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"On passe de 10 000 à 50 000 euros" de facture d'électricité : les salles de sport en souffrance face à la flambée des prix de l’énergie

Touchées par une spectaculaire hausse des prix de l’énergie, certaines salles de sport sont menacées de fermeture. Outre des économies, elles songent désormais à augmenter leurs tarifs.
Article rédigé par Antoine Beert, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les tapis de course d'une salle de sport pendant les années Covid, le 12 février 2021. (HALLDOR KOLBEINS / AFP)

Les salles de sport sont en souffrance. Comme les boulangers ou les petits commerçants, elles n'ont pas été épargnées par la hausse des prix de l'énergie, d'autant plus qu'elles se déploient souvent sur de grandes surfaces. "On passe de 10 000 € à 50 0000 € de facture d'électricité, en deux ans déplore Patrick Mazerot, directeur général de l'AppartFitness (108 structures en France) et vice-président du syndicat Active FNEAPL (Fédération nationale des entreprises des activités physiques de loisirs). C'est un vrai coup de marteau !", poursuit-il. Mehdi Mekedder, responsable de la salle Magic Form à Evry, a vu sa facture être multipliée par sept en un an, passant de 900 € en novembre 2021 à 7 000 € en novembre 2022. "On regarde les factures qui tombent, au début elles font un peu mal, on les accepte et on les met de côté c'est tout", glisse-t-il. Elle atteint même 9 500 € en décembre.

Un nouveau coup dur après la crise du Covid-19 

Une difficulté de plus pour le secteur, toujours confronté aux conséquences économiques de la crise sanitaire, au cours de laquelle les établissements avaient dû fermer avant de devoir appliquer des jauges. "Entre 6 et 8 % des 6 200 établissements français ont été placés en liquidation judiciaire", assure Patrick Mazerot. D'autres, nombreux, se trouvent dans une situation d'endettement. "D'après la dernière enquête effectuée auprès de nos adhérents, il y a près de 1 000 salles indépendantes qui se disent en danger", assure Virgile Caillet délégué général d'Union Sport & Cycle, premier syndicat patronal du secteur sportif, regroupant 2 500 établissements sportifs.

Les salles comptaient donc sur le redémarrage du marché pour retrouver les bénéfices. "Après onze mois de fermeture, le secteur a perdu en moyenne 30 à 50 % de son chiffre d'affaires", précise Patrick Mazerot. "On retrouvait une certaine dynamique, mais là, le coût de l'énergie, c'est vraiment le coup de grâce", se désole Virgile Caillet. En effet, la reprise de l'activité a coïncidé avec la hausse du prix de l'énergie, soit à partir d'avril 2022.

Depuis, il n'a cessé d'augmenter. "En 2022, le prix moyen du mégawatt-heure était entre 60 et 80 euros. En 2023, il est en train de passer entre 390 à 430 euros", constate le fondateur du groupe. "On se retrouve face à des tarifs indécents", appuie Virgile Caillet. Les gérants font face à une situation "ingérable" avec des factures "incompréhensibles et disproportionnées". "On ne peut pas augmenter notre chiffre du jour au lendemain alors qu'on sort d'une baisse et qu'on a des dettes supérieures à rembourser. Certains vont devoir mettre la clé sous la porte", craint le vice-président d'Active FNEAPL, qui réunit 1 700 clubs de fitness en France.

Vers une hausse des tarifs

Pour limiter la hausse de leurs factures et éviter une nouvelle vague de fermetures, les gérants tentent de réduire tant bien que mal leur consommation d'énergie. Les salles de sport ont adhéré au plan de sobriété énergétique, en réduisant la température ou en mettant en place des systèmes pour éclairer moins longtemps. "On a quand même une certaine limite. On a des clients qui viennent pour faire du sport dans de bonnes conditions, on ne va pas leur couper le chauffage", souligne Mehdi Mekedder. Pour privilégier le confort de sa clientèle, ce dernier redouble de vigilance sur toutes les autres dépenses.

Dans ses établissements, Patrick Mazerot sensibilise les abonnés pour faire des économies : "Tous les micro-détails sont importants. Nos appareils ont besoin d'alimentation électrique, alors on demande à ce qu'ils soient éteints après l'utilisation." Si ces actions permettent quelques économies, les salles de sport pourraient, malgré cela, rapidement procéder à un léger réajustement à la hausse de leurs prix d'abonnement. "Mécaniquement, on va être contraints et forcés d'augmenter de 5 à 10%, a minima, nos tarifs", déclare Patrick Mazerot.

Selon lui, il faudrait que son groupe arrive à baisser de 20% sa consommation d'énergie et à augmenter les tarifs de 10 %, pour qu'il n'y ait pas plus de pertes. Le constat est le même pour le responsable de Magic Form à Evry : "On ne peut pas, aujourd'hui, amortir cette hausse. On n'a pas encore augmenté les prix d'abonnements, mais on se doute que l'on va devoir y passer". Pour l'instant, les salles de sport continuent de puiser dans les réserves qu'il leur reste. "Le temps que la solution arrive, on va continuer à s'enfoncer", s'inquiète Mehdi Mekedder. 

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