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"On est à la merci du moindre pépin" : face aux dangers du Mont-Blanc, les alpinistes racontent comment ils se préparent

Un homme s'est tué, jeudi, en descendant une pente du Mont-Blanc. C'est la huitième victime en moins d'un mois. Les autorités tirent la sonnette d'alarme : certains alpinistes ne seraient pas assez bien équipés.

Article rédigé par franceinfo - Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un alpiniste sur l'arrête des Cosmiques, dans le Massif du Mont Blanc. Image d'illustration. (MAXPPP)

8 victimes en un 1 mois. Sur les pentes du Mont Blanc, les accidents sont nombreux cet été. La faute, selon les autorités, à un équipement insuffisant des alpinistes. Pour tenter le mesurer, franceinfo a été à la rencontre des grimpeurs. 

Assis au fond du tramway du Mont-Blanc, Edvire et Victor, vérifient encore une fois leurs provisions. Ces deux touristes s'apprêtent à grimper jusqu'au refuge du Goûter, à 3 835 mètres d'altitude, à condition de ne pas avoir "de crampe", précise Victor. Tous les deux sont ultra équipés et portent de gros sacs à dos. "On n'envisageait pas de le faire sans matériel étant donné qu'on n'est pas suffisamment sportif pour envisager de le faire en une journée en courant", poursuit l'alpiniste au micro de France Bleu Pays de Savoie.

Les alpinistes sont-ils suffisamment équipés avant de s’attaquer au Mont-Blanc ? : le reportage de Pauline Pennanec'h (France Bleu Pays de Savoie)

Le matériel et la connaissance du matériel sont essentiels pour envisager une montée du Mont Blanc. La liste des morts continue de s'allonger. Jeudi 24 août, un traileur breton de 28 ans s'est tué dans une chute au niveau de la Grande Bosse sur la face nord. L'homme descendait en courant, sans crampons ni baudrier. C'est la huitième victime depuis le début du mois d'août. 

Le 17 août, le maire de Saint-Gervais, en Haute-Savoie -là où passe la "voie royale" d'ascension vers le Mont Blanc- a publié un arrêté à effet immédiat pour obliger les alpinistes à porter un équipement adéquat sous peine d'une amende. Selon France Bleu Pays de Savoie, le préfet de Haute-Savoie a répondu à l'élu dans une lettre datée du 22 août indiquant que, si "la légalité du texte est contestable", il ne saisira pas le juge administratif.

"Je vérifie tout le temps"

Erden, lui, a bien entendu les appels à la prudence. Pour s'élancer sur les pentes du Mont-Blanc, il a tout prévu. "Nous avons des bouteilles d'eau, à manger et tout l'équipement, dit-il. Je dois à tout prix être en sécurité. Je vérifie tout le temps. Je pense que ça ira." 

A côté, Bernard emmène son fils pour la première fois en montagne. Ce père de famille est un alpiniste de longue date et il connaît bien les risques. "Je comprends qu'on ait la curiosité d'y aller, c'est tellement facile de monter, dit-il. On ne s'aventure pas dans des endroits qu'on ne connaît pas sans avoir un guide avec soi." 

Il faut être équipé à minima parce que la météo change vite, parce qu'on est à la merci du moindre petit pépin. 

Bernard, alpiniste

"Les gens qui partent sans équipement suffisant, à mon avis, c'est qu'ils n'ont jamais été en altitude. Il faut être sportif et entraîné", estime un autre alpiniste du tramway. 

Savoir se servir du matériel

La montagne n'est pas dangereuse, ce sont nos comportements qui peuvent nous mettre en danger. C'est ce que répète inlassablement la Chamoniarde, la société de prévention et de secours en montagne. "Le matériel en montagne, c'est une chose, c'est important mais si on n'a pas les connaissances, on a beau avoir une corde et plein de choses, si on n'est pas encordé de la bonne manière, ça peut être catastrophique", souligne Océane Vibert, la directrice de la Chamoniarde. Il est aussi vivement recommandé de partir à plusieurs lorsque l'on décide de s'attaquer au Mont-Blanc.

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