Roland-Garros : le défi tactique que Federer ne relèvera probablement jamais contre Nadal
Nadal sur terre battue, et a fortiori à Roland-Garros, est-ce là l'équation insoluble de la carrière de Federer? Il y a trois ans, la question n'aurait même pas mérité d'être posée. Rafael Nadal menait alors 23-10 dans leurs confrontations et il était évident que l'Espagnol avait le jeu pour faire dérailler le génie de Federer. Mais depuis quelques années, le Suisse s'est inventé une nouvelle palette tactique. Un plan anti-Nadal : de l'attaque à outrance, une prise de balle tôt côté revers, frappé à plat (grâce notamment à une nouvelle raquette, avec un tamis plus grand). Son bilan depuis l'Open d'Australie 2017 face à Nadal ? Cinq victoires, zéro set perdu. La recette s'est donc révélée plus qu'efficace. Pourtant, ce vendredi, le Suisse a tout simplement été incapable de reproduire ce plan de jeu.
Sur terre, son revers à plat fait moins mal
Sur plusieurs séquences, on a vu le Suisse tenter de rentrer dans le terrain. Notamment sur les secondes balles de Rafael Nadal. Un pas dans le terrain, peut-être quelques centimètres plus loin qu'il y a dix ans. Une frappe sèche, à plat, à des années-lumières de ses retours chopés jonchant ses matches contre Nadal auparavant. La balle était souvent profonde, bien placée... mais Nadal était dessus. Toujours. Sur terre battue, l'Espagnol a le temps. Et le temps est fatal pour un joueur comme Federer qui cherche à tout prix à en enlever à ses adversaires.
Dans le jeu en revanche, donc hors séquences de service ou de retour, Federer n'a jamais pu se montrer aussi offensif qu'il ne l'a été lors de ses derniers matches face à Nadal. Comme à chaque fois contre l'Espagnol à Roland-Garros, il s'est enfermé dans des schémas de jeu mortifères pour lui.
Federer est beaucoup monté... mais a peu varié
"Je ne sais pas ce que j'aurais pu faire vraiment différemment... Peut-être que mon service n'a pas fonctionné comme je le voudrais. Je n'ai pas réussi à accélérer le rythme", a analysé Federer après le match. Il n'a effectivement pas réussi à placer de coup d'accélérateur. Plus globalement, il n'est jamais parvenu à varier son jeu, et à dicter le rythme des échanges. Il a bien tenté quelques amorties, mais elles étaient suivies par de trop timides montées au filet.
Comme s'il avait encore en tête, malgré ces 6 années qui le séparaient de son dernier match contre Nadal sur terre, tous les blocages qui ont pollué ses rencontres face à l'Espagnol. Depuis quand n'avait-on plus vu un Federer si frileux ? Certes, lui l'explique par le vent : "Aujourd'hui, on était juste contents de mettre la balle dans le terrain et de ne pas avoir l'air ridicule. C'était très difficile pour nous deux. C'était plus une question de jeu de jambes ou d'état d'esprit que de tactique".
Résultat, Nadal a tranquillement pu mettre en place son travail de sape. Il n'y a qu'à voir le pourcentage de première balle de Federer pour s'en rendre compte : 80% dans le premier set, 52% dans le deuxième et... 37% dans le troisième. Plus le match avançait, plus Federer s'étiolait, et plus Nadal brillait. A Roland-Garros, bien plus qu'ailleurs, l'histoire se répète, quelles que soient les ambitions tactiques du Suisse.
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