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Quel bilan à la tête de la LFP pour Nathalie Boy de la Tour ?

A 51 ans, Nathalie Boy de La Tour a annoncé lundi ne pas se représenter à la tête de la LFP. Une décision qu’elle assure avoir prise avant que la pandémie du coronavirus ne mette à l'arrêt les championnats et cristallise les relations entre les dirigeants de clubs et les instances. Alors, après quatre ans de mandat, quel est son bilan ?
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
  (FRANCK FIFE / AFP)

Nathalie Boy de La Tour a été élue le 11 novembre 2016 présidente de la Ligue de football professionnel (LFP). A l’époque, son élection, pourtant remportée avec 94% des voix, a été une surprise. Alors que la LFP est en pleine vacance du pouvoir après la démission de Frédéric Thiriez, président historique après 14 années à sa tête, la Ligue est à la recherche d’un nouveau leader. En parallèle, les "grands" et "petits" clubs professionnels de football se déchirent au sujet de la répartition des droits TV. 

Un mandat surprise et des premières

Face au vide laissé par Thiriez, l’ex-sélectionneur des Bleus, Raymond Domenech, se porte candidat mais personne ne semble vraiment convaincu par l’idée. C’est à ce moment-là que le nom de Nathalie Boy de La Tour sort de l’ombre. Par le passé, elle avait déjà refusé plusieurs fois d’en prendre la tête. Cette fois-ci, elle se sentait prête.

Si peu l’attendaient à ce poste, celle qui devient la première femme élue à la tête de la LFP et qui a été la première à siéger au conseil d’administration de la LFP en 2013, parvient très vite à fédérer autour d’elle. "Elle a vraiment fait l’effort d’écouter les besoins de tous les clubs, même les petits, assurait en 2017 l’Américain Vincent Volpe, président du Havre, dans Le Monde. "Elle est là pour nous servir. Avant, on avait le sentiment d’être opposés." "C’est un élément modérateur qui calme les ardeurs de tout le monde. C’est une femme dans un monde d’hommes, ce n’est pas facile", ajoutait encore dans le même article Laurent Nicollin, président de Montpellier et membre du conseil d’administration de la LFP. 

Un rôle honorifique sur le papier, mais actif sur les dossiers 

Mais pour Nathalie Boy de La Tour, la tâche qu’on vient de lui confier s’annonce complexe dès son élection. En effet, au printemps 2016, les nouveaux statuts de la LFP sont ratifiés et lui octroient sur le papier un rôle plus honorifique que celui de son directeur général exécutif, Didier Quillot. Car un duo à la tête de la LFP, il s’agit d’une première. Mais si sur le papier son rôle a été un peu mis à l’écart, sur le terrain il n’en est rien. 

Alors que les relations étaient distendues entre la LFP et la FFF sous le règne de Frédéric Thiriez, Nathalie Boy de La Tour parvient à les resserrer. Quelques mois seulement après son arrivée, elle présente un plan stratégique ambitieux pour le football français pour la période 2017-2022. Une feuille de route du football professionnel avec cinq grands objectifs : la valorisation de la formation française, le développement à l’international, l’augmentation des recettes stades, le développement des relations avec les entreprises et les investisseurs, ainsi que l’amélioration de l’image du football professionnel.

Son plus gros succès a été l’augmentation des droits TV de la Ligue 1, avec plus d’un milliard par saison entre 2020 et 2024, soit une augmentation de 60%. Un joli coup pour la présidente de la LFP qui s’est conclu avec les Espagnols de Mediapro. Mais la pandémie du coronavirus a rebattu les cartes. Tout d’abord, parce qu’une grande partie des 400 millions additionnels sera utilisée pour commencer à rembourser le prêt garanti par l’État de 224,5 millions d’euros contracté par la LFP pour soulager à court terme les trésoreries des clubs. Il y a également des incertitudes très fortes autour de la saison prochaine et de l’accueil du public dans les stades et de possibles reports de matchs. 

Affaiblissement de la LFP

La crise du coronavirus a aussi mis en lumière un affaiblissement de la LFP. Même si Nathalie Boy de La Tour a été une présidente qui a fait bouger de nombreux dossiers, la Ligue a toutefois montré des signes de faiblesse. D’abord avec ce duo, mis en place juste avant son arrivée, avec Didier Quillot, directeur général exécutif. Ensuite, parce qu’elle s’est battue pour que la Ligue 1 se poursuive pendant la crise du covid-19. Mais le gouvernement a décidé de l’arrêter. Une décision, soutenue par Noël Le Gräet, le président de la FFF, que la LFP a dû accepter malgré son désaccord. 

Elle a dû également faire face à la création en septembre 2016 d’un syndicat patronal représentant les clubs de Ligue 1 dans les instances du football professionnel, le syndicat Première Ligue. Celui-ci a pour objectif de vouloir décider de manière indépendante et de se détacher de la Fédération française de football. 

La crise du coronavirus a "mis en lumière la lourdeur de la gouvernance"

La présidente de la LFP a également voulu s’attaquer à la transformation des instances du football français. La crise du coronavirus a "mis en lumière la lourdeur de la gouvernance" de celui-ci, constatait il y a un mois à l'AFP Nathalie Boy de la Tour, qui appelait à bouger les structures. "J'appelle à une réforme de la gouvernance depuis le début de mon mandat. La crise n'a fait que mettre en lumière la lourdeur de notre gouvernance, qui comporte un mille-feuille d'instances. Ce système ne nous permet pas d'être aussi agile et efficace qu'on devrait l'être. Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est définir avec les clubs, les indépendants, les familles, la Fédération, une gouvernance qui soit à la hauteur de la vision et des enjeux qui sont les nôtres."

Pour elle, il est nécessaire de revoir la gouvernance du football professionnel "dans son ensemble, pas uniquement celle de la Ligue". Même si elle souhaite aussi revenir sur la question du partage de la direction de la Ligue, elle qui a inauguré un nouveau modèle avec une gouvernance partagée avec Didier Quillot, le directeur général exécutif. "Il faut clarifier les rôles. On a besoin de revenir à un président qui choisit son directeur général. L'objectif est de redonner au président les pouvoirs les plus étendus pour représenter la Ligue et assurer la direction générale ou bien confier celle-ci à un directeur général qu'il désignerait."

L’homophobie dans les stades, point noir de son mandat

Mais son mandat a aussi été un peu terni par la question de l'homophobie dans les stades. En effet, en mars 2019, la ministre des Sports de l’époque, Roxana Maracineanu se dit choquée par les chants entendus dans les tribunes lors de matchs de football. Une déclaration que Nathalie Boy de la Tour tente de relativiser. Selon elle, ces chants font partie du "folklore du football" tout en précisant que "cela ne veut pas dire qu'ils sont acceptables mais font partie de l'expression d'une ferveur populaire qu'il faut prendre comme telle". D’ailleurs, la présidente de la LFP indique qu'elle préfère "sensibiliser avant de sanctionner". Des propos maladroits que la présidente de la LFP justifie en expliquant qu’ils ont été "mal interprétés". Elle condamnera par la suite ces chants homophobes et précisera que des sanctions ont déjà été prises contre des supporters homophobes.

La LFP a donc ensuite pris le sujet à bras le corps et le 26 mars 2019, elle annonçait la signature d’une convention de mécénat avec la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA), "pour intensifier la lutte contre toute forme de discrimination". La LICRA a notamment en charge la conception d'un formulaire de signalement des dérives, à transmettre à la LFP en lui notifiant les actions à mettre en œuvre en fonction des faits révélés.

Dans son bilan, il faut aussi retenir son engagement pour le football féminin. En mars 2019, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, elle annonce des actions destinées à promouvoir le football féminin. En avril 2019, elle a aussi annoncé la signature d'un partenariat avec le WWF France afin de sensibiliser les supporters à la protection de la biodiversité et inciter les clubs à réduire leur empreinte carbone. Forte d’avoir fait bouger plusieurs lignes dans le monde du football, le magazine Forbes l’a citée en juin 2019 parmi les 40 Françaises les plus influentes.

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