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Racisme : Zvonimir Boban contre l'arrêt des matches

Le secrétaire général adjoint de la Fifa Zvonimir Boban, explique qu'il n'est "pas en faveur de l'arrêt des matches" en cas de comportement raciste, estimant que l'on ne doit pas "s'incliner devant quelques idiots". L'ex-vedette du Milan AC se dit par ailleurs "triste" de l'abandon du passage à 48 équipes dès le Mondial-2022 au Qatar et assure que la règle du hors-jeu ne sera "jamais changée", dans un entretien accordé à l'AFP.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
  (FABIO FERRARI / LA PRESSE)

La Fifa a renoncé à élargir à 48 équipes le Mondial-2022 au Qatar, êtes-vous déçu ?
Zvonimir Boban : "Je suis triste que nous n'ayons pas pu y parvenir. Mais comme l'a dit notre président (Gianni Infantino), nous avons essayé. Il y avait peu de temps pour y parvenir, avec beaucoup de complications logistiques et autres. Il est donc préférable d'avoir renoncé. Mais le projet n'avait qu'un seul but: le développement du football. On ne parle pas ici de business ou de raisons politiques, il était juste plus logique d'avoir 16 équipes en plus qui pouvaient rêver de se qualifier".
 
Un Mondial à 48 équipes, est-ce vraiment mieux que 32 ?
ZB : "Quand on fait quelque chose en plus grand, on peut toujours discuter de la qualité. Mais c'est une étape nécessaire. Le tournoi ne sera pas plus long et l'équipe victorieuse ne disputera pas plus de matches. Et 16 équipes de plus participeront à un tournoi qui marque l'histoire du football dans chacun des pays. En 2018, il manquait trois vainqueurs de compétitions continentales (Chili, Cameroun, Etats-Unis) plus l'Italie et les Pays-Bas... Un tournoi à 48 sera beaucoup plus attractif".

C'est également mieux pour le business ?
ZB :"C'est un effet secondaire. Mais ce tournoi (à 48) n'a jamais été pensé pour le business mais en priorité pour le développement du football. Si cela rapporte plus, où est le problème ? Beaucoup de fédérations vivent de l'aide de la Fifa et des confédérations. Notre but est donc aussi de créer un modèle économique. Nous devons être une entreprise orientée vers le business et cela ne devrait pas être critiqué car nous réinvestissons tout dans le football".

Vous prévoyez une Coupe du monde des clubs à 24 équipes, au moment où l'UEFA envisage une Ligue des champions avec plus de matches. La calendrier ne va-t-il pas être surchargé ?
ZB :"Il faut penser à tout le monde dans le football. Nous avons reconfiguré une compétition qui se disputera tous les 4 ans, sur 18 jours, à partir de 2021. La Fifa ne fera que couvrir ses coûts et l'argent reviendra aux clubs, avec une répartition qui doit encore être discutée. Les clubs participants recevront probablement une plus grande part, mais de l'argent ira aux clubs non participants, aux ligues et au développement du football féminin et des jeunes.

Pense-t-on à la santé des joueurs ?
ZB :"Pour les joueurs de haut niveau, c'est difficile de jouer tous ces matches. Mais cela ne concerne que 1 à 2% des joueurs. Certains clubs comme Barcelone, le Bayern Munich ou Manchester United ont les moyens de gérer le calendrier et peuvent aligner deux équipes différentes. Et en plus, notre proposition de Mondial des clubs tous les 4 ans permettra de diminuer de 48 à 31 le nombre de matches Fifa sur une période de 4 ans, ce qui fait 35% de matchs en moins".

Plusieurs changements sont intervenus dans le jeu, dont l'assistance vidéo à l'arbitrage. Votre prédécesseur Marco Van Basten voulait aussi réformer le hors-jeu...
ZB : "Cela ne figurera certainement jamais à notre agenda. Nous n'étions pas d'accord avec Marco, le hors-jeu ne changera jamais. Sans quoi, cela modifierait complètement le jeu et cela serait très étrange. Il y a eu d'autres changements récemment (remplacements, règles de la main...), des changements logiques. Cela protège le jeu".

Concernant les comportements racistes dans les stades, êtes-vous favorable à l'arrêt des rencontres ?
ZB : "Je ne suis pas en faveur de l'arrêt des matches, tout est une question d'éducation. Et nous avons besoin de l'aide des autorités. Il y a déjà un processus en trois étapes qui s'offre à l'arbitre. Mais je ne suis pas en faveur (de l'arrêt des matches). Si 25% d'un stade a un comportement discriminatoire, OK. Mais pour cinq personnes, pour trois mecs, on devrait arrêter le match et vider le stade ? Je n'y suis pas favorable. Je suis favorable à ce qu'on mette ces gens en prison, on ne peut pas arrêter le football comme ça ! Pourquoi devrait-on s'incliner devant quelques idiots ? Maintenant à cause de trois fascistes ivres, on devrait interrompe un match ? Ils devraient être évacués du stade et probablement aussitôt présentés à la justice... On doit s'inspirer de l'histoire: Thatcher a fait quelque chose de très bien ! L'Angleterre avait des problèmes avec ses hooligans, elle n'en a plus. Ils ont été bannis des stades, mis en prison immédiatement, leur passeport confisqué. Voilà les actions à prendre. Mais on a besoin de l'aide des autorités, la Fifa ne contrôle pas la police".

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