Natation : la Fédération internationale crée une "catégorie ouverte" où pourront concourir les personnes transgenres
Dans un communiqué publié dimanche, la Fina entend devenir le premier sport à faire une place aux sportifs transgenres.
La natation entend devenir "le premier sport" à mettre en place une "catégorie ouverte" où pourront concourir les sportifs transgenres, a annoncé dimanche 19 juin à Budapest, Husain Al-Musallam, président de la Fédération internationale de natation (Fina).
"Je ne veux pas qu'on dise à un sportif qu'il ne peut pas concourir au plus haut niveau", a déclaré Al-Musallam lors d'un congrès extraordinaire de l'instance qui s'est tenu pendant les championnats du monde. "Je vais mettre en place un groupe de travail pour créer une catégorie ouverte lors de nos compétitions. Nous serons la première fédération à le faire."
Aquatics Integrity Unit members elected, new gender inclusion policy adopted during the FINA Extraordinary Congress in Budapest https://t.co/04Row3OLjf
— FINA (@fina1908) June 19, 2022
La Fina a par ailleurs précisé dans un communiqué publié sur son site que cette ouverture de catégorie spécifique aux sportifs transgenres avait été votée à plus de 71% lors de ce congrès et que "cette nouvelle politique d'inclusion du genre entre en vigueur le 20 juin 2022". Cette politique exclura de fait de nombreuses nageuses transgenres de la natation d'élite féminine.
Des "avantages structurels" pour les nageuses nées de sexe masculin
La Fina avait chargé trois comités, l'un composé d'experts médicaux, l'autre d'avocats et le dernier d'athlètes, d'examiner la question. Le comité médical a constaté que les hommes qui devenaient des femmes conservaient des avantages. "Même avec des hormones de suppression, les avantages liés au sexe seront conservés", a déclaré l'un des membres, le Docteur Michael Joyner.
Certains des avantages que les hommes acquièrent à la puberté sont "structurels" et "ne sont pas perdus avec la suppression des hormones", a déclaré un autre membre, le Docteur Sandra Hunter de l'Université Marquette de Milwaukee. "Cela inclut notamment des poumons et des coeurs plus grands, des os plus longs, des pieds et des mains plus grands."
Du côté des nageurs, l'Australienne Cate Campbell, quadruple championne olympique, a pris la parole pour défendre cette position. "Mon rôle est de me tenir ici aujourd'hui et de dire aux personnes transgenres que nous voulons qu'elles fassent partie de la grande communauté des nageurs (...) mais aussi de me tenir ici et de dire (...) 'Ecoutez la science'", a-t-elle déclaré.
La natation prend position mais la controverse persiste aux Etats-Unis
Mi-mars, Lia Thomas, une étudiante de 22 ans née de sexe masculin, était devenue la première nageuse transgenre à remporter un titre universitaire aux Etats-Unis, sur 500 yards. Un succès qui avait créé la polémique, ses détracteurs estimant qu'ayant concouru en tant qu'homme par le passé, Lia Thomas bénéficie d'un avantage physiologique injuste.
Dans une interview accordée fin mai dans l'émission Good Morning America de la chaîne ABC, elle avait notamment relevé que "les gens trans ne font pas leur transition pour le sport". "On fait notre transition pour être heureux et authentiques et (devenir) qui nous sommes vraiment. Faire notre transition pour obtenir un avantage n'est jamais quelque chose qu'on prend en compte dans nos décisions. Les femmes trans ne menacent pas les sports féminins", insistait-elle.
Lia Thomas, transgender swimmer, is sending shockwaves through her sport | @phillutton78 https://t.co/rMXpXTTWBe
— The Sydney Morning Herald (@smh) March 19, 2022
Après la première participation aux JO de Tokyo d'une sportive transgenre, en haltérophilie, cette question est un casse-tête pour les institutions sportives. En novembre, le Comité international olympique (CIO) a renvoyé la balle à chaque sport, soulignant l'absence de "consensus scientifique sur le rôle de la testostérone dans la performance dans l'ensemble des sports".
La controverse est aussi politique aux Etats-Unis. Plusieurs Etats conservateurs ont ainsi récemment adopté des lois pour barrer la route des jeunes filles transgenres au sport féminin à l'école.
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