Paes: "Les JO 2016 ? Un bon cauchemar"
Ces événements ne représentent-ils pas un défi trop lourd pour une seule ville, un seul maire?
"C'est à la fois un rêve et un cauchemar, mais un bon cauchemar. C'est comme si on rêvait qu'on court un marathon de quatre ans, et qu'on arrive en sueur. Il est évident que c'est une responsabilité énorme, mais je pense que ces événements sont complémentaires. Du point de vue logistique, les JO représentent le plus grand défi. Et heureusement qu'ils arrivent en dernier. Rio ne va pas devenir un paradis et tous les problèmes ne seront pas résolus, mais la ville passe par un processus de transformation très intense".
Quelles sont les principales difficultés?
"Il manque encore beaucoup de choses, mais tout est déjà sur les rails, dans les délais, ce qui est le plus important. L'implantation de trois BRT (lignes spéciales de bus rapides), qui présupposent des expropriations dans les zones totalement urbanisées, la modernisation de la zone portuaire, la construction d'un Parc olympique: ce sont des projets monstrueux, d'une énorme complexité, au coût très élevé. Si ça n'a pas été simple pour Londres, qui avait beaucoup plus d'infrastructures que nous, imaginez pour Rio ..."
Quel est votre modèle de ville olympique?
Je dirais Barcelone, mais nous allons faire plus encore. Les JO de Barcelone (en 1992) ont profondément transformé la ville. Ici, nous allons aussi changer la qualité de vie des Cariocas. Aujourd'hui, moins de 20% d'entre eux ont accès à des transports modernes. Les autres passent leur vie à bord d'autobus dans des embouteillages. Dans quatre ans, plus de 60% des Cariocas auront accès à des moyens de transport à haute capacité" (train, métro, lignes rapides de bus, ndlr)."
Certains s'inquiètent de la capacité hôtelière, de la vétusté de l'aéroport de Rio ...
"Il y a un problème d'offre, mais nous y travaillons. Nous aurons 16.000 lits de plus, soit près du double de ce à quoi nous nous sommes engagés auprès du Comité olympique international. Nous allons aussi utiliser les motels (établissements discrets généralement réservés aux ébats amoureux, ndlr). C'est nouveau. Pour un couple de touristes, cela peut fournir une bonne occasion de nouvelles expériences... (rires). Quant à l'aéroport, heureusement, il va être privatisé (et modernisé, ndlr). Mais encore une fois, ce n'est pas l'événement même qui compte. Pour les 15 jours des JO ou le mois de la Coupe du monde, ça peut fonctionner. Le problème, c'est la vie de tous les jours, quand vous arrivez dans cette m... d'aéroport. Ma préoccupation, c'est ce qui restera après les JO."
En matière de sécurité, quels conseils donneriez-vous à une personne venue de l'étranger?
"En gros, les mêmes que ceux qu'on me donne quand je vais à Paris, toutes proportions gardées, car le taux de criminalité y est beaucoup plus bas. Je peux dire à un touriste de se promener en toute tranquillité sur les plages de Copacabana, d'Ipanema, dans les favelas de la zone sud et certaines de la zone nord. Mais attention, dans les faubourgs, vous pouvez vous faire agresser. Je n'aurais pas dit cela il y a cinq ans (avant la pacification progressive des favelas, ndlr)."
Beaucoup disent que le mythique stade du Maracana a tellement été rénové qu'il a perdu son âme...
"Moi aussi j'adore la nostalgie. J'ai celle du Rio des années 50, station balnéaire du monde, du Copacabana Palace et de ses stars. Le Maracana, je l'ai fréquenté toute ma vie. Mais il ne présentait pas les conditions adéquates de sécurité et de confort pour les spectateurs. On a préservé la caractéristique principale du Maracana, sa structure extérieure."
Et si le catholique et amateur de foot que vous êtes devait choisir... rencontrer le pape ou voir Neymar soulever la Coupe du Monde au Maracana?
"Ne me mettez pas mal avec le pape (rires). Mais bon, le Brésil doit absolument gagner cette Coupe. Et puis on aura les deux, le pape et Neymar avec la Coupe. J'espère juste que les Français ne nous gâcheront pas la fête cette fois-ci."
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