jeux de Paris] ?
Oui, c'est sûr ! Je vais essayer de m'écouter ce jour-là, de voir un peu comment mon corps réagit après le 200 m papillon le matin et le soir. Et de voir mentalement si c'est possible d'en refaire deux le lendemain en finales. Donc je vais essayer de voir comment ça passe. Je vais voir aussi au niveau du temps tout simplement. Si je suis à deux secondes de mon meilleur chrono au 200 m brasse, alors là je saurai que physiquement c'était plus dur que ce que j'avais pensé. En tout cas, sur chaque course [il est engagé sur 400 m 4 nages, 200 m 4 nages, 200 m papillon et 200 m brasse], j'aimerais bien m'approcher du top 3 des temps mondiaux.
Vous ne prévoyez donc pas de battre votre record du monde sur 400 m 4 nages, établi à Fukuoka lors des Mondiaux 2023 ?
Non, non ! Je le répète, Chartres, c'est une étape.
"Je n'ai pas envie de perdre mon énergie ici. Je préfère nager en 4'02'' [son record du monde est à 4'02''50] à Paris qu'ici, forcément. En revanche, ça fait longtemps que je n'ai pas fait un bon 400 m 4 nages donc j'ai besoin de repères."
Léon Marchand, recordman du monde du 400 m 4 nagesà franceinfo: sport
A San Antonio [le 12 avril], j'ai nagé 4'11'' donc j'étais un peu loin de mon temps. Je vais essayer de faire une bonne préparation pour les Jeux et de faire moins de 4'10''. Ce serait bien déjà.
Aux Jeux, justement, que visez-vous ?
La médaille d'or ! Mais je ne sais pas combien [rires]. Je vais essayer de gagner une course, ça serait top dans un premier temps, et j'aurai quatre chances différentes.
Est-ce que le fait que vous vous présenterez à ces Jeux de Paris 2024 comme l'une des stars les plus attendues, tous sports confondus, vous perturbe ou à l'inverse ricoche sur vous ?
Je ne pense pas que ça ricoche... [rires] Mais je kiffe ! Ce n'est pas un souci de voir ma tête sur un panneau publicitaire. Maintenant, je me dis "bon ok, c'est cool". Alors qu'avant, au début quand ça a commencé, ça me gênait. Donc je suis plus à l'aise avec ça.
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