Roland-Garros: la logique Djokovic ou la sensation Murray
Le meilleur joueur du monde peut-il perdre quatre fois la finale d’un même Grand Chelem ? La question concernant Novak Djokovic s’était déjà posée pour Bjorn Borg en 1981 lorsque la star suédoise s’était inclinée pour la quatrième fois en finale de l’US Open. Ces défaites répétées du sextuple vainqueur de Roland-Garros sur la terre de Forest Hill (1976) ou sur le ciment new-yorkais (1978, 1980, 1981) l’avaient empêché à deux reprises de viser le Grand Chelem que tous les observateurs lui promettaient.
Djokovic peut faire mieux que Federer et Nadal
Djokovic se trouve au devant de la même situation. Victorieux l’an passé à Melbourne, Wimbledon et New York, le Belgradois avait manqué la consécration suprême pour un match, la finale des Internationaux de France perdue face à un époustouflant Stan Wawrinka. Il sait pertinemment que ses chances de rejoindre Donald Budge et Rod Laver s’en trouveraient décuplées s’il venait à triompher sur la surface ocre parisienne.
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Egalement battu par Rafael Nadal (en 2012 et 2014) lors de ses deux précédentes occasions de conclure à Paris, Nole peut devenir ce dimanche le premier joueur à détenir les quatre levées du Grand Chelem depuis 1969 (Rod Laver) ! Ni Pete Sampras en 1994, ni Roger Federer en 2006 et 2007, ni Rafael Nadal en 2011 n’ont réussi cette performance. Novak Djokovic lui-même avait échoué dans son entreprise en 2011, toujours Porte d’Auteuil.
Le vrai Grand Chelem en ligne de mire
Le Serbe, qui marche –à distance respectable mais quand même- sur les traces de Roger Federer, le tennisman le plus titré de l’histoire en Majeurs, possède une occasion en or d’écrire un nouveau chapitre de sa légende, à 29 ans. Rattraper le Suisse et ses 17 sacres semble jouable quoique difficile, mais réaliser le Grand Chelem serait énormissime ! De même, "Nole", finaliste des six dernières levées du Grand Chelem peut espérer rejoindre, voire dépasser le maître qui, de Wimbledon 2005 à l'US Open 2007, a enchaîné 10 finales de rang !
La fenêtre de tir paraît idéale : Federer et Nadal forfaits, Djokovic a laissé son dauphin Murray sortir du tournoi son bourreau du printemps dernier. Pour beaucoup d’observateurs, Wawrinka était le seul à pouvoir contrecarrer les desseins du tyran ici. Les détracteurs de Djoko doivent désormais miser sur un autre cheval et ce n’est pas très rassurant vu les stats affichées par Andy Murray devant le numéro 1 mondial. Le Britannique est largement mené dans leur face à face (23-10, 7-2 en Grand Chelem, 4-2 dans les grandes finales). Il a surtout perdu 12 des 14 dernières confrontations dont la finale de l’Open d’Australie en trois sets en début de saison (6-1, 7-5, 7-6).
Murray, 22% de réussite en finale de Grand Chelem
Maintenant, le champion olympique en titre a des arguments à faire valoir. D’abord, il s’améliore chaque année sur terre : demi-finaliste à Monte Carlo (contre Nadal), finaliste à Madrid (devant Djokovic) et vainqueur à Rome en prenant sa revanche sur le Slave, Andy Murray présente un bulletin flatteur avant de disputer sa première finale au French. En gagnant ce dimanche, il réussirait une prouesse digne de ses années Lendl (succès sur Djokovic à l’US Open 2012 puis à Wimbledon 2013) et se positionnerait à son tour en potentiel lauréat des quatre Majeurs (exploit réalisé par Laver, Agassi, Federer et Nadal dans l’ère open), au même titre que son rival alors qu’il possède un bien moins bon ratio dans les finales de Grand Chelem (2/9 contre 11/19).
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Cette finale Djokovic-Murray, la 7e entre les deux hommes nés à une semaine d’écart, montera sur le podium des affiches les plus disputées le dernier jour en Grand Chelem (à égalité avec Nadal-Djokovic, juste derrière Federer-Nadal, 8). Espérons qu’elle ne sera pas à sens unique mais à la hauteur de leur demi-finale 2015 où l’Ecossais avait poussé le Serbe au cinquième set. C'est fort possible pour peu que Murray serve bien et qu'il arrive à casser le rythme infernal mis par Djokovic dans chacun de ses matches. Une chose est sûre, le lauréat de cette édition rentrera dans l’histoire : aucun Britannique n’a gagné Roland-Garros depuis Fred Perry en 1935, et aucun Serbe n’y a jamais triomphé.
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