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Question sur les blessures des skieurs

Les blessures à répétition que viennent de subir les skieurs français ne sont pas sans poser quelques interrogations, sur les facteurs qui peuvent conduire à ses blessures. Sans occulter la nature même su ski, qui reste un "sport dangereux", le médecin des équipes de France, Stéphane Bulle n'en appelle pas moins à un "décortiquer scientifiquement" cette situation trop répétitive pour être totalement anodine.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Stéphane Bulle, médecin des équipes de France de ski, ici aux côtés de Tessa Worley (PHILIPPE MERLE / AFP)

Après les blessures qui ont affecté Worley, Rolland, Mougel chez les filles, Vaultier, Midol, Place chez les  garçons, comment est le moral des troupes à 40 jours  des JO de Sotchi ?
Stéphane Bulle: "Le moral est globalement bon. Les athlètes ne sont pas suraffectés  par ces blessures parce que beaucoup ont été blessés eux-mêmes et qu'ils savent que cela fait partie du ski. Il ne faut pas perdre de vue que le ski est un sport dangereux où on va très vite. Après, c'est vrai que cette année, on n'a vraiment pas de chance."

Y a-t-il une explication plus profonde à ces lésions en série?
SB: "On va devoir se pencher sérieusement sur ces blessures, les décortiquer pour voir si on ne trouverait pas un facteur commun qui pourrait les expliquer. Je ne suis pas du tout sûr qu'on en trouve un, mais il faut essayer. Mais le décortiquage qu'il va falloir faire est scientifique: il va falloir revoir les  images, en parler avec les coaches, les athlètes blessés... La réponse qu'il  faut qu'on donne aux athlètes doit être scientifique, ce n'est pas une réponse  de comptoir dont ils ont besoin. Mais il est  trop tôt pour donner un début d'explication. Je veux engager une vraie réflexion qui concerne les médecins, les  préparateurs physiques, la Fédération française, mais probablement aussi la Fédération internationale. Pour l'instant, on a le mauvais oeil à la fédération française, mais d'autres nations pourraient aussi être concernées."

Qu'est-ce qui pourrait être en cause? Le matériel, les tracés des  épreuves?
SB: "Ce serait bien si on pouvait rejeter la faute sur le matériel. Mais o  a du ski, mais aussi du skicross (Midol), du snowboardcross (Vaultier). Ca  touche beaucoup de disciplines. S'il peut y avoir une composante matériel, elle n'est donc pas unique. A mon avis, on est sur quelque chose de multifactoriel  et en tant que tel, c'est toujours beaucoup plus compliqué à étudier."

Quel impact peuvent avoir ces blessures sur le reste des athlètes?  Peuvent-ils ensuite gamberger ou hésiter ? 
SB: "Hésiter, je ne pense pas, très honnêtement. En équipe de France on a quand même de vrais pros. Quand vous hésitez dans un slalom, c'est un vrai problème pour y aller et prendre la pente. Mais je redoutais que ça les rende tristes. Heureusement, cette possible tristesse est atténuée par le fait que les athlètes blessés ne coupent pas le cordon avec le groupe. Par exemple, Marion Rolland est venue voir ses copines à Val d'Isère l'autre jour. Il y a une persistance de l'athlète au sein de son groupe et ça, ça aide. Maintenant, il va falloir que les filles se reconstruisent rapidement parce que Sotchi  arrive. Quant à leur capacité à rebondir, oui. Une fille comme Tessa Worley sait qu'elle peut revenir rapidement au devant de la scène comme Grange et Lizeroux après leurs graves blessures. Les  gens qui ne connaissent pas bien le ski ne se rendent pas compte de la prouesse qu'a réalisée Lizeroux d'être dans les 30 en deuxième manche de son premier  slalom de rentrée Tessa a dit elle même après sa blessure qu'elle  savait qu'elle pouvait revenir plus forte, et ça c'est important. Et c'est vrai: chaque fois qu'on remet un athlète sur des skis, on a l'impression qu'il  est plus fort.

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