On vous explique le projet de Super Ligue européenne, la nouvelle compétition que 12 grands clubs ont lancé
Plus qu'une révolte, une révolution est en cours dans l'histoire du football européen. Douze grands clubs, qui pèsent quarante succès en Ligue des champions à eux tous, ont annoncé la création de leur propre compétition. Une "Super Ligue" fermée qui viendrait concurrencer la plus prestigieuse des Coupes européennes dont l'UEFA a promis de sanctionner les participants dimanche dans un communiqué avant même l'officialisation. Voilà ce que l'on sait de cette nouvelle compétition qui pourrait débuter en 2022.
• Plusieurs mois (et années) de négociations
La Super Ligue européenne était jusque-là ce que l'on pourrait qualifier de "serpent de mer". La première évocation de cette nouvelle compétition remonte à 1998. La société Media Partners envisage à l'époque de regrouper les meilleures équipes européennes dans une Super Ligue alternative à la Ligue des champions. Le projet n'avait pas abouti, mais avait provoqué une réforme de la C1, qui avait notamment permis aux grands championnats européens d'envoyer non plus deux équipes, mais trois voire quatre clubs en Ligue des champions.
23 ans - et quelques réformes supplémentaires de la C1 - plus tard, plusieurs grands clubs européens se sont donc mis d'accord pour officialiser, ce dimanche 18 avril, la création d'une Super Ligue européenne, qui débuterait "aussitôt que possible". Les discussions s'étaient intensifiées depuis l'été dernier, dans le contexte de la crise économique découlant de la pandémie mondiale. Pour l'UEFA, qui devait annoncer une réforme de la C1 lundi 19 avril, il s'agirait d'une véritable trahison de la part de douze clubs qui participent régulièrement à la Ligue des champions.
• 12 équipes mènent la danse
Douze équipes ont déjà donné leur accord pour participer à cette Super Ligue européenne. D'une saison à l'autre, ces clubs seraient assurés de pouvoir participer à l'édition suivante. Un format intéressant pour ces équipes qui devaient jusque-là obtenir leur qualification en C1 via leurs championnats respectifs. Totalement convaincu par ce nouveau projet depuis plusieurs années, Florentino Pérez, le président du Real Madrid, a longtemps poussé pour la création de cette nouvelle Super Ligue. Très influent, Pérez avait déjà reçu une première ébauche du projet il y a quelques années, comme l'avaient révélé les Football Leaks.
Aux côtés du Real Madrid se trouvent donc onze autres clubs. Deux autres viendraient d'Espagne (FC Barcelone, Atlético de Madrid), six d'Angleterre (Arsenal, Chelsea, Liverpool, Manchester United, Manchester City, Tottenham) et trois d'Italie (AC Milan, Inter Milan et Juventus de Turin). Côté Real et Barcelone, un vote devrait être organisé auprès des socios pour obtenir l'accord d'une participation à cette compétition. Aucun club ne provient donc ni d'Allemagne, ni de France. Le Bayern Munich, le Borussia Dortmund et le Paris Saint-Germain semblent vouloir rester pour le moment en retrait, alors que huit autres places seront à pourvoir.
• Les clubs français en retrait
Ces derniers mois, plusieurs rumeurs évoquaient la présence du PSG et de l'Olympique de Marseille dans les clubs fondateurs d'une Super Ligue européenne. Ce ne devrait pas être le cas. Parmi les douze équipes qui ont déjà donné leur accord pour ce projet de nouvelle compétition, aucun club ne vient de France et de Ligue 1. Une annonce étonnante notamment concernant le PSG, qui s'affirme progressivement comme l'un des plus grands clubs de la planète. L'absence de Paris, comme du Bayern Munich, dans cette compétition serait une anomalie.
Mais rien n'est encore joué. Car cette Super Ligue européenne devrait se jouer à 20 clubs répartis en deux poules de 10. Il reste donc encore huit places à attribuer. Le PSG, tout comme l'OM ou l'Olympique Lyonnais, pourraient donc faire le nécessaire pour tenter d'obtenir un ticket pour le début de la compétition en 2022. Difficile à ce stade de savoir si les clubs qui se rattacheront au projet en cours de route verront leur place assurée d'une année sur l'autre dans la compétition. Pour l'instant, aucun de ces clubs français n'a fait de déclaration sur le sujet.
• Une compétition pour booster ses revenus
Si une partie des grands clubs européens semble déterminée à se détourner de l'historique Ligue des champions fondée en 1955, c'est parce que la Super Ligue pourrait leur assurer des revenus (beaucoup) plus importants. La reprise des discussions l'été dernier, dans le contexte actuel, est donc loin d'être anodine. En octobre dernier, Sky Sports estimait que plus de 6 milliards de dollars (5,1 milliards d'euros) seraient redistribués aux 20 clubs participants à la compétition. Soit trois fois plus que la Ligue des champions, qui ne distribue "que" 2 milliards d’euros chaque année aux 32 équipes prenant part à la compétition. Dans le communiqué annonçant la création de cette Super Ligue, les initiateurs annoncent que "en contrepartie de leur engagement, les clubs fondateurs recevront un versement en une fois de l'ordre de 3,5 milliards d'euros destinés uniquement à des investissements en infrastructures et compenser l'impact de la crise de la Covid-19".
Une manne colossale, à laquelle les clubs européens peuvent difficilement dire non après avoir subi des manques à gagner importants depuis maintenant plus d'un an. Reste dorénavant à savoir qui se chargera de financer la création et la mise en place d'une telle compétition.
• Un financement encore flou
Comment les grands clubs européens ont-ils obtenu la garantie de pouvoir lancer un tel projet de Super Ligue européenne ? Voilà la question qui reste pour le moment en suspens. Toujours en octobre dernier, Sky Sports estimait que pour créer cette nouvelle compétition, les clubs devaient trouver près de 6 milliards d'euros. Le média britannique évoquait alors la participation au projet de JP Morgan, la plus importante banque américaine. Une information corroborée par les dires du New York Times ce dimanche. Lundi 19 avril, l'établissement banquaire a confirmé son implication dans cette Super Ligue : "Je peux confirmer que nous finançons l'opération", a indiqué à l'AFP un porte-parole à Londres de la banque, ajoutant n'avoir pas d'autre commentaire à ce stade.
Il y a quelques mois, une source proche des discussions entre grands clubs européens nous évoquait la possibilité de voir un État et plus précisément l'Arabie saoudite se rapprocher du projet pour le faire décoller. Le Public Investment Fund (PIF), fonds public d'investissement du Royaume, essaie de s'impliquer dans le monde du sport et avait vu son offre de rachat du club anglais de Newcastle être refusée il y a près d'un an. Qu'il s'agisse du PIF ou d'un autre organisme, cette question du financement reste encore floue.
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