Colin Kaepernick au coeur d'une polémique aux Etats-Unis
Pendant que la France se divise sur la question du burkini, les Etats-Unis ont eux aussi des débats nationaux houleux. La faute - si cela en est une - au joueur de football américain Colin Kaepernick, qui a refusé vendredi de se lever de sa chaise tandis que retentissaient les notes de "La Bannière étoilée" dans le Levi's Stadium, où son équipe accueillait les Green Bay Packers. Le métis de 28 ans, dont le père biologique était noir mais qui a été adopté et élevé par un couple de Blancs, a ensuite justifié son geste : "Je ne vais pas afficher de fierté pour le drapeau d'un pays qui opprime les Noirs. Il y a des cadavres dans les rues et des meurtriers qui s'en tirent avec leurs congés payés" faisant ainsi référence à de récents abus policiers ayant causé la mort brutale de Noirs non armés.
Des internautes se sont filmés en train de brûler le maillot du quarterback, qui avait pourtant conduit San Francisco jusqu'au Super Bowl 2013 (défaite contre Baltimore 34-31). Pour l'instant, le joueur aux bras tatoués semble pouvoir compter sur le soutien de son club. "Nous reconnaissons le droit à tout individu de choisir de participer, ou non, à la célébration de notre hymne national", ont fait savoir les 49ers, qui ont remporté le Super Bowl à cinq reprises. La Maison Blanche s'est elle clairement démarquée du sportif, en lui reconnaissant toutefois le droit de proférer ses opinions.
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Donald Trump prend parti
Lundi, le candidat républicain à la maison Blanche Donald Trump y est allé de sa déclaration lors d'une interview à une radio de Seattle, qualifiant d'"exécrable" la posture de Kaepernick et lui conseillant de "chercher un pays mieux adapté".
La légende du football américain Jerry Rice a lui aussi pris position sur un message posté sur Twitter :
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"Toutes les vies sont importantes. Il se passe tellement de choses dans ce monde aujourd'hui. Est-ce qu'on ne peut pas tous vivre ensemble ? Colin, je respecte votre position mais ne manquez pas de respect au drapeau."
Kaepernick dans la lignée d'autres sportifs
Par son geste, Kaepernick a emboîté le pas à d'autres joueurs professionnels luttant contre les discriminations raciales ou la violence des armes à feu, parmi lesquels les stars du basket-ball Dwyane Wade, LeBron James ou Carmelo Anthony. Mais, contrairement à ces piliers de la NBA, Kaepernick a délivré son message à un moment très sensible. Aux Etats-Unis s'attaquer au Stars and Stripes (le drapeau) ou au Star-Spangled Banner (l'hymne national) est un jeu très dangereux.
La chanteuse Sinead O'Connor en avait fait les frais en 1990, excluant de se produire dans le New Jersey si l'hymne américain était joué en préambule. L'Irlandaise avait été la cible d'une campagne de rejet, bannie par plusieurs radios. Un quart de siècle plus tard, Colin Kaepernick se retrouve vilipendé sur les réseaux sociaux, des Américains exigeant de la Ligue nationale de football américain (NFL) sa suspension, voire son licenciement.
Accusé de bafouer un symbole et de politiser son sport, Colin Kaepernick s'inscrit aussi dans une lignée d'athlètes protestataires noirs qui ont marqué les Etats-Unis. Inhumé en juin entouré d'hommages planétaires, la légende de la boxe Mohamed Ali avait payé de plusieurs années d'interruption de carrière son refus d'aller combattre au Vietnam. Egalement gravés dans la mémoire collective sont les poings gantés de noir de Tommie Smith et John Carlos, sur le podium du 200 mètres des jeux Olympiques de Mexico de 1968. Ces deux athlètes, dénonçant la ségrégation raciale théoriquement abolie mais encore bien présente alors, ont été boycottés par les médias et honnis durant des décennies, avant d'être réhabilités tardivement.
Au regard de précédents historiques, Colin Kaepernick peut s'attendre à naviguer en mer agitée un bon bout de temps. D'autant que le joueur a promis de continuer à s'asseoir pour les prochains matches. Le feuilleton n'a pas fini d'être alimenté.
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