Cet article date de plus de trois ans.

Quand le pass sanitaire complique la rentrée des clubs de sport amateur

Les clubs de sport amateur, qui sortent de deux années compliquées en raison de la crise sanitaire, peinent à entrevoir une éclaircie en cette rentrée.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Un terrain de foot vide, symbole des difficultés des clubs amateurs à l'heure des réinscriptions lors de cette rentrée 2021.  (HELGE PRANG / GES-SPORTFOTO / AFP)

Il ne s'agit que de prémices car le mois de septembre, dédié aux inscriptions dans les plus de 160.000 clubs amateurs de l'Hexagone, ne fait que débuter. Mais les premiers signaux ne sont pas bons. "Là, clairement, c'est très morose", assure Brigitte Linder, la présidente de la fédération du sport en milieu rural qui regroupe près de 70.000 licenciés dans près de 7.000 clubs tous sports confondus. "Les tout derniers forums d'association montrent que c'est effectivement poussif", confirme un président de fédération, membre du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), qui souhaite garder l'anonymat.

Une tendance qui semble générale, et principalement due au pass sanitaire et à ses implications. Depuis le 9 août, les adultes doivent présenter un pass sanitaire pour intégrer un club de sport, un sésame qui sera obligatoire pour les 12-17 ans à partir du 30 septembre. Une mesure qui soulève parfois des réticences avec lesquelles les clubs doivent composer.

L'exception du volley-ball

Difficile de savoir précisément quel devrait être le niveau global de la perte d'adhésions, mais la présidente du CNOSF Brigitte Henriques, après avoir demandé un délai supplémentaire d'un mois pour le pass sanitaire des 12-17 ans, a déjà évoqué mardi lors d'un point presse une chute de près de 25% pour certaines fédérations, nuançant avec par exemple les 20% en plus pour le volley-ball. "C'est encore trop tôt pour faire un bilan", explique-t-on au CNOSF.

Mais l'inquiétude affleure de voir les clubs amateurs englués une nouvelle fois dans une autre année grise, incapable de retrouver leur niveau de pratiquants d'avant la pandémie. "Nous, on imagine un retour à la normale en 2024, pas avant", tranche la co-présidente de la fédération sportive et gymnique du travail (270.000 adhérents, 4.700 clubs) Emmanuelle Bonnet-Oulaldj, donnant une idée du chemin qui reste à parcourir.

"Entre ceux qui ne veulent pas se faire vacciner ou présenter de tests, les adhérents, mais aussi les salariés ou les bénévoles dans les clubs, le pass sanitaire va forcément compliquer les choses. On pense qu'on va perdre un bon tiers cette année", anticipe un responsable de club de tennis dans le Lot.

Sur une nouvelle chute d'adhérents liée au refus de vaccination, l'impact ne devrait pas être "si important", indique-t-on au ministère des sports, "ça risque d'être marginal, il faut juste regarder les chiffres de vaccinations qui progressent, y compris chez les jeunes. Mais en revanche nous avons clairement une problématique dans les quartiers dits sensibles où les taux de vaccination ne sont pas bons", ajoute-t-on.

Les clubs ont aussi à leur charge d'organiser les contrôles de leurs adhérents, ce qui n'est pas sans poser de problèmes. "C'est la responsabilité qu'on donne aux associations qui complique la donne. Il n'y a pas les moyens humains pour le faire", regrette un président de fédération souhaitant garder l'anonymat.

"C'est clairement un enjeu, les bénévoles ne sont pas formés pour ça et ne peuvent pas tout faire", renchérit Emmanuelle Bonnet-Oulaldj.

Un pass sport boudé

Or, les bénévoles sont les chevilles ouvrières des structures sportives, et représentent 85% du personnel des clubs amateurs. La très difficile mise en place du pass sport, cette allocation de 50 euros par enfant destinée aux familles (100 millions d'euros fléchés par l'Etat) qui perçoivent l'allocation de rentrée scolaire et qui n'a pour l'instant rallié que "50.000 clubs sur les 163.000 fédérés", selon Christian Dullin (fédération de rugby), membre du CNOSF, semble aussi un signal à prendre en compte.

"Le système mis en place est trop compliqué, pour certains bénévoles, c'est tellement compliqué qu'ils ne le font pas", explique un autre président de fédération. "Submergés, ils ont l'impression qu'on les abandonne", regrette Brigitte Linder.

Certains responsables de clubs se sentent également démunis face aux éventuelles conséquences du pass sanitaire, qui, pour certains, n'ont pas été anticipées.

"Les éducateurs qui ne veulent pas se faire vacciner, qui ne veulent pas faire de tests, qu'est-ce qu'on fait? Il y a aussi des menaces de prud'hommes pour des clubs, parce que des salariés ne veulent pas se faire vacciner. Ce sont des frais et l'Etat n'a pas réfléchi à cette problématique. Qui va prendre en charge les frais d'avocat?", s'inquiète Brigitte Linder.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.