Pistorius va défendre sa thèse
Depuis lundi, le champion amputé qui a abattu sa petite amie Reeva Steenkamp en février 2013, dépose devant le tribunal. Il répond aux questions de son propre avocat, Barry Roux. Me Roux a d'abord cherché à brosser le portrait d'un jeune homme angoissé mais gentil. Puis, mardi, il lui a fait raconter la nuit du meurtre. Pistorius, en fin de récit, s'est effondré en sanglots dans son box, incapable de continuer.
Mercredi matin, Me Roux reprendra le fil de son interrogatoire. Mais il devrait ensuite laisser son client entre les mains du procureur. Et là, Pistorius peut s'attendre à être malmené. Gerrie Nel défend la thèse de l'assassinat. Il affirme que les deux jeunes amants se sont violemment disputés le soir du meurtre. Que Reeva, se sentant menacée, s'est réfugiée dans les toilettes. Et que Pistorius a tiré quatre balles à travers la porte en sachant très bien qu'elle était là.
A l'appui de sa thèse, les témoignages de voisins qui ont entendu les échos d'une dispute dans la soirée, puis des hurlements de femme juste avant les coups de feu. L'accusé devrait donc être interrogé sur certains points de sa version qui posent question. Il affirme notamment que, lorsqu'il a cru qu'un cambrioleur était caché dans les toilettes, il a crié pour lui demander de sortir de la maison. Pourquoi alors Reeva, qui était dans les toilettes, n'aurait-elle pas signalé sa présence?
Le récit passé au crible
Et s'il faisait trop sombre pour qu'il ne s'aperçoive pas de l'absence de Reeva dans le lit, pourquoi a-t-il raconté qu'il avait saisi un jean par terre pour cacher la lumière produite par la veilleuse bleue d'un appareil électronique? Comment encore expliquer les cris de femme entendus par les voisins puisque, dans sa version, Pistorius n'en fait état à aucun moment? Le long récit du champion paralympique sera ainsi passé au crible.
Pistorius a affirmé avoir été réveillé par la chaleur cette nuit-là. Il a, dit-il, paniqué après avoir entendu le claquement de la fenêtre de sa salle de bains puis de la porte des WC. "Je crois que c'est à ce moment-là que tout a changé", a-t-il commenté. "Ca m'a d'abord glacé. Il n'y a pas de porte entre ma salle de bains et ma chambre (...) juste un couloir. La première chose à laquelle j'ai pensé a été que j'avais besoin de m'armer et de protéger Reeva".
Imaginant le pire, il s'est emparé de son arme sous son lit, a chuchoté à son amie qu'il croyait dans son lit d'appeler la police, hurlé au présumé intrus de "dégager", puis progressé dans le couloir menant à la salle de bains, pistolet au poing, en équilibre sur ses moignons, terrorisé par l'agresseur fantôme capable de surgir sur lui à tout moment. Il s'est demandé "s'il y avait quelqu'un dans les toilettes, ou sur l'échelle qu'ils auraient pu utiliser pour entrer, ou s'ils étaient juste là derrière le mur", a vérifié la douche puis constaté qu'"il n'y avait personne dans la salle de bain". "Je ne savais pas où pointer mon arme (...) j'ai entendu du bruit venant des toilettes et avant de m'en rendre compte, j'avais tiré quatre coups de feu", a-t-il dit. De retour dans la chambre et ne trouvant pas sa compagne dans le lit, il a ensuite appelé à l'aide, puis défoncé la porte des WC avec une batte de cricket, pour découvrir le cadavre ensanglanté de son amie.
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