Présidence de la FIFA : les huit candidats déclarés passés au crible
Michel Platini
Le Français a tout pour succéder à Sepp Blatter : une aura et une légitimité héritées de son passé de grand joueur, une expérience politique dans le football et un excellent bilan à la tête de l’UEFA. Tout ça en faisait le grand favori de l’élection, jusqu’à ce que la Commission d’éthique de la FIFA ne le rattrape suite à un versement jugé douteux de 1,8 millions d’euros émanant de la Fédération internationale. Elle a suspendu Platini de toutes fonctions officielles pour 90 jours et la candidature de l’ancien numéro 10 des Bleus a été mise de côté en attendant la fin de sa sanction ou un éventuel blanchiment en appel. Il sera alors temps pour la commission électorale de décider si oui ou non le Lorrain pourra se présenter. Mais l’UEFA s'est déjà prémuni en activant un plan B.
Gianni Infantino
C’est la surprise du chef. Après avoir apporté dans un premier temps son plein soutien à Platini, le Comité exécutif de l’instance européenne, qui réunit les 54 fédérations membres, a finalement choisi d’envoyer Gianni Infantino en deuxième rideau. Le secrétaire général de l’UEFA et bras droit de son président, rendu célèbre par sa participation aux tirages au sort de Coupes d’Europe, est un avocat de formation rompu aux mécanismes du football. Quadrilingue, Infantino dispose de l’expérience nécessaire pour représenter une alternative crédible.
Reste à savoir si ce proche de Platini, entré à l’UEFA au même moment, débarque dans la course pour concurrencer son patron ou pour seulement pallier une éventuelle défection. Dans le camp du Français, dont il n’est jamais fait mention dans les communiqués publiés par le Comité exécutif ou par Infantino lui-même, on s’est déjà forgé une opinion. "Michel Platini avait nommé comme bras droit à l'UEFA un manager, il se trouve que ce manager fait beaucoup de politique", a affirmé une source de son entourage à l’AFP. Ambiance…
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Cheikh Salman
Président de la Confédération asiatique depuis 2013, il a officialisé sa candidature ce lundi. Membre de la famille royale du Bahreïn, le Cheikh Salman est un fin connaisseur de la FIFA, dont il occupe actuellement un poste de vice-président. Mais ce désormais ex-soutien de Platini a un gros caillou dans sa chaussure : des organisations de défense des Droits de l’Homme l’accusent d’avoir joué un rôle dans la torture d’athlètes et de footballeurs lorsqu’il était président de la Fédération bahreïnie, en 2011. "Je ne peux pas nier quelque chose que je n'ai pas fait, a-t-il indiqué à la BBC, reprenant le refrain de la théorie du complot. Ces accusations ne me sont pas seulement nuisibles, mais me font mal." D’autant qu’elles pourraient lui coûter bon nombre de voix au moment du scrutin, notamment en Europe.
Tokyo Sexwale
Le Sud-Africain s’avance avec l’étiquette de représentant de l’intégrité dans ce scrutin. Ancien compagnon de cellule de Nelson Mendela et administrateur de la Fondation qui porte le nom de l’ancien président de l’Afrique du Sud, ce combattant de l’apartheid (62 ans) n’est pas issu du monde du sport. Cet homme d’affaires, qui a fait partie durant quatre ans du gouvernement de Jacob Zuma, jouit d’une excellente image loin des affaires du football. Ce qui pourrait à la fois lui permettre d’incarner le renouveau de la FIFA et lui poser problème pour convaincre les 209 fédérations membres de la Fédération internationale de lui faire confiance.
Mais attention, Sexwale n’est pas non plus un novice dans le football, puisqu’il a fait partie du comité d’organisation du Mondial 2010 et préside depuis cette année le comité de surveillance de la FIFA pour Israël et la Palestine. Bref, Sexwale ne manque clairement pas d’atouts dans sa manche et le fait qu’il ait réussi à réunir les 5 soutiens de fédérations pour se présenter est un signal positif pour la suite.
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Prince Ali
Le Prince Ali ben Al Hussein va retenter sa chance. Seul candidat à s’être opposé à Sepp Blatter lors de l’élection de mai dernier, le Jordanien (39 ans) peut s’enorgueillir d’avoir alors obtenu 73 voix, contre 133 pour le président sortant. Il avait ainsi réussi son pari d’emmener le scrutin dans un deuxième tour, même s’il s’en était retiré avant qu’il se déroule. Mais le président de la Fédération jordanienne et vice-président de la Fédération asiatique manque clairement de poids sur la scène internationale pour réellement influer sur les événements. La multiplicité des candidats pourrait en sus siphonner ses voix et lui faire perdre le crédit gagné lors de sa première tentative.
Jérôme Champagne
Cette fois, c’est la bonne. Après avoir échoué à réunir les cinq parrainages nécessaires pour se présenter en mai dernier, Jérôme Champagne en a compilé huit pour cette élection, "sur trois continents différents", selon son propre aveu, fait au Monde. Diplomate qui a évolué dans les sphères dirigeantes de la FIFA durant douze ans, le Français est un admirateur sans borne de Sepp Blatter. Il en a été le conseiller de 1998 à 2002 et pourrait bien payer cette proximité avec l’homme devenu le plus infréquentable de la planète football. Même s’il plaide pour la transparence et une refonte complète du système, Champagne aurait bien du mal à incarner la rupture avec un tel passé. A lui de tuer symboliquement le père dans les prochains mois pour se donner au moins une chance d’exister pendant la campagne.
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David Nakhid
Le Trinidadien fait partie des curiosités de l’élection. L’ex-capitaine de sa sélection nationale, pour laquelle il a disputé 35 matches et inscrit 8 buts, a officialisé sa candidature la semaine passée, annonçant avoir recueilli les parrainages de cinq Fédérations dont il ne souhaite pas dévoiler l’identité. Ce milieu de terrain, dont le parcours de joueur lui a permis de découvrir l’Europe (Waregem, Grasshopper), est un quidam dans le grand cirque de la politique. Voilà pourquoi il lui sera très compliqué de peser dans cette campagne.
Musa Bility
Le président de la Fédération libérienne, poste qu’il occupe depuis 2010, est certainement le candidat le plus obscur à se présenter sur la ligne de départ. Celui qui désire une scission totale avec le système actuel et ses dirigeants a pour lui d’être un opposant de longue date à Sepp Blatter. Mais cela lui a créé un certain nombre d’inimitiés au sein de la Confédération africaine de football. D’autant qu’il s’est aussi frotté directement à Issa Hayatou en votant contre le changement de règlement qui avait permis au président de la CAF de briguer seul un nouveau mandat en 2013. "Les gens savent que je suis audacieux, franc et très opiniâtre, disait-il en juin dernier. Je dis les choses comme elles sont, je ne recule pas et je pense que cela m’a apporté un peu de respect." Même si ce n’est pas toujours la meilleure manière d’aller loin en politique.
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