Premier ambassadeur des Îles Féroé, le football reprend à huis clos ce week-end
Après plusieurs mois d'attente, la Premier League reprend enfin ses droits ce samedi. Pas le championnat britannique, encore suspendu en raison de l'épidémie du nouveau coronavirus, mais bel et bien le championnat de football des Îles Féroé, archipel de 50 000 habitants composé de 18 îles. Sur les terrains synthétiques et à huis clos se retrouveront aujourd'hui les dix clubs de la première division féroïenne, avec notamment la rencontre du champion en titre Klaksvík contre l'un des clubs de la capitale, le B36 Tórshavn.
Membre de la FIFA et de l'UEFA depuis la fin des années 1980
Considérées comme une province autonome du Danemark depuis 1948, les Îles Féroé comptent peu de sports représentant l'archipel à l'international. Les Féroé ne font pas partie du Comité international olympique (CIO) malgré des demandes répétées depuis 1984. Parmi ces sports où l'archipel voit ses athlètes le représenter à l'international, on compte ainsi le handball, la natation et le football, sport national au même titre que l'aviron. "Mais c'est vraiment grâce au football qu'on peut voir les Îles Féroé, que l'archipel peut se mesurer à d'autres grandes nations, mais aussi exhiber son drapeau", analyse Kévin Veyssière, fondateur du site FC Geopolitics.
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Membre de la FIFA depuis 1988 et de l'UEFA depuis 1990, les Féroé participent à toutes les campagnes de qualification pour la Coupe du monde, pour l'Euro mais également à la récente Ligue des Nations, au sein de laquelle elle évolue dans la division D, le niveau le plus bas. Pour la population de cet archipel, cette représentation propre d'une équipe nationale n'est pas anodine, alors qu'un premier pas vers l'indépendance avait été franchi en 1946 lors d'un vote que le Danemark avait décidé de ne pas prendre en compte.
Le football, "véritable ambassadeur" des Féroé
Rattaché au royaume danois depuis, une partie de la population féroïenne souhaiterait accéder à l'indépendance, même si cela peut paraître complexe en fonction de certains aspects : "Il y a une forte identité locale", explique Kévin Veyssière. "Mais ce qui bloque, c'est au niveau financier. Les Féroé espèrent pouvoir se détacher de la tutelle danoise grâce à leurs ressources pétrolières, mais celles-ci ne sont pas encore exploitées. Aujourd'hui, ils dépendent surtout de la pêche, et avant d'obtenir l'indépendance, ils doivent différencier leurs sources de revenus."
En attendant l'indépendance, le football est donc un bon moyen pour les Féroé de se montrer à l'international. Ce sport devient un "véritable ambassadeur" pour l'archipel, soutient le fondateur du site FC Geopolitics. Si le championnat local n'est que très peu suivi, les fans de football européens ont forcément ancré en eux l'image du drapeau des Féroé. Pour les supporters français, comment ne pas se souvenir de cette victoire des Bleus dans l'archipel le 13 octobre 2007 (6-0) ? Le quatrième but inscrit par Jérôme Rothen a, pendant de longues années, été le dernier but inscrit sur coup-franc direct par l'équipe de France.
L'exemple islandais en ligne de mire
En plus de se faire un nom, les Îles Féroé peuvent également compter sur des performances historiques pour marquer les esprits. Lors de la campagne de qualifications pour l'Euro 2016, les joueurs de l'archipel avaient ainsi réalisé un double exploit en battant deux fois de suite la Grèce, dont une victoire historique au Pirée (1-0) avant de s'imposer au match retour à domicile (2-1). Si les Féroé n'ont encore jamais participé à une compétition internationale, c'est grâce à ce genre d'événements que l'archipel cherche à affirmer son identité qui permet ensuite de justifier des velléités indépendantistes.
Pour continuer à développer son football, les Îles Féroé prennent notamment exemple sur leurs voisins islandais : "Ils développent des terrains synthétiques comme eux, mais également la formation des jeunes joueurs pour les envoyer dans des centres de formation en Angleterre ou aux Pays-Bas, même si leur système est moins performant que celui de l'Islande", explique Kévin Veyssière. De même, alors que les Islandais ont marqué les esprits lors de l'Euro 2016 sur les terrains mais également en-dehors grâce à des supporters déchaînés, les Féroé "ont créé un groupe de supporters qui marche pas mal. Les joueurs reconnaissent que le public est en feu", poursuit le fondateur du site FC Geopolitics.
Une bonne gestion de la crise sanitaire
Dépendants du royaume danois dans plusieurs domaines comme la défense, la justice ou encore les affaires étrangères, les Féroé ont été souverains dans la gestion de la crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19. Avec 187 cas recensés, l'archipel a très peu été affecté, mais a surtout fait parler de lui en raison du nombre de tests effectués. Comme le précise Sciences et Avenir, plus de 10% de la population a ainsi été dépistée contre le virus, une gestion qui s'explique par le passé de l'archipel. Selon le site spécialisé, une maladie virale avait ainsi touché le saumon au début des années 2000 et avait provoqué plusieurs épidémies successives dans l'archipel, et ce pendant plusieurs années.
Préparées face à type d'événements, les Féroé ont donc su prendre la mesure de la situation à temps pour contenir la crise, ce qui permet au championnat local de football de reprendre ses droits ce week-end à huis clos. Très peu mis en avant généralement, la Premier League féroïenne pourrait bénéficier d'une plus grande médiatisation en raison du contexte actuel, avec moins de dix championnats qui se déroulent actuellement dans le monde. Une manière de faire parler, à l'instar de l'équipe nationale, de cet archipel du nord de l'Europe.
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