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NFL : Sean McVay, trajectoire d'un prodige du coaching

Dans la nuit de dimanche à lundi (0h30), Sean McVay deviendra le plus jeune coach à disputer un Super Bowl. L'entraîneur des Los Angeles Rams, élu coach de l'année en 2017, ne cesse d'apposer sa griffe tactique sur son équipe depuis son arrivée il y a deux ans. Pour sa première finale, il aura face à lui un monument de la NFL : les New England Patriots de Tom Brady et Bill Belichick, qui le contemplent du haut de leurs cinq titres gagnés ensemble. Un défi à la mesure de son talent.
Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
  (CHRISTIAN PETERSEN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

La scène se déroule le 13 septembre dernier sur le bord d’un terrain de football. Sean McVay, head coach (coach principal) des Los Angeles Rams est questionné par le média Bleacher Report sur le jeu appelé lors d’une action précise. “Semaine 12, Saints contre Rams, 4’29 dans le deuxième quart-temps. Deuxième tentative et 7 yards a à gagner. Que s’est-il passé ?”

L’ancien coordinateur offensif des Washington Redskins réfléchit une fraction de seconde, puis assène : “Touchdown de Josh Reynolds sur une passe de Jared Goff de 7 yards contre une défense “3 man rush””. Bingo.

Un coup de chance ou un souvenir précis dans un nuage de souvenirs brouillés ? Absolument pas. Second essai. “Revenons en 2015, semaine 9. Tampa Bay contre Washington. Deuxième tentative et 7 yards à parcourir. 58 secondes à jouer dans le dernier quart-temps. Quel jeu est appelé ?” Cette fois, pas même une once d’hésitation. “Tracé de route de Jamison Crowder sur le bord de touche”. La réponse est parfaite, la précision est implacable. Voilà peut-être ce qui définit le mieux Sean McVay, coach des Los Angeles Rams qui affrontent les New England Patriots dans la nuit de dimanche à lundi (0h30). 

Une compréhension totale du jeu, une célérité d'analyse et une mémoire hors-norme. "Il comprenait tout en attaque et était déjà un grand leader", explique Shane Montgomery, son coach à l'université, où McVay joue receveur après avoir débuté en tant que quarterback.

"Dans les premiers mois, je pensais que c'était un génie", raconte l'ancien tight-end de Washington Chris Cooley. "Mais après avoir travaillé avec lui plusieurs mois, j'ai compris qu'il était un OVNI dans le monde du football."

Coach de l'année dès son arrivée

Plus jeune coach de l’histoire à disputer la grande finale NFL (33 ans), McVay s’est imposé en deux ans comme le détonateur d’une équipe des Rams qui est passée d’une équipe moyenne à un prétendant au titre. D’un bilan négatif sous les années Fisher entre 2012 et 2016, McVay a remonté les Rams, désormais à Los Angeles, à un bilan de 11-5 en 2017 puis à 13-3 cette année.

Génie tactique, leader de vestiaire, l’ancien coach des tight ends aux Redskins convainc aussi rapidement qu’il dissèque les défenses adversaires. Désigné coach de l’année en 2017, McVay a su pour l’instant assembler parfaitement toutes les pièces d’un puzzle que beaucoup auraient abandonné. Cette année, McVay a réussi cette année un tour de force supplémentaire : faire tirer dans le même sens des joueurs aussi caractériels qu’Aqib Talib, Marcus Peters et Ndamukong Suh, débarqués cet été pour ramener le trophée Vince Lombardi dès leur arrivée.

Dans un effectif rempli de stars autant en défense qu’en attaque, réussir à unifier autant de talents peut-être autant un piège qu’un avantage. Surtout pour un bleu dans le costume de head coach. C’est pour l’instant son plus grand accomplissement.

Son discours dans le vestiaire après le NFC Championship Game est à ce titre évocateur : hurlant ses félicitations autour de ses joueurs ivres de bonheur, il donne un ballon aux deux coureurs, Todd Gurley II et C.J Anderson, et à son leader de ligne offensive Andrew Wihtworth, tous les trois auteurs d’un match énorme.

Banal en NFL ? Peut-être, mais pas à 33 ans après un match d'une telle importance, alors que deux joueurs de son équipe sont plus âgés que lui. McVay détonne à tous points de vue. Son énergie communicative - qui lui a valu d’avoir un ange gardien permanent sur le bord du terrain pour l’empêcher d’empiéter sur la pelouse - s’est contaminée à toute l’équipe.

Derrière une attaque portée par un jeu au sol explosif et une ligne offensive qui ouvre des brèches béantes, la menace est multiple. Brandin Cooks en profondeur, Robert Woods dans le slot ou encore les mains sûres du tight end Tyler Higbee lui offrent énormément de variation de “playcalling” (appel de jeux).

De quoi faire des Rams la deuxième équipe aux points marqués et yards gagnés en saison régulière. La défense, coordonnée par Wade Philips, devra dimanche montrer le même visage que pendant les deux premières joutes de playoffs.

Avec 299 yards encaissés en moyenne sur leurs deux matches face aux Dallas Cowboys et aux Saints de la Nouvelle-Orléans, les Rams ont le deuxième total le plus faible des douze équipes engagées. Souvent critiquée cette saison pour être bancale, la défense menée par Aaron Donald est enfin apparue au niveau que la présence de ces playmakers d’élite réclamait.

Un défi immense face à Belichick

Car dimanche, Sean McVay aura face à lui un autre prodige du coaching, sans doute le plus grand de l’histoire de la NFL : Bill Belichick. Face à l’homme aux cinq victoires en huit Superbowl avec les Pats, McVay souffrira d’un gros déficit d’expérience.

Se fera-t-il happer par l’enjeu d’un match qui n’a nul égal dans une saison ? Va-t-il perdre ses moyens face à un bulldozer presque inarrêtable, qui reste sur trois finales en trois ans ? On dit souvent qu’on ne gagne pas le premier Super Bowl qu’on dispute. Question d’enjeu, de pression, d’expérience donc. Mais Sean McVay ne fait rien comme les autres.

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