Roland-Garros : Gaston en haute altitude, Garcia et son contraire, Zverev et la torpille... le "Set à suivre" de la 8e journée
Gaston en (trop?) haute altitude
Après le Mont Blanc, voilà l'Everest pour l'alpiniste Hugo Gaston, novice total à ses altitudes mais apparemment pas du tout sujet au vertige. Le Toulousain a réalisé l'une des plus belles performances tricolores de ces dernières années en Grand Chelem en disposant de Stanislas Wawrinka au 3e tour. Peut-être plus que son tennis, c'est son attitude, pleine de maîtrise et de combativité, qui a impressionné. Malheureusement pour lui, il n'aura pas vraiment de répit. Face à lui, s'avance un Dominic Thiem plus monstrueux encore que lors des éditions précédentes. L'Autrichien était favori avant le tournoi. Ses trois premiers tours - particulièrement son dernier match face à Ruud - ont encore renforcé son aura. Il est celui qui a le plus impressionné, peut-être même un peu au-dessus du numéro un mondial Novak Djokovic.
L'opposition de style entre d'un côté, la puissance de Dominic Thiem, et de l'autre, le tennis malin de Hugo Gaston, vaudra quoi qu'il arrive le détour. Dans sa filière, l'Autrichien est intouchable pour le commun des mortels. La seule fenêtre possible est de l'en sortir. Il se trouve qu'Hugo Gaston a exactement la palette pour : belle main, sens de l'anticipation, créativité constante. Sur ce qu'il a montré au tour précédent, il peut parvenir à gêner l'Autrichien.
Si un Français est encore présent en quart de finale, c'est que Hugo Gaston aura réalisé l'un des exploits de la décennie pour le tennis tricolore.
Garcia face à son contraire
Si Caroline Garcia parvient à égaler son meilleur résultat à Roland-Garros (quart de finale en 2017), elle ne l'aura clairement pas volé. Non tête de série, la Francilienne a hérité d'un tableau dantesque, et toutes les joueuses dangereuses qu'elle devait au départ affronter ont répondu présentes. Après sa performance face à Anett Kontaveit au 1er tour, elle a dû venir à bout d'Aleksandria Sasnovich, puis d'Elise Mertens, l'une des joueuses les plus en forme du moment. Et voilà qu'Elina Svitolina s'avance en huitièmes de finale.
L'Ukrainienne est dans une de ses bonnes phases, comme celle qui l'a amenée à s'imposer au Masters féminin fin 2018 ou qui la maintient, régulièrement, parmi les membres du Top 5. Elle a remporté le tournoi de Strasbourg avant Roland-Garros, en y battant en finale Elena Rybakina, et en demies Aryna Sabalenka.
Mais malgré son CV bien plus reluisant, Svitolina ne partira pas forcément avec confiance. Les deux joueuses se sont jouées quatre fois, et les trois derniers matchs ont été gagnés par la Française. De la même génération, Garcia et Svitolina ont eu des trajectoires opposées, la première échouant à s'inscrire durablement au sommet mais remportant ici où là des succès prestigieux face à des cadors, la deuxième brillant par sa (relative) régularité mais ne parvenant pas à passer l'ultime pallier face aux joueuses les mieux capées. Cette discrète rivalité connaîtra probablement l'un de ses sommets ce dimanche : jamais encore elles ne s'étaient jouées en Grand Chelem.
L'insubmersible face à la torpille
Alexander Zverev ressemble à l'équipe d'Allemagne décrite par Gary Lineker, celle qui "à la fin" gagne toujours. Comme à l'US Open dans la plupart de ses matchs, on a longtemps cru que l'Allemand tomberait face à Pierre-Hugues Herbert. Et, comme à l'US Open, il s'en est sorti. Sans jouer son meilleur tennis, sans dégager une quelconque sérénité, mais toujours, à la bagarre, il est présent. Ses statistiques lors des matchs en cinq sets parlent d'elles-mêmes : il en est à 14 victoires pour 7 défaites, soit quasiment 70% d'issue positive.
Il n'a en revanche pas eu besoin de son instinct de matcheur pour sortir le talentueux Marco Cecchinato au 3e tour, balancé en trois sets. Son tennis a été limpide, maîtrisé, impressionnant. Quelle version de Zverev aura-t-on ce dimanche ?
Il vaudrait mieux que ce soit la deuxième, car Jannik Sinner, même à 19 ans, représente un vrai danger. Le vainqueur du Masters des jeunes en 2019 est sur une bonne dynamique après sa victoire contre Stefanos Tsitsipas (6e mondial) à Rome. Il a été expéditif lors de ses trois premiers tours face à David Goffin (!), Benjamin Bonzi puis Federico Coria. Son classement (75e) ne reflète clairement plus son niveau. L'Italien a passé un cap, et il voudra le démontrer face au 7e mondial ce dimanche.
Retour vers le futur pour Halep
Toutes ses futures adversaires sont prévenues : Simona Halep est prête à marcher sur ce Roland-Garros. Au tour précédent, la Roumaine a frôlé la cruauté face à la jeune Amanda Anisimova, en ne lui laissant qu'un petit jeu (victoire 6-0, 6-1). L'Américaine avait éliminé Halep lors de l'édition précédente en quarts de finale et il y avait certainement un goût de revanche dans l'air pour la numéro 2 mondiale.
L'issue sera très probablement différente ce dimanche. Son nom ne dit peut-être pas grand chose au grand public, mais Iga Swiatek est une terreur en devenir sur le circuit. Pour l'instant dans l'ombre de Cori Gauff ou de Bianca Andreescu, elle s'annonce comme l'autre membre d'une génération exceptionnellement précoce. Ses premiers matchs à Roland-Garros ont été impressionnants. La Polonaise a expédié la finaliste sortante, Marketa Vondrousova, 6-2, 6-1. Toujours en deux sets, elle a ensuite dominé Su Wei-Hsieh (6-1, 6-4) et la revenante Eugénie Bouchard (6-3, 6-2).
Même si Halep devrait passer, ce match vaut la chandelle, rien que pour assister à la rencontre du présent et du futur du tournoi.
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