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Reportage On a assisté aux Mondiaux de boomerang près de Bordeaux

La compétition s'est déroulée du 17 au 25 août à Gradignan, en Gironde. Une centaine de lanceurs issus de treize nations y participaient.

Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Des lanceurs, dont la championne du monde Marie Appriou (à droite), aux Mondiaux de boomerang à Gradignan, le 23 août 2022. (ELIO BONO)

"Attention ! Boomerang". Au moins, le décor est planté d'emblée aux abords du Domaine de Moulerens. La pelouse jaunâtre de ce grand complexe accolé à la rocade bordelaise sert d'ordinaire pour le football ou le rugby. Elle a été réquisitionnée pour les Mondiaux de boomerang, du 17 au 25 août. "On a besoin d'espace pour lancer", sourit Michel Appriou, l'un des organisateurs de la compétition. Ce "passionné de tout ce qui vole" est l'une des figures phares du boomerang en France, discipline pratiquée par 200 licenciés.

A sa droite, des lanceurs s'exécutent et propulsent leur engin à 50 mètres au loin, à 130 km/h. Six épreuves sont au menu pour départager les participants. Pêle-mêle, ils doivent lancer le boomerang loin, haut, réaliser des figures, faire preuve de vitesse, de précision ou d'endurance. Le tout avec un engin adapté pour chaque épreuve et de nombreux déplacements. "Au bout de deux jours de compétition, on a mal partout", justifie la championne du monde Marie Appriou, fille de Michel.

Il existe de nombreux types de boomerangs, adaptés à chaque épreuve. (ELIO BONO)

Sur le terrain, le petit rien de quelques grammes s'en va puis revient dans leurs mains, presque mécaniquement. Ils sont Brésiliens, Français, Australiens ou Américains. Cette petite centaine d'amoureux du boomerang, de treize nationalités au total, étaient ainsi réunis à Gradignan. "Je suis allé jusqu'en Inde ou en Indonésie pour promouvoir mon sport !", raconte l'Australien Roger Perry.

En famille, l'amour comme un boomerang

A 67 ans, cet ancien du boomerang a le bout du nez peint de jaune. Il s'explique, hilare : "Je change de couleurs tous les jours, ça protège du soleil". Depuis les années 80, date des premières compétitions internationales, l'Aussie n'a raté que deux Mondiaux, qui ont lieu tous les deux ans. 35e de l'épreuve individuelle, le "deuxième lanceur le plus vieux" concourt avec des jeunes de quinze ans. Un côté familial pleinement assumé par le monde du boomerang. Au sens propre : entre deux annonces au micro, l'organisateur Michel Appriou n'oublie pas d'encourager sa femme Sonia ou ses filles Marie et Julie, engagées sur la compétition.

Roger Perry, 67 ans, est venu d'Australie. Il est le deuxième participant le plus âgé. (ELIO BONO)

La première, aînée de la famille et championne du monde en titre, a conservé sa couronne. Ses lancers cristallisent une partie de l'attention. Sur l'une des épreuves, l'endurance, Marie Appriou a cinq minutes pour lancer - et récupérer - son boomerang le plus de fois possibles. Son score ? "51, c'est mon record ! Allez, un pastis !", se marre la jeune Bordelaise. 

Cinq épreuves figurent encore au progamme ce jour-là, le passage en buvette attendra. "Mais une fois la journée finie, les lanceurs américains se ruent sur les bières", rigole une bénévole. Marie Appriou est acclamée après sa bonne performance. Sa famille et quelques amis l'entourent, mais la plupart des applaudissements proviennent... de ses adversaires. Qu'importe si, en même temps qu'ils l'encourageaient, ceux-ci arbitraient la prestation de la Française. "Ca m'aide à rester lucide", confirme-t-elle.

Une compétition entièrement amatrice

Ces moments de partage renforcent une ambiance "saine" pour une compétition entièrement amatrice. "S'il y avait de l'argent en jeu, il y aurait peut-être plus de tensions", poursuit Marie Appriou. Devant elle, quelques participants attendent patiemment leur tour, chapeau sur la tête, sur une chaise pliante de camping. Mieux vaut être téméraire pour supporter le cagnard girondin.

Les compétitions sont arbitrées... par les participants. (ELIO BONO)

Lucas préfère rester à l'ombre pour encourager un de ses amis. "Mais il a pris du retard, un léger accident de voiture l'a empêché de participer à la première épreuve !", taquine-t-il. A ses lunettes teintées et son bob Cochonou, on l'imaginerait pourtant davantage encourager Thibaut Pinot sur les pentes du Tourmalet.

Antoine et Lucas, deux jeunes spectateurs. (ELIO BONO)

"Sur une journée, on a enregistré pas loin de 1 000 entrées", détaille l'organisateur Michel Appriou. Un chiffre non négligeable, pour une discipline encore confidentielle, pratiquée par 200 personnes en France. "Les gens disent que c'est un sport de plage, on nous fait même des références au film 'Le Dîner de cons' !"  confesse-t-il, conscient que son sport reste une niche malgré le succès revendiqué de ces Mondiaux.

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