: Reportage Paris 2024 : Rafael Fente Damers, ce jeune nageur qui a la tête sur les épaules
L’image était impressionnante mardi soir dans le bassin de Chartres : l’épaule gauche déboîtée alors que Rafael Fente Damers venait de se qualifier sur la reine des courses. "Je savais que ça allait être une bagarre pour la deuxième ou troisième place et j’ai donné 110%, se souvient le jeune homme. Vu que j’étais fatigué et comme j’étais content, j’ai frappé l’eau et en tapant, mon épaule est un peu sortie. J’avais trop d’adrénaline pour que ça fasse mal, j’étais trop content."
Trois jours et plusieurs examens après, le nageur de 17 ans n’a plus le bras en écharpe quand nous le rencontrons. Mais il ne sait pas quand il pourra reprendre sa préparation. Il lui en faut plus pour lui faire perdre le sourire. "J’ai déjà eu beaucoup de trucs comme ça. J’ai déjà eu des blessures au niveau du dos quand j’étais petit. Ça montrait un point faible et j’ai toujours renforcé ces parties-là. Je suis revenu plus fort après. C’est ça la motivation."
"Il retournera progressivement dans l'eau"
Le vice-champion de France du 100m nage libre "aura une préparation légèrement différente des autres, insiste Denis Auguin, l’entraîneur en chef de l’équipe de France. Notre chance, c’est que c’est un jeune garçon qui n’a pas besoin d’une période d’affûtage très longue. On peut jongler un peu avec ça. Il retournera progressivement dans l’eau dans plusieurs jours avec un très gros volume pour mobiliser les jambes. Sur cette première semaine dans l’eau, on le fera nager sur un bras."
Rafael Fente Damers a déjà un caractère bien trempé. Son partenaire du 100m nage libre Maxime Grousset en sait quelque chose. "C’est un gars un peu fou, résume le champion du monde. C’est pour ça qu’il est bon. Il n’a pas peur de rien et il va progresser." Est-il vraiment "un peu fou" ?
"Je suis un peu fou dans les moments où il faut être fou. Mais après, à l’entraînement je suis déterminé. Je me concentre sur ce qu’il faut faire."
Rafael Fente Damersà franceinfo
Et de conclure avec malice et avec son accent : "Je ne sais pas trop comment me décrire, je suis Rafael." Son accent ? C’est le fruit de son parcours de globe-trotter déjà très riche pour un garçon né en 2006 : né aux Etats-Unis d’un père espagnol et d’une mère lilloise, il a aussi vécu en Angleterre. Il nage aujourd’hui à Madrid où il poursuit sa scolarité et il est licencié au club des Dauphins d’Annecy.
Le jeune homme a toujours voulu porter les couleurs de la France. "J’ai le livre sur l’odyssée olympique de la natation française et je l’ai depuis que je suis tout petit. Je le regarde tout le temps et je vois les parcours d’Alain Bernard, Frédérick Bousquet ou Laure Manaudou. Je voulais tellement être l’un d’eux. C’est pour ça que je veux nager pour la France."
Passionné de jeux vidéo et de basket
Ce n’est pas la première fois que Rafael Fente Damers passera du temps avec l’équipe de France. Mais c’est bien la première qu’il l’intégrera avec un nouveau statut. "C’est un nageur très agréable à vivre au quotidien, très souriant, fait remarquer le directeur technique national de la natation française, Julien Issoulié. Il est toujours emballé par ce qu’il fait. Ce n’est pas un nouveau dans l’équipe, ce n’est pas un sujet."
Ce passionné de jeux vidéo et de basket (il rêve de croiser la star française Victor Wembanyama cet été au village des athlètes) va continuer ses voyages : en septembre 2025, Rafael Fente Damers partira au Texas rejoindre Léon Marchand et son entraîneur américain Bob Bowman. La promesse d’un avenir tout tracé…
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