Paire manque l'occasion
Il y avait pourtant la place. L'accession à son premier huitième de finale de sa carrière en Grand Chelem était à la portée de la raquette de Benoît Paire. Sur ce qu'il avait montré lors des deux premiers matches et sur la lancée de sa demi-finale à Madrid, Kei Nishikori n'était pas un obstacle insurmontable pour le Français. Mais il aurait fallu montrer un tout autre visage. Car face à la tête de série n°13, "tombeur" de Roger Federer en 8e de finale à Rome, l'approximation qui a accompagné le jeu de Benoît Paire n'a pas pardonné. Et la raquette dont sortait tant de coups gagnants lors des tours précédents a fini brisée en morceaux après un accrochage avec l'arbitre Mr. Molina. Cet épisode en fin de deuxième set a été le symbole d'une partie pas du tout maîtrisée par le Français, face à un adversaire qui va disputer le quatrième 8e de finale de sa carrière en Grand Chelem, le premier à Roland-Garros.
Occasions manquées
Dès le début de la rencontre, le Français a paru emprunté. Ce revers à deux mains, d'habitude si perforant, était en rôdage, les amorties qui venaient mourir de l'autre côté du filet auparavant, échouaient cette fois du mauvais côté. Heureusement pour lui, le break concédé très tôt était annulé par la maladresse du Japonais qui commettait deux doubles-fautes pour permettre à Paire de recoller à 3-2. Ce cadeau aurait pu enfin lancer Paire. Mais c'est le Japonais, plus constant dans l'échange (7 fautes directes au 1er set contre 15 déjà pour le Français) qui bouclait la première manche, 6-3 en une demi-heure. Le break réalisé dans la deuxième manche (2-0) n'a été qu'une courte embellie dans la journée du Français.
Regard vide, il sentait le match lui échapper. Rattrapé par le Japonais, il a laissé éclater sa frustration sur sa première balle de set à 5-4 sur le service adverse. L'avertissement reçu puis le point de pénalité qui en a suivi l'a fait "dégoupiller". Résultat, une raquette "explosée" et le gain du set remis à plus tard. Le public français avait découvert un Paire rayonnant, elle voyait son autre visage. Râleur, colérique. Pourtant, il trouvait les ressources pour s'imposer au jeu décisif au forceps (7/4). Rageur au moment de regagner sa chaise, il ne profitait de l’élan et débutait la troisième manche par deux fautes en revers.
Paire cale, calvaire
Le tournant du match avait lieu dans la troisième manche. Menacé sur son service, le Français effaçait 3 balles de break à 3-2 avant de céder sur la quatrième. Déjà les premiers signes de fatigue pointaient le bout de leur nez. Les mains sur les genoux après un long rallye, il manquait de lucidité sur son amortie sur le point suivant qui finissait dans le couloir. Le Japonais menait désormais 4-2, puis 5-2. Pas dans son match mais pas décidé à en être sorti non plus, il s'offrait un répit en remportant tranquillement sa mise en jeu (5-3) avant de débreaker (5-4). Le Lenglen se prenait à rêver d'un retour, mais les travers tricolores n'étaient jamais loin.
Il torpillait tout seul son jeu de service suivant : un slice revers complètement raté finissait dans le filet et offrait une première balle de set au Japonais qui empochait la troisième manche sur une nouvelle amortie, plus balancée, que bien touchée du Français. Avec la tête des mauvais jours, la quatrième manche n'était plus qu'un calvaire pour Paire. Court (25 minutes) mais sec (6-1). La tête de série n°24 s'inclinait donc après 2h41 de match dans lequel il n'est finalement jamais vraiment rentré. Du point de vue du classement, cette élimination n'est pas honteuse (Nishikori est tout de même 15e mondial), mais sur la physionomie, elle pourra laisser des regrets au Français qui a beaucoup trop gâché (64 fautes directes au total) pour pouvoir espérer mieux.
Vidéo: la balle de match
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