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Quand Thierry Roland commentait "Séville 1982"

Une tribune de presse portant le nom de Thierry Roland va être inaugurée au Stade de France. Un peu plus de sept mois après le décès du célèbre journaliste sportif, le monde du football lui rend hommage. Et si cet hommage se déroule à l’occasion d’un France-Allemagne (alors RFA), ce n’est peut-être pas innocent.
Article rédigé par Romain Bonte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Lorsque l’on évoque les France – Allemagne, on pense aussitôt à la demi-finale de 1982, pour l’un des matches les plus mémoriaux de l’équipe de France. Tous ceux qui regardaient la rencontre devant leur poste de télévision se rappellent évidemment de l’attentat commis par le gardien allemand Schumacher sur le malheureux Battiston, et d’un scénario incroyable conclue par une défaite des Bleus aux pénaltys. Mais celui qui vous a fait vivre « Séville 1982 », n’est autre que Thierry Roland, en compagnie déjà de Jean-Michel Larqué.

Pour présenter l’adversaire de la France, Roland avait employé une formule bien à lui. « L’Allemagne, ce n’est pas l’Autriche, ni l’Irlande du Nord », ce qui ne souffrait d’aucune contestation possible !

Thierry Roland aimait surtout user des formules dont il avait le secret comme « petite faute, grands effets », au moment du pénalty accordé aux Bleus et transformé par Platini (27e).
A la manière d’un vrai supporter, il avait aussi souvent un joueur  dans le viseur, même parmi les Tricolores. « Il manque peut-être un peu de taille sur les balles hautes, mais sur les ballons en bas… », disait-il au sujet du gardien Ettori qui venait alors d’effectuer une belle parade.

"Il n'a pas fait le voyage pour rien"

« Ce n’est pas la vache qui est allée au taureau, c’est le taureau qui est allé à la vache », ironisait-il deux minutes plus tard d’une manière très imagée au sujet d’un contact rude du gardien allemand avec Amoros (30e).

Au moment du geste fou de Schumacher sur la tête de Battiston, Roland ne s’était pas tout de suite rendu compte du véritable attentat commis par l’Allemand. Il lâchait après avoir revu le ralenti « Ah il n’a pas fait le voyage pour rien », avant de s’en prendre à l’arbitre néerlandais M. Corver.

Puis le scénario du match a fait le reste, avec toujours, la voix si reconnaissable de Thierry Roland. Le « but extraordinaire » de Trésor, « les Français qui sont pratiquement en finale de la Coupe du monde » après le but de Giresse le laissait imaginer que les Bleus allaient en finale. Mais la réduction du score de Rummenige, le laissera presque sans voix. Inquiet depuis quelques minutes, il avait prévu alors l’égalisation de Fischer en glissant un « attention au centre ».

« Extraordinaire… Dur pour l’équipe de France », se contentait-il d’analyser à 3-3. Puis la terrible séance de tirs au but se terminait comme on le sait. « Ah c’est dur pour Bossis », a-t-il déclaré lorsque le N.4 des Bleus a raté son pénalty. « C’est la très dure sanction de ce match que nous ne sommes pas prêts d’oublier », avait-il enfin prédit avant de conclure très sobrement par « Ici Séville, à vous Paris ».

Thierry Roland ne savait pas encore que 16 ans plus tard, il allait vivre ce dont il avait toujours rêvé, avec la victoire des Bleus en finale de la Coupe du monde face au Brésil, concluant par cette phrase restée là encore dans les esprits : « Après ça on peut mourir tranquille, enfin le plus tard possible ».

Vidéo: Jacques Vendroux raconte l'histoire de cet hommage

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