Pays-Bas-Costa Rica, entre rupture et continuité
Un match à suivre en live texte illustré de photos prises en direct sur le terrain, ce soir à partir de 22h.
Louis Van Gaal est un Néerlandais, formé à l'Ajax Amsterdam de surcroit. Autant dire, un chantre du 4-3-3. Aux Pays-Bas, les sélectionneurs passent mais le système reste. Sauf que le nouvel entraîneur de Manchester United est aussi un homme pragmatique. Privé d'ailier de haut niveau à l'exception d'Arjen Robben mais doté de joueurs polyvalent, le "Pelican" s'est adapté. Sa jeune défense encore un peu tendre, il a opté pour 5-3-2 efficace pour bloquer les attaques adverses et jouer le contre, un domaine dans lequel excelle les deux flèches Robben et Van Persie. L'idole orange Johan Cruyff a eu beau élever la voix pour dénoncer un système où la sélection joue "contre-nature, trop bas" et délaissent le ballon à l'adversaire, les francs succès rencontrés en phase de groupes contre l'Espagne et le Chili ont donné raison à Van Gaal. En 8e de finale, l'ancien milieu de terrain a fait mieux encore. Son équipe bousculée par le Mexique, il a changé trois fois de dispositif tactique. Ainsi, Dirk Kuyt a joué arrière gauche, arrière droit puis avant-centre.
Kuyt: "Van Gaal, l'un des meilleurs tactiquement"
Certes, la blessure de Nigel de Jong en début de match a perturbé les plans du technicien hollandais. Mais c'est surtout sa science du jeu qui l'a poussé à ses ajustements. "Tactiquement, (Van Gaal) est l'un des meilleurs, peut-être le meilleur, a jugé Dirk Kuyt après la rencontre contre les Mexicains. Peu importe le système, les joueurs savent exactement quoi faire. Il nous avait prévenu avant le match que nous pourrions passer au 4-3-3 si nous étions menés 1-0." Ce qui est arrivé. Les Mexicains ayant pris le score en début de seconde période, l'Amsteldamois a replacé les siens dans leur organisation traditionnelle en faisant entrer Depay sur l'aile gauche (56e). Dans la foulée, les Oranje ont bénéficié de nombreuses occasions, sans parvenir à les convertir. Alors le futur Red Devil a profité de la seconde pause fraîcheur, à un quart d'heure de la fin du match, pour abattre sa dernière carte. "C'était évidemment un système que nous avions travaillé, avec (Klaas-Jan) Huntelaar et Kuyt comme pointes, a expliqué Van Gaal. Nous devions jouer de longs ballons en profondeur, avec ces deux joueurs proches du but et Robben et Depay sur les ailes." Avec quatre attaquants, les Néerlandais ont retourné la situation.
Opposés aux surprenants Costariciens en quart de finale, les vice-champions du monde pourront encore compter sur les inspirations de leur tableau noir vivant. D'autant qu'il sera privé de son pilier De Jong. "Le travail qu'abat Nigel est impressionnant. Si la défense est si solide et si mes attaquants peuvent parfois se permettre de délaisser leur travail défensif pour conserver de la fraîcheur, c'est grâce à lui", détaillait Van Gaal en guise d'hommage à son milieu défensif. L'autre problème pour les Oranje, dans le camp adverse cette fois, s'appelle Keylor Navas. En quatre matches, le gardien des Ticos n'a encaissé que deux buts et il a été élu deux fois hommes du match. "Je pense qu'il est l'un des meilleurs du monde", estime son sélectionneur Jorge Luis Pinto. "Leur gardien a été le joueur le plus important. Il a fait trois ou quatre arrêts de très haut niveau. Sans lui, le résultat aurait été autre", a pour sa part reconnu Fernando Santos, coach de la Grèce victime du Costa Rica en 8e de finale. Auteur de nombreux arrêts déterminants, dont le pénalty de Gekas lors de la séance de tirs au but, le portier de 27 ans a été essentiel dans le succès des siens.
Navas comme Gabelo Conejo
Une réussite qui n'est pas sans rappeler celle de Luis Gabelo Conejo, un de ses prédécesseurs dans les bois de la "Sele". Lors de la Coupe du monde 1990, il avait multiplié les arrêts en forme d'exploit, au point d'être désigné meilleur gardien de la compétition avec l'Italien Zenga par France Football. Protégés par leur infranchissable muraille (2 buts encaissés en 3 matches), les Costariciens n'avaient cédé qu'en 8e de finale. Cette fois, leur dernier rempart les a menés jusqu'en quarts. Contrairement à son adversaire, la sélection d'Amérique centrale n'a pas renié la recette de ses succès passés. Sur les épaules de l'une des révélations de la saison sous le maillot de Levante, les Ticos avancent sans crainte. "Ils sont favoris à cause de leurs antécédents. Mais dans un match tout peut arriver. Nous devons croire en nos chances, avec prudence et respect mais sans crainte", concède Navas.
Pour cela, les Ticos pourront compter sur leur gardien, peu impressionnant physiquement (1,85 m) mais doté d'excellents réflexes et d'un sang froid de reptile. "Il est explosif, rapide, bon dans les duels. Il n'y a pas beaucoup de joueurs qui possèdent ces qualités-là dans le football européen", analyse son glorieux prédécesseur Luis Gabelo Conejo. Dans tous les cas, la perspective de rallier le dernier carré d'un Mondial et un grand club européen l'an prochain ne monte pas à la tête de Keylor Navas. "J'ai travaillé humblement depuis toujours, où que je joue. Je suis très heureux qu'on reconnaisse mon travail. Ca me motive, ça me pousse à continuer, à ne jamais baisser la garde. C'est un moment incroyable. Je vis un rêve et je rends grâce à Dieu pour cela." Travail, humilité et talent, une recette éprouvée par le Costa Rica.
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