NFL : Anthony Mahoungou veut croire en son rêve américain
Passé en moins de cinq ans du vestiaire de La Courneuve à celui des Philadelphia Eagles, champions de la ligue professionnelle de football américain (NFL), Anthony Mahoungou a encore deux semaines pour faire sa place dans l'équipe, un pari fou. Casque ailé, uniforme vert, rien ne le distinguait de ses coéquipiers, le 9 août, lorsqu'il a défilé entre des gerbes d'étincelles, devant un public en liesse, en ouverture du premier match officiel des Eagles depuis leur triomphe du Super Bowl, début février.
Mais le jeune Français de 24 ans est désormais un Eagle, ce qui se fait de mieux dans le monde du football américain, même si nous ne sommes qu'en pré-saison et qu'il est encore loin d'intégrer l'effectif définitif. Aujourd'hui, l'équipe compte encore environ 90 joueurs, mais seuls 53 seront retenus.
Journées chargées
Fort d'un parcours universitaire brillant, notamment à Purdue (Indiana) où il a explosé en fin de saison dernière, le jeune homme a des références américaines que n'avaient pas ceux de ses compatriotes qui ont tenté, en vain, leur chance en NFL depuis 15 ans. Mais il n'a pas été choisi lors de la draft, le processus de sélection officiel qui lie à une franchise les candidats à la NFL. Finalement signé en mai par Philadelphie, le receveur pâtit, du coup, d'un handicap supplémentaire.
"Mes chances sont très infimes", reconnaît-il. "Il y a beaucoup de concurrence à mon poste. Ils ont signé pas mal de vétérans. Mais bon, j'ai toujours réussi à battre les pronostics, donc ça ne me fait pas peur." Chaque jour, l'ancien arrière gauche de l'Association sportive courneuvienne, passé du "soccer" au football américain vers 14 ans, se plie au programme qui l'occupe de 6 heures à 20 heures. Un peu plus de deux heures d'entraînement physique, quasiment le double de séances vidéo, pour assimiler les dizaines de combinaisons offensives, de la musculation: les journées sont chargées.
Mais Anthony Mahoungou (1,90 m pour 95 kg) en redemande, soucieux de mettre toutes les chances de son côté, il travaille une heure de plus le soir avec un autre receveur, le vétéran Mack Hollins. Des centaines d'heures de travail, mais au final, très peu d'occasion de montrer effectivement ce qu'il vaut.
Peu de chances de se monter
Le football américain est un sport de séquences, des poignées de secondes entrecoupées de longs temps-morts, qui se font encore plus rares lorsqu'on est dans le troisième groupe des receveurs, derrières les titulaires, mais aussi les remplaçants.
"Des fois, c'est très dur", admet, avec le sourire, celui qui porte le numéro 6. "Tu donnes, et au final, tu as droit à quatre snaps (phases de jeu) alors que tu te prépares autant que les autres, si ce n'est plus parce que je fais beaucoup d'extra pour être prêt quand ma chance arrive. Je me dis juste que ça va payer à un moment."
La concurrence est très intense, mais "il y a une très bonne atmosphère, dans notre groupe de receveurs et même généralement dans toute l'équipe", dit-il de ce club adulé dans la région, comme en témoignent les quelque 35.000 personnes présentes pour un simple entraînement, samedi. "Il y a des vétérans qui viennent me voir pour me dire: tu as de la chance à Philadelphie", dit-il. "Dans d'autres équipes, c'est vraiment chacun pour soi."
Encore deux semaines de pré-saison
Il ne reste à l'ancien du Flash de La Courneuve que deux petites semaines et deux matches pour faire la différence, même s'il sait déjà qu'il ne sera sans doute vraiment utilisé qu'au dernier, le 30 août, contre les Jets.
"Ces gars-là, au niveau football américain, il est aussi bon qu'eux", estime Richard Tardits, le seul Français à avoir disputé une saison NFL, sous le maillot des New England Patriots (1990-92). "Il en a fait la preuve en université", dit-il. "Mais si devant lui personne ne se blesse, ne fait une connerie ou n'est échangé, malheureusement, au dernier cut (dernier écrémage), il ne sera pas pris."
"Viser la lune"
"Il existe, ce facteur chance", veut croire l'ancien linebacker (joueur de ligne en défense), qui dit en avoir lui-même bénéficié lorsqu'il était joueur. "Etre là au bon endroit, au bon moment. J'espère qu'il l'aura." Le plan B, championnat canadien (CFL) ou Europe, Anthony Mahoungou ne veut "pas en entendre parler. Pourquoi viser les nuages quand on peut viser la lune, le soleil?"
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