Roland-Garros : Le rêve de Nicolas Mahut s'envole
Pour sa 17e participation à Roland-Garros, le joueur de 37 ans sait encore faire vibrer le public parisien. En se hissant au troisième tour pour la troisième fois de sa carrière (après 2012 et 2015), l'Angevin avait démontré qu'il était encore capable de belles performances, comme face à Cecchinato au premier tour. En grande confiance, et visiblement libéré, il joue depuis quelques semaines son meilleur tennis sur terre battue.
Et qui aurait cru le voir à ce niveau de la compétition il y a encore dix jours, lorsqu'il souffrait tant du dos ? Invité par les organisateurs, il avait même songé à renoncer… Après deux tours de magie, cette rencontre face à Mayer tombait presque comme un cadeau. Les conditions étaient idéales, le soleil sans la canicule, un magnifique court Simonne-Mathieu dont il dit être tombé amoureux, des spectateurs acquis à sa cause et un adversaire qu'il avait battu une fois en autant de confrontation en 2013 à Metz.
Un début de match parfait
Six ans plus tard, donc, alors qu'une grande partie des joueurs de son âge ont pris une paisible retraite, lui poursuit son petit bonhomme de chemin. Breaké à 1-2, le Français a su prendre les risques qu'il fallait pour inverser la tendance. Comme lors de son match précédent face à Kohlschreiber, ses retours puissants et sa variation de jeu, surprenaient l'Argentin, qui multipliait les fautes directes. Et lorsqu'il se retrouvait en difficulté sur son service, il claquait un ace et finissait par remporter le premier set 6-3 en 37 minutes.
Son dos endolori l'obligeait toutefois à faire appel au kiné pendant la pause. Le 252e joueur mondial repartait au front. L'Argentin commençait à muscler un peu son jeu et se procurait deux balles de break. Mais le public lançait quelques "Nico" et le Français reprenait l'ascendant face à un adversaire qui, il faut bien le dire, lui offrait toujours autant de cadeaux (3-3)… Mayer qui menait pourtant 0-40 sur le service du Français, enchaînait toujours plus de fautes directes, en revers comme en coup droit et ratait encore l'occasion de prendre le dessus.
Diminué physiquement
Le 68e joueur mondial pouvait en revanche compter sur un service affichant les 211 km/h pour rester dans le match. C'était plus difficile de tenir son service pour Mahut mais, tenace et soutenu par le public qui scandait son prénom, il arrachait le droit de disputer le jeu décisif. Moins frais physiquement, moins lucide, Mahut lâchait quelques coups à plus d'un mètre du court. Rapidement mené 5-1, il cédait ce deuxième set 7-6 (3) après avoir bataillé 63 minutes.
Face à un joueur de cinq ans son cadet (mais tout de même âgé de 32 ans !), l'Angevin tentait de garder du mieux que possible son service. Sans se montrer vraiment entreprenant, son adversaire restait dans son match et finissait par breaker à 5-4. Et avec 82 % de points gagnés sur son premier service, l'Argentin remportait ce troisième set face à un Mahut fébrile.
Cruels tie-breaks
Alors que l'ombre envahissait le court les deux hommes poursuivaient leur lutte. Mayer se montrait toujours aussi solide sur son service, tandis que le Français enchaînait les points à la volée. Après un peu plus de trois heures de jeu, aucun d'entre eux ne cédait son service. 4-4, 5-5, puis 6-5 pour Mahut qui était toujours gêné par son dos et 6-6 pour le natif de Corrientes.
Ce nouveau tie-break débutait très mal pour l'Angevin, handicapé par son dos et mené 5-0 sans avoir vraiment pu trouver la faille et s'inclinait finalement 7-3. Auteur d'un superbe parcours, il lâchait prise et versait quelques larmes, réconforté par son fils qui le rejoignait sur le court. Le public et son adversaire (les yeux rougis) l'applaudissaient, bien conscients qu'il n'était pas passé si loin d'un nouvel exploit.
Après son match, Mahut s'est montré indécis sur son avenir à Roland-Garros. "Je ne sais pas si c'était mon dernier match à Roland mais si c'était le cas, j'ai fini Roland-Garros d'une belle manière. Je voulais, quoi qu'il arrive cette année, sortir du terrain la tête haute en donnant tout", a-t-il ajouté.
"Aujourd'hui, il y a un peu de tristesse parce que je sentais que le tennis, je l'avais, j'ai peut-être rarement joué comme cela au tennis ici, à Roland-Garros, et je sentais que le niveau de jeu, j'étais capable de faire quelque chose aujourd'hui et mon adversaire était fort", a convenu le Français. Ce dernier a également admis que son corps l'a "un petit peu lâché sur ce match. Je lui en demande déjà beaucoup. Je ne vais pas être trop sévère", a ajouté le doyen des Français en activité.
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