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Portrait d'Anne Frank détourné par des ultras de la Lazio : la polémique en quatre actes

Le club de la Lazio de Rome a fermement condamné les stickers détournant l'image de la jeune fille juive déportée pendant la seconde guerre mondiale, et collés dans le stade par des ultras. Le groupe de supporters, lui, dénonce "un théâtre médiatique". 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président de la Lazio de Rome, Claudio Lotito, dépose des fleurs devant la synagogue de Rome (Italie), le 24 octobre 2017. (ANDREA RONCHINI / NURPHOTO / AFP)

Le scandale dépasse les frontières italiennes. La police a ouvert une enquête, lundi 23 octobre, après que des supporters de la Lazio ont collé des stickers d'Anne Frank portant un maillot de l'AS Roma, leur rival historique, au stade Olympique. Cet acte antisémite a provoqué de nombreuses réactions. Franceinfo revient sur la polémique. 

Acte 1. Des supporters de la Lazio collent des autocollants d'Anne Frank

Des ultras de la Lazio assistent, dimanche 22 octobre, à un match de leur équipe fétiche, au stade Olympique de Rome, partagé entre la Lazio et l'AS Rome. Ce jour-là, ils occupent le virage des fans de leur rival historique, l'AS Rome, leur virage habituel étant fermé pour deux matchs après des cris de singes lancés pendant une rencontre début octobre. Ces ultras collent alors de nombreux autocollants, en particulier dans les toilettes, montrant Anne Frank, adolescente juive morte dans un camp nazi en 1945, avec le maillot de la Roma, dans un photomontage déjà utilisé en 2013.

Acte 2. La classe politique condamne le geste 

"Ce n'est pas du football, ce n'est pas du sport. Sortez l'antisémitisme des stades", réagit lundi Ruth Dureghello, présidente de la communauté juive de Rome, tandis que le ministre des Sports, Luca Lotti, dénonce des actes "très graves".

Mardi, le président de la République lui-même, Sergio Mattarella, appelle le ministre de l'Intérieur, Marco Minniti, pour s'assurer que les responsables seront identifiés et "définitivement bannis des stades". Utiliser l'image d'Anne Frank "comme signe d'insulte et de menace, outre que c'est inhumain, est alarmant pour notre pays, qui a subi la contagion, il y a 80 ans, de la cruauté bornée de l'antisémitisme", dénonce-t-il dans un communiqué.

"C'est incroyable, inacceptable, il ne faut pas le minimiser ni le sous-évaluer", insiste le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni, tandis qu'à Bruxelles, le président du Parlement européen, Antonio Tajani, répète que l'antisémitisme appartient "au siècle dernier".

Acte 3. Des mesures sont annoncées par le club et la fédération

Dépôt d'une gerbe de fleurs. Le président de la Lazio, Claudio Lotito, va déposer une gerbe de fleurs mardi à la mi-journée devant la synagogue de Rome. "Aujourd'hui, nous entendons réaffirmer notre position encore une fois avec ce geste clair et sans équivoque : personne ne peut utiliser la Lazio, insiste-t-il. La plupart de nos supporters sont avec nous contre l'antisémitisme."

Distribution d'exemplaires du "Journal d'Anne Frank". Mardi, les capitaines de l'Inter Milan et de la Sampdoria de Gênes remettent des exemplaires du Journal d'Anne Frank et de Si c'est un homme de Primo Levi, écrivain déporté à Auschwitz, à des enfants qui les accompagnent sur la pelouse de San Siro, avant le match avancé de Serie A entre leurs deux équipes. La Fédération italienne de football (Figc) décide également qu’un extrait de l'ouvrage devra être lu dans les stades avant chaque match de Serie A, B, C et le week-end prochain avant les rencontres des catégories jeunes comme amateurs.

Une visite du camp d'Auschwitz. Par ailleurs, le club annonce qu'à partir de 2018, il emmènera chaque année 200 jeunes supporters au camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz, où Anne Frank a été déportée avant de mourir à Bergen-Belsen.

Acte 4. Les ultras de la Lazio refusent de s'excuser

Mercredi, le principal groupe de supporters ultras de la Lazio Rome dénonce un "théâtre médiatique", annonçant qu'il n'ira pas à Bologne, où doit jouer son équipe dans la soirée. "Notre manière habituelle d'être supporters pourrait être aujourd'hui mal interprétée par ceux qui voudraient ensuite porter atteinte à la Lazio et à ses tifosi. Dans ce moment particulier, nous invitons tous les tifosi de la Lazio à essayer de ne pas prêter le flanc à de nouvelles instrumentalisations et à se souvenir que pour nous, la réussite de la Lazio est prioritaire", ajoutent les ultras.

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